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Le Horla: Maupassant (résumé & analyse)

Publié le 25/11/2018

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Le Horla

 

Les deux versions du Horla, celle du 26 octobre 1886 et celle du 25 mai 1887, montrent son importance. Avec le remaniement, c’est la portée de l’œuvre qui a évolué; la seconde version accentue le caractère fantastique en modifiant le point de vue : plus de médecin, plus d’auditeur, plus de neutralité bienveillante; le lecteur est projeté d’emblée dans la lecture d’un journal intime qui lui présente les mêmes faits que le Horla de 1886, mais dans une version plus intériorisée puisque, selon Todorov, l’utilisation du «je » suggère l’identification du lecteur avec le narrateur. Le changement d’optique ou de narration, en supprimant la conclusion de type merveilleux (croyance en une sorte d’extra-terrestre dominateur), au profit du pur fantastique, a transformé radicalement, comme l’a montré André Vial, la finalité du conte. Le nouvel éclairage tient aussi à une différence de structure, et Marie-Claire Bancquart a mis en évidence la « symétrie décalée » qui régit la seconde version, où l’on voit le journal à la date du 2 août reprendre ce qui a été dit à celle du 8 mai, sans présenter la même « résistance à l’invisible ». Dans le Horla de 1886, où le médecin joue un rôle de garde-fou, le récit est encadré par des épisodes qui apportent une caution scientifique au discours en discréditant l’hypothèse de la folie, aboutissant, selon la formule de Louis Forestier, à une sorte de « messianisme à rebours ».

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« cours de Charcot sur l'hystérie.

il s'intéressait à l'hypno­ tisme et au magnétisme (le nom de Mesmer est cité dans le Horla).

Qu'est-ce que le Horta, cet être qui apparaît progressi­ vement comme source d'effroi et de dévoration? Marie­ Claire Bancquart a repéré les appellations successives de cette présence : «on, l'être invisible, le Horla, celui que la terre attend >> ...

Mais ce défini reste à jamais indéfini, et la nomination ne renvoie qu'à une absence de support référentiel.

On a proposé plusieurs origines du nom « Horla >> : génitif de Oriol, dérivé de Hurlubleu de Nodier, résultat d'un aurait pour le vocalisme ola comme dans Zola ou choléra ..

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Ce « hors-là» est peut-être tout simplement un vampire qui dévore la vie sur la bouche de sa victime.

L'arrachant de ses racines (car le Horta de 1887 commence par l'affirmation d'une identité fon­ dée sur « ces profondes et délicates racines qui attachent un homme à la terre où sont nés, ont vécu et sont morts ses aïeux » ).

le Horta vole son terroir au narrateur et l'oblige à fuir.

Monstre terrifiant, irréductible à toute catégorie humaine, le Horla, si l'on en juge par quelques légères notations, appartient peut-être tout autant à quelque «roman familial », comme le fantôme d'un amour loin­ tain; ce baiser qu'une bouche prend sur une bouche, cette rose cueillie, ce lait bu (détesté par le narrateur), renvoient à un être doux, tout entier du côté de la liqui­ dité primordiale (et pourquoi ce choix du nom de Parent - « Monsieur Parent>> est d'ailleurs le personnage cen­ tral d'un conte de Maupassant qui porte ce titre -pour le tout-puissant médecin?).

Dans l'horreur gît aussi Je désir fasciné de mourir, comme un retour impossible («comme on tomberait pour s'y noyer dans un gouffre d'eau stagnante>>).

Ce «bourreau>> qui ne lâche pas sa victime et la retient dans ses invisibles filets, ne possède­ t-il pas une horrible douceur bien maternante? Quoi qu'il en soit, et si multiple qu'il soit, le Horla est bien un ogre possessif qui va scinder l'identité de sa victime.

«Je ne suis plus rien en moi, dit le malade déjà touché par l'aile noire de la folie et de la dévoration, rien qu'un spectateur esclave et terrifié de toutes les choses que j'accomplis.>> Ce feu qui brOie la maison sans venir à bout de cet être de lait est comme la métaphore d'un autre feu, dévo­ rateur, te rri fian t· lui aussi, dont nous ne savons rien, sinon par de rares gerbes d'étincelles.

BIBLIOGRAPHIE Marie-Claire E>ancquart.

«le Horla »et Autres Cames fanta s­ tiques.

Garnier, 1 !>76 (une préface claire et documentée); l'auteur approfondit l 'a na ly se ct do n ne une définition du fantastique dans : Maupassam conteur fantastique.

Archives des Lettres modernes, Minrud, 1976; Pierre Cogny, le Maupassant du « Horla », Minard.

« Lemes mode rn es ».

1970 (éd.

annotée et étude de l'œuvre dans ses deux versions); Ross Chambers, « Spi­ rite el le Horla », Revue des sciences humaines, 1980, n° 177.. »

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