Léon XIII (Religion)

Léon XIII s'est acquis dans l'Histoire la réputation d'avoir été le premier pape du XIXe siècle à essayer de comprendre son époque. Son pontificat ne peut pas se résumer à un simple contre-pied de celui de Pie IX. Mais deux tempéraments différents et deux cultures dissemblables donnèrent le sentiment que l'Église passait brusquement de la résistance au mouvement. Or le génie de Léon XIII consista dans une alliance subtile de la souplesse et de l'intransigeance. Favori des modérés et en particulier des Français au conclave (assemblée des cardinaux chargée d'élire le pape), le cardinal Pecci, camerlingue (administrateur des biens pontificaux) depuis 1877, fut élu au troisième tour. Il n'était pas une figure notable des milieux romains. Né en 1810 dans une famille de petite noblesse du Latium, Vincenzo Gioacchino Pecci entra en 1824 au collège romain de l'Académie des nobles et fut ordonné prêtre en 1837. Jeune clerc de la maison de Grégoire XVI, il se montra soucieux, comme il convenait, de faire une carrière et fut mis à l'épreuve dès 1838 par une nomination comme délégat à Bénévent, puis en 1841 à Pérouse. Dans l'exercice de fonctions administratives et judiciaires délicates en un temps où les aspirations libérales de l'opinion étaient étouffées par le parti des Zelanti (Intransigeants), Joachim Pecci réussit à concilier l'accomplissement de sa tâche avec la démonstration de qualités humaines qui lui valurent une rare sympathie.