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INTERACTIONS FONDAMENTALES

Publié le 02/05/2019

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Pourrait-on affirmer que le mot « force » ne subsiste dans la physique contemporaine que comme un résidu, une habitude, qui serait la trace d'un anthropomorphisme aujourd'hui disparu ?

La théorie utilise principalement la notion plus générale d'interaction, terme qui recouvre des échanges de particules ou d'énergie, à la place de celle de force. Cette dernière persiste cependant pour désigner plutôt l'action à distance équivalente que l'action de contact de ces particules. Une physique fondée sur des échanges de particules ne peut cependant pas être dite vraiment « sans forces », car celles-ci sont encore présentes dans le formalisme. La description des phénomènes par l'énergie plutôt que par la force remonte au xviisiècle. On l'appelle alors « force vive », mais on ne l'utilise pas sans en déduire des forces au sens habituel du terme. La description lagrangienne remonte également au xviisiècle sous la forme d'un « principe de moindre action », mis au point par Pierre de Fermat, puis par Maupertuis et d'Alembert, avant sa systématisation par Lagrange en 1788. Elle constitue une physique véritablement différente de celle de la force. La trajectoire de la particule entre deux points donnés y est en effet déterminée par optimisation d'une quantité obtenue en intégrant le lagrangien sur un ensemble de trajectoires possibles. Il s'agit alors d'une causalité radicalement différente, libérée de toute analogie avec l'action de l'homme et des machines. Les forces en présence n'y interviennent que par les termes d'énergie correspondants placés dans le lagrangien, mais on sait cependant en déduire des valeurs de forces lorsque cela est nécessaire pour la prévision de mesures expérimentales. Or, si certaines forces mécaniques ou électromagnétiques se mesurent toujours avec les instruments traditionnels comme le ressort ou la balance coulombienne, il n'en est pas de même des forces nucléaires ni des forces astronomiques. Celles-ci ne peuvent relever de mesures directes, mais des détections de particules dans les accélérateurs de particules ou des mesures de position des corps célestes. On ne continue alors à parler de forces que par analogie avec le domaine de nos dimensions terrestres.

Voici quelques exemples du rapport entre la distance à explorer et l’énergie nécessaire correspondante :

 

ÉNERGIE

 

DISTANCE

0,002 Mev (phénomènes atomiques)

~10-8 cm

20 Mev (phénomènes nucléaires)

~10-12 cm

100 Gev (accélérateurs actuels)

~10-16 cm

14 Tev (accélérateurs en cours de fabrication)

~10-18 cm

 

 

MeV : mégaélectronvolt = 1 million d’électronvolts ;

GeV : gigaélectronvolt = 1 milliard d’électronvolts ;

TeV : teraélectronvolt = 1 milliard de milliards d’électronvolts 

 

Une solution de nature différente a été mise en place en 1915 par Einstein grâce à la théorie de la relativité générale. Le corps qui tourne autour du Soleil ou d'un astre quelconque n'est soumis ni à une force centrifuge ni à une force centripète, mais suit simplement le plus court chemin dans un espace courbé par l'action du corps central. On parlera à nouveau de forces dès que le corps sera dévié de son parcours sur la ligne la plus courte de l'espace courbé, par interaction électromagnétique ou nucléaire. Les tentatives d'unification de la gravitation avec les autres forces englobent également l'ensemble des modifications géométriques des forces de dimensions supérieures.

 

La physique cherche donc aujourd'hui sa voie dans un éventail assez large de traitement de la causalité. La force, point particulier de ce vaste domaine, demeure cependant pour notre intuition la « cause » par excellence, même si elle n'est plus du tout le concept central de la physique contemporaine.

« 2 La physique d'Aristote distingue l'étude des objets naturels de celle des objets fabriqués par la ruse de l'homme, les machines.

Les phénomènes naturels comme la chute d'une pierre sont soumis à des causes tandis que les machines, comme l'homme, transmettent des forces.

Or le geste qui consiste à jeter une pierre ou à lancer une flèche est considéré comme mettant en jeu une force, au même titre que la machine.

Puisque toutes les forces agissent par contact, on se demande alors pourquoi la flèche et la pierre continuent à se mouvoir après que la main du lanceur les a lâchées.

Ce simple problème de la physique aristotélicienne va entraîner, après bien des tentatives d'aménagement, la faillite complète du système et la reconnaissance de la persistance du mouvement uniforme dès le XIV es., de la relativité par Galilée en 1632, et, enfin, de l'action à distance par Isaac Newton, en 1687. Mais ce lent bouleversement tient compte de la redécouverte de traditions antiques, constituées par les traités archimédiens et par ceux de Héron d'Alexandrie sur les machines simples.

Il s'agit essentiellement d'une physique de forces statiques mettant en jeu une logique des équilibres qui culminera au XVI es. avec l'hydrostatique de Simon Stevin.

Mais elle inclut également les déplacements des bras de la balance, des roues et des poulies, ce qui conduit à une étude du lien entre force et mouvement, laquelle fait croire à une proportionnalité entre force et vitesse. La physique newtonienne n'est pas la seule solution proposée au XVII es.

en réponse aux problèmes posés par l'étude du mouvement.

Peu après la publication des œ uvres de Galilée, René Descartes tente d'imposer une théorie, qui sera ensuite appelée le « mécanisme », dans laquelle toute action s'effectue par des chocs de particules invisibles.

C'est le mécanisme qui fournit à cette époque la vision la plus simple et la plus rationnelle du monde, tandis que l'action à distance évoque les forces occultes de l'alchimie, avec pour seul soutien un peu plus objectif l'action des aimants.

L'explication par l'existence de particules invisibles prend sa source dans l'atomisme antique et persistera, en constante opposition à la trop mystérieuse action à distance. Christiaan Huygens énonce, vers 1656, les lois des chocs élastiques telles que nous les connaissons aujourd'hui, lois fondamentales dans le modèle du mécanisme cartésien, auquel il adhère.

Il a dû, pour y parvenir, abandonner l'étude de la force de « percussion » entre deux corps en collision, car cette force, déjà étudiée par Galilée et Torricelli, échappe à toute mesure en raison de son caractère instantané.

Huygens a alors déduit les lois des chocs à partir de l'invariance galiléenne de tout phénomène, et donc de toute force.

Les lois de la force centrifuge, établies ensuite, complétèrent sa mécanique. Tandis que Descartes et Huygens étudient la gravitation par des chocs de très nombreuses particules invisibles en mouvement tourbillonnaire incessant, Newton impose, à la suite de Johannes Kepler, une action à distance comme explication causale universelle.

Il fait alors pour la première fois de la notion de force un vrai concept en l'intégrant dans un système mécanique complet.

La force « imprimée » au corps sera déterminée par le changement du « mouvement », c'est-à-dire la quantité de mouvement.

La vitesse est connue grâce au cadre fourni par le temps et l'espace « absolus », et la force « inertielle » est la puissance que possède le corps de résister à tout changement de vitesse par rapport à cet espace absolu.

La force fondamentale pour la gravitation est « centripète », et non plus centrifuge comme chez Huygens. L'étude de l'électricité et du magnétisme, au XVIII es., par Henry Cavendish et Charles Augustin de Coulomb s'effectue naturellement dans le cadre de la. »

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