Réthorique et stylistique
Publié le 27/03/2015
Extrait du document
Elles sont nombreuses et variées. On retiendra surtout
«
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tian et la gradation (Chatterton:« Adieu, humiliations, haines, sarcasmes, travaux
dégradants, incertitudes, angoisses, misères, tortures du coeur, adieu!
» ; Ruy Blas: « Heureux, aimé, vainqueur ») ;
- les figures de l'analogie et de l'image dont les plus fréquentes sont les compa
raisons et les métaphores
(Chatterton : «Une espèce de vautour qui écrase sa cou
vée » ; Lorenzaccio : « le tribunal de ma volonté » ), la personnification et l'allégorie
(dans Chatterton la métaphore filée du vaisseau représentant l'Angleterre, III, 6).
Entre éloquence et emphase
Ce flot des mots et des phrases contient d'incontestables réussites, mais aussi
d'indubitables faiblesses.
Ainsi,
l'éloquence est parfois victime d'elle-même.
L'immense monologue de Don Carlos (Hernani, IV, 2) n'est pas exempt d'em
phase.
La tirade de l'orfèvre s'adressant au marchand (Lorenzaccio, 1, 2) prend des
allures de péroraison.
Et Don
Salluste fait remarquer à son laquais les risques d'un
discours trop éloquent qui « sent son pédant et son petit génie » (Ruy Blas, III, 5).
Cependant, la célèbre tirade du
Cyrano d'Edmond Rostand, qui propose dix-neuf
tons différents pour évoquer le nez du héros
(1, 4, v.
315-351 ), reste un modèle
d'éloquence .
....
Ill -LES TONALITÉS
La richesse stylistique du drame tient également à celle des tonalités mises en
œuvre.
Déterminant l'unité dramatique
d'un acte ou d'une scène, elles peuvent être
employées concurremment ou conjointement
(d'une réplique à une autre, dans une
même tirade ou un même monologue).
Outre la tonalité dramatique, presque
omniprésente, on distinguera les tonalités suivantes :
-
Le pathétique et le tragique, qui correspondent à des points culminants de
l'intrigue ou à des temps de grande intensité (Ruy Blas III, 3 ; III, 5 ; V, 3 - Hernani V, 5 ; V, 6 - Lorenzaccio II, 7 ; V, 7 - Chatterton IIl,7, 8, 9) ;
- Le lyrisme et l'élégie, qui privilégient les duos de la passion exaltée, mais
expriment aussi
l'amour maternel ou paternel (Kitty Bell, Marie, Philippe, Tribou
let), la piété et la compassion (dans
Chatterton, Kitty Bell et le Quaker), le patrio
tisme (Ruy Blas, Hernani, Lorenzaccio), la plainte ou la nostalgie (Lorenzaccio 1, 6 ; III, 3 ) ;
- L'épique, qui traduit la grandeur ou la force des idéaux
(Hernani, Ruy Blas,
Chatterton), mais convient aussi aux moments d'égarrement, voire de folie (Chat
terton,
II, 1 ; Lorenzaccio, III, 3).
Il exprime alors une forme d'hybris* romantique;
- Le comique, l'humour et l'ironie, qui livrent une vision amusée de la réalité
(Ruy Blas:« Sa cape en dents de scie et ses bas en spirale») ou qui s'accompa
gnent du sarcasme et de l'ironie mordante (Hernani : «Bon appétit messieurs») ;
-
Le polémique, qui est le ton de l'accusation, de l'agression verbale, de la
révolte (Ruy Blas accusant les ministres, John Bell mettant en cause sa femme, la
Marquise Cibo se rebellant contre le Cardinal...).
Conclusion : Deux grands principes régissent la stylistique et la rhéto
rique du drame la variété et la souplesse.
Parce qu'il refuse d'être le théâtre
d'une expression conventionnelle, le drame romantique retrouve les élé
ments et l'esthétique
d'une écriture baroque qui n'ignore cependant pas les
possibilités
d'une rhétorique toute classique.
LE DRAME ROMANTIQUE =:I:U].
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