Vallès Jules
Publié le 08/04/2013
Extrait du document
« Il avait du talent, ce Vallès d'avant la Commune, un talent sans souplesse, sans imagination, d'un dictionnaire très restreint, où les mots " drapeaux, guenilles, baïonnettes " revenaient à tout propos pour donner un faux élan à la phrase, mais avec cela une façon très personnelle de voir et de dire, une certaine férocité joyeuse, de l'esprit bien à lui, et suffisamment de littérature. « Alphonse Daudet, Lettres à un absent, Paris, Lemerre, 1871.
«
rage et d'impuissance du
coup d'État.
Il éprouva
alors le sentiment d'appar
tenir à « la génération la
plus maltraitée de l'histoi
re ».
Il connut quelques
années de misère véritable,
vivant d'expédients et
pratiquant les métiers les
plus divers et les plus
bizarres : professeur libre,
chroniqueur de Bourse, ex
péditionnaire ...
En 1857,
son premier livre, L' Argent,
attira sur lui l'attention, en
raison de la virulence de sa
préface.
Ce succès, dû à
la curiosité, lui ouvrit les
colonnes des journaux pari
siens.
Sa voie était trouvée ;
Caricature des
éditeurs de trois « Peuple ,.: Duvernois (Le Peuple politique),
Proudhon
(Le Peuple de 1848)
et Vallès (Le Peuple
littéraire)
il fut l'un des plus remarquables
journalistes de son époque, et tout
d'abord un journaliste d'opposition
à l'Empire.
Dans de nombreux
journaux, et notamment dans un de
ceux qu'il dirigea, La Rue , il se
signala par son ardeur et
son talent.
Son audace et
son franc-parler lui valurent
de fréquents démêlés avec
la censure et plusieurs sé
jours en prison.
Ses articles
furent réunis dans deux
En 1885, les frères Ballerich, excédés par un article sur l'assassinat de leur mère paru dans Le Cri du peuple, journal de Jules Vallès, tentent de se faire justice en
attaquant les rédacteurs
mais, se rendant compte que le
conflit est inévitable, il le dénonce
dans son journal, Le Cri du peuple.
Devenu un des chefs de file de
l'insurrection, il resta jusqu'au bout,
pendant la Semaine sanglante , à
combattre sur les barricades du
x1e
arrondissement.
Ayant été condamné
à
mort , il dut s 'enfuir et gagner
Londres, où il gagna sa vie en
écrivant pour des journaux parisiens,
en particulier Le Siècle .
C'est là qu'il
termina L'Enfant (1881) et rédigea
Le Bachelier (1881) .
Il rentra à Paris
en 1883, trois ans après l'amnistie
générale .
Il publia de nouveau Le
Cri du peuple , dont les colonnes
accueillirent les revendications
populaires les plus radicales.
Lorsqu'il mourut à Paris, en 1885,
on fit à ce partisan passionné de la
cause du peuple des funérailles à la
fois
împosantes et houleuses.
Son
œuvre, qui a été lue par des généra
tions d'adolescents,
sa vie passion
née,
en font, malgré ses violences, un
des auteurs les plus attachants du
XIXe siècle.
· volumes : Les Réfractaires
en 1866 et La Rue en 1867 ,
ce qui renforça encore sa
réputation de polémiste.
Un écrivain engagé
I
l fut de toutes les mani
festations qui précédèrent
la Commune, et, lorsque
celle-ci se déclencha,
il fut élu dans le
:xve arrondissement.
Al' Assemblée,
pour sauvegarder la paix sociale, il
conseille l'entente entre les classes ,
NOTES DE L'ÉDITEUR
« La révolte est tellement fondamentale
chez Vallès
qu'on a pu l'identifier à elle.
Pourtant, ce révolté
n'a rien de maladif.
Il éclate au contraire de santé et de vitalité ,
il a de la fougue, le goût de la proue sse
physique et son style a du muscle.
Vallès
n'e s t pas non plus un intellectuel.
L'attitude d'opposition, l'action
révolutionnaire ne prennent pas appui sur
une analyse économique ou politique : elles
Maison où mour.ut Jules
Vallès en 1885, à Paris
sont élan du cœur et répondent à un besoin
de solidarité , de liberté, de chaleur humaine
et de spontanéité que son éducation n'a
pas permis de satisfaire.
Il se méfie des
doctrines et des doctrinaires, encore plus
des dogmatiques et des pédant s : sa révolte
est instinctive, généreuse et globale.
Seul
Proudhon l'a marqué, encore n'en a-t-il
retenu que ce qui va dans le sens de se s
propres ex igences.
Parce qu'il ne
s 'embarrasse pas de théories et refuse
l'abstraction, il a le goût du concret et du naturel
: la fréquence des images tirées
de l'expérience quotidienne et des thèmes
en rapport avec elle, l'importance des
sensations dans son œuvre révèlent une
extrême sensibilité
à l'aspect extérieur des
choses et des êtres , à la présence du monde
et
à sa saveur.
La référence au concret
permet d'heureux effets de décalage et
sert
à la démystification du verbalisme et
de
l'enflure.
» Pierre Pilu, Encyc/opaedia
Universalis.
1 Edimédia 2 gravure de Bertall / LallrOS-Giraudon 3 caricature de A.
Gill/ coll.
Viollet 4 gravure de H.
Meyer/ coll.
Viollet 5 Harlingoo-Viollet VALL~OI.
»
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