L'enfant et le jeu

« ch iff ons, de v ie u x pa piers, qu e lqu es obj ets hété roclit es qu 'a vec l es jou ets é la bor és d o nt ils so nt r ég uli ère m e nt co u ve rts.

"Ce tte sy mb oli sa tio n se retrou ve plu s ta rd d an s les j e u x de rôles ty p e ge ndar­ mes et vo leurs, ma îtresse d'éco le, pap a -m aman , e tc.

D an s les je u x de rô les c'es t l 'enfant lui - m êm e qui dev ient ce symb o le, san s o ubli e r un e seule sec ond e la r éalit é de ce qu 'il es t.

Les grandes étapes du jeu Le je u d oit d' abord pro cu­ r e r du plais ir à l'e nfan t, l ui faire d éco u vrir pui s ma îtri­ ser son co rps, l' en v ironn e­ m e nt pui s les re lati on s soc ia les, lui p e rm ettre de co ns truir e s a p er sonna lit é.

Ava nt la m arc h e, ce s ont surt out les je u x de co n ta ct avec l' a dult e, les jo u ets à rega rder o u à e ntendr e, l es j o u ets à ma nipul er et à s u ce r, les obj ets a ffec tifs co mm e l es anim au x, les p o up ées , les c hiffo ns.

A près la m arc h e, l es je u x m ote urs, ad ap tés au x ca pac ités ph ys iqu es, co ndui sent à l a m aîtri se du cor p s e t de l 'es pace; les je u x de m a nipul ati on (ea u, sable, arg ile, pâte à m od ele r) sati sfo nt le b eso in de to u ch er.

L es je u x mu sica ux , les je u x d 'éve il , les je u x d'imita tion pui s les je ux de rô les prenn ent leur p lace peu à p eu avec l'ac qu is ition du lan gage e t l a soc ia lisatio n.

L ' uti lisa tio n d'outi ls c omm e les pin cea u x, la p e intur e, les fe utr es, les c r ayo n s, ma rqu ent la tra n sition : si l 'enfan t p e ut la i sse r libr e co urs à so n i m ag ina tio n ce la res te un je u ; s i d es contr a int es de s u je t, d e fo rm e, d'o bj ect if s on t d o nn ées, cela d ev ient un appr enti ssage.

il e n va de m êm e du livre : s i l' e nfant rec rée sa pro pre hi sto ir e à partir d'im ages, il jou e; si o n lui raco nte l'hi s toir e, il éco ute m ais ne jou e plu s.

La fonction du jeu Se l on Henri Wallon , la f o nct ion du je u n 'es t pa s seulem e nt l'appropriation p ar la re prod u c tion , l' ap­ prenti ssage, la m aîtri se du corps e t de l'en v ironn em ent.

L e je u aurai t un e fonc tion d 'anticip a tion , il se ra it un e préfigur a tion instin c tive des a ttitud es et ac tiv it és nécessa i­ r es plu s ta rd.

Ain si s'ex pli­ qu ent les diff ére n ces sp o nta­ n ées de jeux entr e garço ns e t f ill es dès la deu xiè m e a nn ée e t p lu s e nco re qu and l' enfant diff ére n cie les sexes ava nt d'id entifi er l e s ie n .

L e je u r emplit un e a utr e f o ncti on ca pit al e: il intr o duit par l a fictio n et l es obj ets symb o liqu es l'u sage des s imu l ac res qui sero nt le s upport d e to ute activi té in te ll ec tuell e : t ou tes les co nn aiss an ces s'acq uiè re nt e t se déve lopp ent d e ce tte mani ère.

E nfin, en jouant selon ses r èg l es propr es, en les modi­ fiant au fur et à m es ure de ses beso ins, l'enfan t s' ass ure l es su ccès do nt il a beso in p o ur p rogresse r.

L e je u d e l'e nfant app araî t d on c tr ès diff é rent de ce lui du jeun e m a mmif ère, s urtou t s 'il est s au v age, qui semb le av oir pour but l' a ppr enti s­ sage des ges tes nécess aires à l a s urvi e indi vidu e ll e e t des l o is de l'es pèce.

Que penser des jeux éducatifs ? Le jeu éducatif n'atteint son objectif que s'il n 'est pas perçu comme tel par l'enfant : il ne peut y avoir de confus ion entre jeu et apprentissage .

Les qualités d 'un jeu éducatif doivent donc être celles du jeu : donne r la plus grande part poss ible à l'imaginat ion, à une utilisation libre , au plaisir.

Le but éducat i f ne doit pas apparaître au prem ier degré , ma is être le résultat final de l 'activité spontanée de l'enfan t avec le matériel du jeu.

Il n'y a pas d 'autres raisons à l'intérêt limité de l'enfant pour de nombreux cadeaux dont l'objectif n 'est pas de le faire jouer mais de lui faire apprendre.. »