Commentaire de document Les sources de conflit dans le monde

« On s'accorde à reconnaître que ces dernières années la principale source de conflits est d'ordre idéologique. Dans le domaine écono-mique, on peut dire que c'est l'opposition entre le capitalisme et le communisme ; on a dit aussi — ce qui d'ailleurs prête à discussion —que c'était l'opposition entre la démocratie et le totalitarisme. C'est ce conflit idéologique que l'on a appelé la guerre froide, qui a empoi¬sonné les relations internationales dans l'après-guerre...

Maintenant, nous devons nous occuper d'une autre source de conflit qui découle elle aussi directement de la Deuxième Guerre mondiale. 'L'un des buts essentiels de la Charte était de favoriser le développe¬ment des territoires non autonomes et leur accession au statut de nations. Les dix premières années de l'après-guerre ont vu la plupart des pays d'Asie, libérés de la domination coloniale, acquérir leur indé¬pendance, de sorte qu'aujourd'hui il ne reste plus dans cette partie du monde que quelques rares vestiges du colonialisme. En Afrique, c'est seulement au cours des cinq dernières années que des progrès remarquables ont été faits dans le même sens. Actuellement, les points de tension sur le continent africain sont principalement

localisés dans les territoires coloniaux qui progressent trop lentement vers l'autonomie.

Le monde d'après-guerre a vu une autre révolte encore, celle des pays

qui ne sont pas nantis... L'écart entre les pays riches et les pays pauvres a creusé une sorte de fossé entre le Nord et le Sud. L'accroissement rapide de la population et liabsence du progrès économique et tech-\ nique dans les pays en voie de développement ont provoqué une

· situation telle que cet écart entre pays riches et pays pauvres n'a cessé de s'élargir... L'aide économique à elle seule, ne peut résoudre le pro-blème... On comprend dès lors l'intérêt croissant que les pays neufs manifestent pour l'activité déployée par les Nations unies dans le domaine économique... «.

Extrait d'un discours de U'THANT,

secrétaire général de l'ONU, le 11 novembre 1963.

3 — Au moment où U'Thant prononce son discours, le processus de déco­lonisation est achevé en Asie. En Afrique, les colonies françaises ont accédé à l'indépendance (en 1956, la Tunisie et le Maroc, en 1960, l'Afrique noire et, en 1962, l'Algérie). La France ne conserve alors sous sa domination directe que le Territoire des Afars et des Issas (devenu en 1977, république de Dji­bouti). Les colonies britanniques ont, elles aussi, en majorité, accédé à l'in­dépendance à l'exception des deux Rhodésies. Seuls le Portugal et l'Espagne conservent alors des possessions coloniales. Pour le Portugal, il s'agit du Mozambique, de l'Angola, de la Guinée-Bissau et des Îles du Cap Vert. Pour l'Espagne, il s'agit du Sahara espagnol, au sud du Maroc, et de la Guinée équatoriale.