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Étudiez la théâtralité dans Le Procès

Publié le 05/08/2014

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Étudiez la théâtralité dans Le Procès

 

« À quel théâtre jouez-vous ? "Théâtre ? dit l'un des Messieurs « (p. 274). Jusqu'à la fin, K. a le sentiment d'assister à un spectacle dont il est le protagoniste, et dont il aimerait être le spectateur. Tout ce qui lui arrive suscite en lui une impression d'irréal¬ité. Comment Kafka et Welles se positionnent-t-ils face à la théâtralité ?

Dans Le Procès de Kafka.

« fillettes exacerbe le rapport sensible au vécu.

Les protagonistes apparaissent en représen­ tation : du haut de la chaire, le prêtre fait résonner sa « voix puissante et cultivée » (p.

258).

Welles confère à l'avocat la maestria de l'acteur de théâtre; d'autres ne sont que médiocres, à l'image des bourreaux,« vieux acteurs de seconde zone» (p.

274).

Tous ces éléments scéniques prouvent que cette société est soucieuse du paraître.

La permanence du regard Les spectateurs aussi sont convoqués.

Présents au premier interrogatoire, ils accompagnent K.

de la première à la dernière page.

Au regard de la vieille femme qui le scrute avec hostilité le matin de son arrestation (p.

23, 25, 30, 32), répond le signe de l'homme par la fenêtre qui semble lui manifester quelque bienveillance - « Qui était-ce? Un ami? Une bonne âme?» (p.

279) -le soir de sa mort.

Ce regard qui pour­ rait être un réconfort est souvent perçu dans le roman comme inquiétant, en particulier chaque fois qu'un personnage, privé de son intimité, est surpris dans son sommeil, comme cela arrive à K., à la laveuse ou à Titorelli (p.

197).

Ill.

Le « théâtre du monde » La métaphore baroque du theatrum mundi traduit cette soif de l'humain à vouloir paraître autre qu'il n'est, cette frénésie sociale de la représentation.

Théâtralité et pouvoir Tout au long du xx• siècle, les dictatures paraderont, exhibant les fastes de leur hégémonie.

Les puissants jouent à être, utilisant des endroits stratégiques : la chaire est lieu de parole, le lit devient lieu de pouvoir.

Les autorités recourent aussi à des feintes stratégiques.

Par sa maladie, Huld justifie sa tyrannie; dans un chapitre inachevé, le directeur adjoint ne cesse de se plaindre de maux de tête (p.

293).

Donner sa faiblesse en spectacle, n'est-ce pas désamorcer la défiance, être plaint au lieu d'être craint? Quant aux tableaux, ils témoignent, par le jeu des pauses et des couleurs - la pourpre, insigne du pouvoir-, de l'ambition des juges à vouloir se faire représenter tels qu'ils voudraient être.

Dans son essence même, le pouvoir est théâtralité.

Jouer un rôle: un rêve humain Kafka dévoile combien tout homme porte en lui ce besoin de participer à la comédie que représente la vie.

Auparavant, K.

n'était pas indifférent à sa fonction de fondé de pouvoir.

Il retrace son arrestation à Mlle Bürstner et se livre à une véritable mise en scène, allant jusqu'à déplacer la table de nuit (p 54).

Il s'attribue la place du brigadier, délaissant le rôle de l'accusé.

Il devient au tribunal un véritable accusateur.

Chaque récit lui permet d'affirmer sa maîtrise sur l'événement.

La métaphore théâtrale le suit à la toute fin du roman : ne pouvant se suicider, K.

conclut qu'il « ne pouvait pas soutenir son rôle jusqu'au bout ».

Vivre, c'est jouer un rôle.

Aussi fascinante que soit la théâtral­ ité, Kafka, ascétique, dénonce son emprise mensongère : à force d'exalter le paraître, elle éloigne de l'authenticité.

Il la condamne pour des raisons éthiques et philosophiques.

Passionné par l'invention baroque, Welles puise dans le jeu le sens de sa vie.

L'illusion peut devenir à ses yeux source de vérité, et sans relâche, il métamorphose et transfigure.. »

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