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Frontières religieuses et frontières politiques

Publié le 11/06/2012

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Les pays à religion partagée sont naturellement les plus exposés : Les rivaux en politique savent exploiter les représentations populaires, mettre du religieux dans les conflits labellisés nord/sud en Afrique de l’ouest. Le sud du Tchad par exemple a été le théâtre tantôt de pogroms contre les commerçants musulmans, tantôt de massacres de civils chrétiens par des militaires musulmans. Aussi, dans les villes du nord du Nigeria, les massacres interconfessionnels sont récurrents. Il ne s’agit pourtant pas de guerres de religions, mais de conflits violents ou de guerres civiles dans lesquelles l’appartenance religieuse est exploitée par des responsables politiques pour confronter les sentiments identitaires et diaboliser l’adversaire.    Au Sénégal, Moriba Magassouba pense, à travers les affrontements politico-religieux qui ont émaillé la vie politique depuis les indépendances que les indices ou les signes tendant à démontrer qu’en dépit d’une longue tradition de sécularisation et de laïcité de l’Etat, les risques ou les chances de l’installation d’une république islamique sont inscrits dans le futur de la république du Sénégal.    Cela est d’autant plus vrai que la religion, particulièrement l’islam est de plus en plus dogmatiquement considéré comme le seul système de référence capable de guérir les maux dont souffre la société.   

« A l'instar des ethnies, mais à une autre échelle, elle est partie prenante des processus identitaires.

Comme celles-ci, elle peut être instrumentalisée par lespolitiques.

En tant que telles, les religions sont exposées à toute sorte de manipulation ayant notamment pour but de designer l'autre afin de le livrer à lavindicte populaire. Les forces politiques ont su ainsi, très souvent mobiliser les sentiments religieux des citoyens si nécessaire pour servir leurs objectifs.

Si l'on en juge parl'intrusion des références religieuses dans les discours politiques et l'entrée en force de mouvements politico- religieux dans la sphère publique, le phénomèned'instrumentalisation du religieux à des fins politiques est une réalité. Cet instrumentalisation du religieux par la politique est bien une réalité dans le monde en général, en Afrique et particulièrement au Sénégal, ou le phénomène,même s'il connaît actuellement de plus grandes manifestation ne date pas d'aujourd'hui. A en croire les propos du chef religieux serigne Mansour Sy Jamil dans le quotidien Walf du 05 février 2008 : « le Sénégal aussi bien avant qu'aprèsl'indépendance a été dirigé par un triangle qui s'est appuyé sur l'Etat et les deux grandes cités religieuses Tivaoune et Touba ».

Une parade dit il trouvée parLéopold Sedar Senghor pour réussir le pari de diriger pendant vingt ans un pays à prés de 95% de musulmans. Il est clair que tout Sénégalais, quelque soit sont appartenance religieuse ou politique est conscient de ce phénomène qu'il soit pour ou contre, qu'il le dénonceou le défend.

La société civile, lors d'une rencontre avec la Raddho en avril 2006 constate que le religieux est de tout bord instrumentalisé par les acteurspolitiques.

Et le diagnostic de Maty Ndiaye du Groupe d' Initiative pour la Participation aux Politiques Publiques (GIPP) selon lequel « la démocratie sénégalaisene fait plus recette » s'explique selon elle par cette tendance de l'Etat à l'instrumentalisation de particularismes d'ordre religieux qui conduit à un niveauinquiétant de la perversion des institutions de la république depuis le 19 mars 2000. Des institutions martyrisées et piétinées par l'instrumentalisation du religieux constate également Alioune Tine de la Raddho (Rencontre Africaine pour laDéfense des Droits de l'Homme). En effet se rappelle t-il, au lendemain de l'alternance, « le nouveau homme fort de l'avenue Roume avait tout simplement pli é les genoux de la républiquedevant le pouvoir religieux (l'autorité religieuse dirions nous) et cela à des fin politiciennes ». C'est qu'alors les acteurs du jeu politique savent user de religieux à leur compte tant que cela les arranges or ces pratiques peuvent engendre des conséquencesdésastreuse sur le système social global. B.

