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Le réalisme

Publié le 07/04/2015

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Vers le milieu du XIXe siècle, dans toute l'Europe du Nord-Ouest s'affirme un bien-être économique étendus, lié à l'industrialisation et à des échanges commerciaux plus intenses. Ce phénomène n'est pas dépourvu de conséquences négatives: Engels et Marx dénoncent la façon dont de nombreux entrepreneurs, les "capitalistes", se sont enrichis grâce à l'exploitation du travail des enfants et des femmes et, en général, en imposant à la classe ouvrière des conditions de travail très dures.

Cependant, la confiance dans les possibilités intrinsèques des nouvelles technologies (la machine à vapeur), et en général l'idée que la Science pourra améliorer définitivement la qualité de la vie donne lieu à une vision plus optimiste, fondée sur la certitude enthousiaste des possibilités qu'a l'homme de bâtir une société toujours meilleure pour l'avenir.

L'affirmation d'une conception philosophique "positiviste" amène les artistes à accorder une grande attention à la nature et au social, au point qu'ils deviennent dans bien des cas la conscience critique de ce développement apparemment irréfrénable. De cette nouvelle Weltanschauung (vision du monde) naît la peinture réaliste, phénomène analogue à ce qui dans le domaine littéraire s'appelle naturalisme en France, et vérisme en Italie.

En réalité, on pouvait déjà déceler dans le romantisme certaines caractéristiques du réalisme. Des peintres romantiques célèbres avaient manifesté, chacun à sa façon, un intérêt marqué pour une description fidèle du paysage: l'Anglais John Constable, les paysagistes français de l'école de Fontainebleau, en particulier Théodore Rousseau,, les Napolitains de l'école du Pausilippe: Giacinto Gigante, Filippo Palizzi.

Mais c'est surtout vers 1840, en France, que certains artistes comme Gustave Courbet, Honoré Daumier, Jean-François Millet, peignent en s'inspirant directement de la réalité, c'est-à-dire en prenant pour sujets de leurs tableaux des personnages appartenant aux classes les plus défavorisées: casseurs de pierres, paysans, tout un village de campagne, les voyageurs d'un wagon de troisième classe... On pouvait déjà avoir un avant-goût de cet intérêt pour le "monde des vaincus", tel que le décrira le romancier italien Verga dans Les Malavoglia, dans certaines oeuvres romantiques, comme celle de Jean-Louis-Théodore Géricault, qui peint des fous internés dans un hôpital psychiatrique.

C'est toujours dans le cadre du réalisme qu'il faut situer les Impressionnistes qui, pour la première fois dans l'histoire de l'art, peignent en plein air, d'après nature, en accordant une grande importance à la représentation objective et exacte de la lumière, changeant en fonction des conditions atmosphériques et des moments de la journée: matin, midi, soir, et donc respectivement lumière argentée, d'une blancheur aveuglante ou dorée.

Le chef de file de cette nouvelle conception de la peinture est Claude Monet, qui, le premier, peint le même sujet - la cathédrale de Rouen, des meules de blé, des allées de peupliers - à différentes heures du jour. Sisley, Pissarro, Renoir, Degas, le suivront dans cette voie.

Précurseur des Impressionnistes, Edouard Manet reprend dans le Déjeuner sur l'herbe et Olympia deux célèbres toiles du Titien et les intègre au temps présent, à la nouvelle société bourgeoise, avec un réalisme provocateur et dans un style impressionniste.

Le monde des marginaux est le sujet choisi par Edgar Degas dans l'Absinthe. Un regard plus joyeux sur la société contemporaine est jeté par Pierre-Auguste Renoir dans son Bal au Moulin de la Galette. La passion pour la vie nocturne de Paris pousse Henri de Toulouse-Lautrec à s'aventurer dans les coulisses de ce monde apparemment insouciant: il y saisit, derrière le décor, dans les loges des artistes, la solitude des vedettes de l'époque, représentées dans des poses et des vêtements négligés, presque nues, sans aucune trace de beauté, éprouvées au contraire par une lassitude presque existentielle. Par son style concis et son utilisation plus émotive de la couleur, Lautrec se situe déjà dans le courant du post-impressionnisme, aux côtés de Paul Cézanne qui préfigure le cubisme par la stylisation géométrique de ses paysages, Vincent Van Gogh qui annonce l'expressionnisme par ses violentes touches de couleur, Paul Gauguin, à cheval entre exotisme et symbolisme, et le Douanier Rousseau, véritable précurseur du surréalisme.

En Italie aussi, et particulièrement à Florence, vers 1850, quelques artistes qui se retrouvent au café Michelangelo empruntent leurs sujets à la réalité quotidienne, dans un style épuré, qui va à l’essentiel, au point qu'on les surnomme de façon péjorative "Macchiaioli" (Tachistes). Avec un réalisme efficace, le représentant le plus connu du groupe, Giovanni Fattori, peint différents épisodes des plus importantes batailles du Risorgimento italien. Il exécute aussi de nombreux portraits, caractérisés par leur grande fidélité physionomique - La cousine Argia -, et des scènes à la campagne, mais dans un contexte bourgeois, de même que Silvestro Lega, dont La Visite et La tonnelle restent célèbres.

L'exaspération d'une recherche visant à une représentation objective, scientifique, de la réalité, donnne lieu, à la fin du siècle, au Pointillisme, ou Néo-impressionnisme, en France, et au Divisionnisme, en Italie.

Les tentatives de décomposer la lumière selon les théories de la physique optique la plus moderne, en reproduisant exactement ce qui se passe sur la rétine, ne donne pas lieu cependant à des inages nécessairement réalistes, au contraire. Les tableaux de Georges Seurat et Paul Signac, de même que ceux de Giovanni Segantini et Gaetano Previati se situent déjà par leur sensibilité esthétique dans le cadre du décadentisme. Giuseppe Pellizza da Volpedo reste fidèle à un réalisme d'inspiration socialiste dans son Quatrième État, qui constitue une sorte de manifeste en faveur du prolétariat paysan.

En architecture, l'âge du réalisme se caractérise par la réalisation de constructions audacieuses en fer, comme la Tour Eiffel à Paris, le palais de Cristal de Joseph Paxton. L'utilisation de matériaux nouveaux permet d'inventer de nouvelles typologies de construction: gares de chemin de fer, ponts, grandes serres, galeries marchandes. On utilise des poutrelles préfabriquées en fer et des plaques de verre pour bâtir la Galerie Victor-Emmanuel II à Milan, celle qui est consacrée à Umberto Ier à Naples, les Halles de Paris.

Ce qu'on a appelé l'architecture des ingénieurs s'oppose, au cours de ces mêmes années, à l'Eclectisme, qui récupère et amalgame les styles du passé - Renaissance, baroque, néo-classicisme - en produisant des ouvrages monumentaux comme l'Opéra de Paris, la Mole Antonelliana de Turin, l'Autel de la patrie à Rome.

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