1970 – 1979 : L'ARCHITECTURE EN FRANCE

Les années soixante-dix sont des années de crise. Après ce que l’on a appelé les «trente glorieuses» du bâtiment, et plus précisément à partir de 1973, la courbe des logements réalisés s’effondre. La crise est aussi idéologique : la fièvre et les enthousiasmes des années passées baissent devant l’incompréhension ; et, si l’on ne croit plus à l’orthodoxie monolithique des modernes, on prône l’éclectisme, surtout dans le domaine de l'urbanisme puisque la ville est devenue l’enjeu théorique de la décennie.

D’autre part, le statut professionnel de l’architecte se fait de plus en plus précaire; sa position n’est pas renforcée par l'adoption, en 1973, de la loi sur l’ingénierie et sa marge d’initiatives dans un projet est plus que jamais conditionnée par les autres intervenants. On abandonne la formule d’«architecte en chef» d’opération, caractéristique des grands ensembles et des ZUP, pour faire appel à des équipes de jeunes architectes en relation permanente avec des sociologues, des programmateurs, des bureaux d’étude, etc. Pour des raisons économiques, le mode de production change; les entreprises artisanales disparaissent; il faut apprendre à travailler avec SAE ou Bouygues; l’unité des ateliers qui firent la gloire de la décennie précédente (Montrouge, AUA...) se fissure. L’architecte s’adapte ou s’efface. Le retour du privé est symptomatique des années soixante-dix — l’exemple de Créteil est connu de tous —, alors que le pouvoir central et les collectivités locales relancent une procédure oubliée avec les concours d’architecture, pépinières de propositions originales. Cinq d’entre eux connaîtront un retentissement international lors du lancement, en région parisienne, des villes nouvelles.

Les derniers bastions

DU RATIONALISME

Les héritiers du mouvement moderne exploitent de façon toujours plus sophistiquée des principes qui n’ont plus à faire leurs preuves. Cette architecture n’est certes plus révolutionnaire mais elle a gagné en nuances et en personnalisation ce qu’elle a perdu en utopies expérimentales.

La faculté des sciences de Jussieu (1971) est la dernière œuvre d’Édouard Albert. Tout l’espace au sol est libéré par une ossature portante, indépendante des façades-rideaux. Les baies panoramiques, les poteaux porteurs, l’absence de corps central et de dominante sont les dénominateurs communs de tous les bâtiments réalisés par les associés Michel Andrault et Pierre Parat : l’Agence Havas à Neuilly-sur-Seine (1971-1973), la faculté des lettres et sciences humaines de Tolbiac (1972-1973), la tour Totem, quai de Grenelle, dans le XVe arrondissement (1976-1978).