Conséquences de la politisation du religieux Politisée, sinon apprivoisée, la religion est au cœur des conflits et guerres civiles que traverse la plupart des pays africains. Les pays à religion partagée sont naturellement les plus exposés : Les rivaux en politique savent exploiter les représentations populaires, mettre du religieuxdans les conflits labellisés nord/sud en Afrique de l'ouest.

Le sud du Tchad par exemple a été le théâtre tantôt de pogroms contre les commerçants musulmans,tantôt de massacres de civils chrétiens par des militaires musulmans.

Aussi, dans les villes du nord du Nigeria, les massacres interconfessionnels sontrécurrents.

Il ne s'agit pourtant pas de guerres de religions, mais de conflits violents ou de guerres civiles dans lesquelles l'appartenance religieuse est exploitéepar des responsables politiques pour confronter les sentiments identitaires et diaboliser l'adversaire. Au Sénégal, Moriba Magassouba pense, à travers les affrontements politico-religieux qui ont émaillé la vie politique depuis les indépendances que les indices oules signes tendant à démontrer qu'en dépit d'une longue tradition de sécularisation et de laïcité de l'Etat, les risques ou les chances de l'installation d'unerépublique islamique sont inscrits dans le futur de la république du Sénégal. Cela est d'autant plus vrai que la religion, particulièrement l'islam est de plus en plus dogmatiquement considéré comme le seul système de référence capablede guérir les maux dont souffre la société. Par ailleurs, nombreux sont aujourd'hui ceux qui craignent au Sénégal un affrontement inter-confrérique au regard des prises de position religieuses duprésident de la république et des membres du gouvernement.

Cette concurrence dans le « marché religieux » fait l'objet de plusieurs tractations pouvantdéboucher sur des confrontations ouvertes. Orientation bibliographique Achille Mbembé, « Prolifération du divin en Afrique subsaharienne », in Kepel, G.

Les politiques de Dieu, Paris : Seuil, 1993. BAYART, J-F.

(sous dir.).

Religion et modernité politique en Afrique noire, Paris : KARTHALA, 1993, 312 pages COULON, C.

Les musulmans et le pouvoir en Afrique noire, Paris : KARTHALA, 1983, 182 pages.CHRETIEN, J-P.

(sous dir.).

L'invention religieuse en Afrique.

Histoire et Religion en Afrique noire, Paris : KARTHALA & ACCT, 1993, 475 pages. CRUISE O'BRIEN, D., Diop M.-C., Diouf, M.

La construction de l'Etat au Sénégal, Paris : KARTHALA, 2002, 231 pages. FERJANI, M-C.

Le politique et le religieux dans le champ islamique, Paris : Fayard, 2005, 353 pages. HEBGA, M.P.

Afrique de la raison, Afrique de la foi, Paris : KARTHALA, 1995, 206 pages. GLELE, M.A.

Religion, culture et politique en Afrique Noire, Paris : ECONOMICA, Coll.

« Politique comparée », 1981, 206 pages. MAGASSOUBA, M.

L'Islam au Sénégal.

Demain les mollahs ?, Paris : KARTHALA, 1985, 219 pages. MAPPA, S.

Pouvoirs traditionnels et pouvoir d'Etat en Afrique.

L'illusion universaliste, Paris : KARTHALA, 1998, 204 pages. MONTEIL, V.

L'Islam noir.

Une religion à la conquête de l'Afrique, Paris : Seuil, 1980, 466 pages. -----------------------[1] Achille Mbembé, « Prolifération du divin en Afrique subsaharienne », in Kepel, G.

Les politiques de Dieu, Paris : Seuil, 1993, p.

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