BOURGET (Paul)

« rejette le social et le politique.

ce qui laissera la première pla ce à l'étude de la phil oso ph ie el à l' a pp renti ssa ge de la l itté rature.

Des recueils comme Au bord de la mer ou la Vie inquiète ( 1875} tém oig n en t de l'in flue nce du Parn ass e, de Coppée, le compère aux repas des V ila ins Bonshommes, ou de Sully Prud­ homme; il ne s'agit pourtant pas moins que de fonder « une poésie nouvelle destinée à occuper une place brillante e ntre la poésie historique si merveilleu­ sement représentée par Leconte de Lisle et la poésie romantique ...

>>.

Mais Edel (1878}.

long poème réaliste.

échoue à c ap te r la gloire : ce sera, paradoxale­ ment, la réflexion sur ce tte impuissance qui rendra Bourget célèbre.

Car l'an a­ lyste l'emporte alors, dont on avait pu deviner la rigueur dan s un article de la Revue des Deux Mondes : « le Roman réaliste et le Roman pié ti ste» (1873).

Bourget s'interroge sur la difficulté de faire œuvre de novateur, source de son demi-échec : elle tiendrait, selon lui, à u ne sorte d'« intoxication littéraire » qui l'aurait «empêché de vivre sa vie à lui ».

Et de mettre en accusation les lectures adolescentes, les romantiques, Musset surtout, qui ont em pois onn é et affaibli son esp rit .

Bourget va donc s'attacher aux causes de ce désenchante­ ment stérile qui le frappe en même temps que toute sa gén éra tion .

Les Essais de psychologie contemporaine (J 883- 1899} s'ap puie nt sur cette analyse d'un monde form é par le s Baudelaire, les Renan ou les Taine, qui aur aien t tous possédé « la même philosophie dégoûtée dil l'universel néant >>.Marqué par Scho­ penhauer et son néobouddhisme, le j eun e auteur pressent la venu e d'un courant qu'on l'accusera d'avoir suscité: le décadentisme.

Laforgue.

d'ailleurs.

rendra une visite en th ous iaste à son jeune ainé.

Dilettante, si le dilettantisme est bien, comme il le prétend, cette « disposition de l'esp rit si in te ll ig en te à la fois et trés v o lu pt ueuse qui nous inclut tour à tour vers les formes diver ses de la vie », et dandy form é à l'école de Barb ey d'Aure­ villy, Bourget entretient une relation ambiguë avec cette Science dont le culte bouleverse alors profondément les esprits.

Adepte du positivisme (on décè­ l e ra bien des parallèles entre son évolu­ tion et celle de Comte}, ém ule d'un maitre vénéré et bientôt amical, Taine, il conçoit d'abord la littérature comme une forme de vivisection ; il veut faire - et ses premiers romans comme Cruelle Énigme (1885) ou Un crime d'amour (1886) en sont l'illustration­ « des planches d'anatomie morale>>.

De là, une réconciliation momentanée avec Z ola .

Mais l'observateur nihiliste et scep­ tique, proche d'Anatole France, qui a c a p tiv é la jeunesse par sa finesse intui­ ti ve ct séduit le public mondain par la délic ates se de ses études de mœurs et de caractère, va s'e ff ac er devant le chef de file de l'i d éal is m e renaissant imprégné d e nookantisme.

Le Disciple (1889), roman charnière, se situe au confluent de ces deux courants qui em po rte nt la vie de Bourget : scepticisme/idéalisme ou scientisme/moralisme.

Au roman d'ana­ lyse expérimental va succéder le roman d 'id ées.

La métam orp hose est totale : tandis qu'il renon ce à ses amours super­ posées, il abandonne, après la bohème littéraire.

les milieux financiers et cos­ mo polit es, fré quen té s lors de ses nom ­ breux voyages à l'étranger, pour faire l 'é loge de l'aristocratie.

Et, alors que c'en est fini de l'ère triom ph ale de Taine, so n. »