« A La Lumière d'Andromaque, Politique Et Sentiments Sont-Ils Compatibles ? »

Racine nous présente dans son œuvre « Andromaque « une relation entre la politique et les sentiments, relation personnalisée par les acteurs de cette pièce. Pyrrhus, roi d'Epire, est amoureux d'Andromaque, sa captive troyenne. Pour obtenir la main de sa dulcinée, il est prêt à aller à l'encontre de l'opinion de son propre peuple. Il mêle donc ses sentiments personnels à la politique, il fait ses choix politiques en suivant son cœur et non sa raison. Après avoir développé l'éventuelle compatibilité entre politique et sentiments personnels, nous exposerons, à l'appui d'exemples concrets, la possibilité de marier la politique et les sentiments envers autrui. Commençons donc tout d'abord, comme dit précédemment, par la compatibilité entre politique et sentiments personnels. A l'origine, le choix du politicien est dicté par ses convictions personnelles incluant ses sentiments. C'est cela qui peut lui conférer un certain charisme : un homme empreint de hargne et de dévouement pour l'accomplissement des idées de son parti est plus convaincant aux yeux de la majorité des gens qu'un homme loyal mais effacé. Cependant, cet homme doit être capable de canaliser ces sentiments afin de ne pas se laisser submerger. L'exemple de Silvio Berlusconi est édifiant : dans la nuit du 27 au 28 mai 2010, le Président du Conseil des

ministres italien aurait abusé de sa fonction de chef de gouvernement en demandant à la police de Milan de libérer Ruby, une jeune marocaine à l'époque mineure avec qui il aurait eu des rapports sexuels. La difficulté pour ce célèbre politicien à dissocier la politique des sentiments est assez claire. Cela l'est moins de le cas juridique suivant qui fit couler beaucoup d'encre : le 14 octobre 1996, la Cour de cassation dessaisissait le juge d'instruction Jean-Marc Connerotte, responsable de la libération de Sabine et Lætitia dans l'« affaire Dutroux «. Elle reproche au magistrat d'avoir assisté à un souper-spaghetti en l'honneur des deux jeunes victimes de Marc Dutroux. En apparence, le juge d'instruction a manqué d'impartialité, a jugé la Cour. Les sentiments même si ils nous semblent justifiés n'ont pas leur place au sein de la politique et de la justice. Nous poursuivrons en examinant la compatibilité entre politique et sentiments vis-à-vis d'autrui. Ceci concerne les liens publics entre un politicien et son parti, ses électeurs, ou les liens privés pouvant exister entre politiciens unis par des liens familiaux ou amicaux.  Pour représenter son parti, la vertu principale d'un politicien est la loyauté envers les idées de son parti. Il se doit de toujours y adhérer et placer l'intérêt de son parti avant

ses propres vues et ses propres sentiments. De même, le politicien a l'obligation morale de rester fidèle aux promesses faites à ses électeurs. Il est tenu de respecter ses engagements électoraux même s'ils vont à l'encontre de ses positions personnelles.  Les liens familiaux ou d'amitiés peuvent également interférer dans des décisions politiques. On trouve dans la politique française un exemple illustrant cette affirmation : en 2006, devant la montée des intentions de vote en faveur de sa compagne Ségolène Royal, François Hollande, alors premier secrétaire du PS, décide de renoncer à ses ambitions présidentielles. Cependant tout ne se passe pas toujours aussi bien, l'histoire célèbre de Brutus et César en est la preuve : lors de la guerre civile entre Pompée et César, Brutus n'hésita pas à embrasser la cause de la République en prenant les armes contre son protecteur. Vous en connaissez le dénouement tragique.  En conclusion de ce qui vient d'être énoncé, nous pouvons déduire que la politique doit avoir pour idéal la loyauté et non les sentiments. Pourtant l'idéale serait une symbiose harmonieuse entre les deux pour autant que les sentiments soient synonymes de convictions et non de sentimentalisme. Conserver ses convictions est une chose, adapter sa politique à ses sentiments en est une autre