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Abbassides, dynastie des

Publié le 07/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Abbassides, dynastie des, dynastie de califes arabes, qui a régné depuis Bagdad sur l’Empire musulman (750-1258).

2   LA PRISE DU POUVOIR

En 747, un mouvement de révolte contre le califat omeyyade de Damas (aujourd’hui en Syrie) prend forme dans la province perse du Khorassan. Il est dirigé par le chef militaire arabe Abu Muslim, au nom d’Ibrahim ibn Muhammad, un descendant d’Abbas (oncle paternel du prophète Mahomet). Le mouvement a un double fondement, religieux et social. Ses partisans prônent un retour à l’islam originel, et exploitent le mécontentement du petit peuple et des Iraniens islamisés, qui considèrent que les dirigeants omeyyades privilégient leurs sujets arabes.

En 750, après trois ans de combat, le califat omeyyade est renversé et les Abbassides prennent le pouvoir à Damas. Abu al-Abbas al-Saffah, frère d’Ibrahim, décédé en 749, est proclamé calife (749-754). Ce n’est cependant que l’année suivante que le dernier calife omeyyade est renversé.

3   LE CALIFAT ABBASSIDE
3.1   L’organisation de l’Empire sunnite

Les Abbassides transfèrent la capitale de leur empire en Irak, où le deuxième calife de la dynastie, Abu Jaffar al-Mansur (754-775), fonde Bagdad en 762. L’islam, pensé comme une fraternité de croyants placés sous l’autorité d’un chef, détenteur du pouvoir politique et religieux, est le pilier d’un État dans lequel la justice est appliquée selon les préceptes du Coran et de la tradition sunnite. L’administration, dirigée par un vizir, et l’armée constituent les autres piliers de l’Empire abbasside, dont le modèle d’organisation va désormais prévaloir dans les pays musulmans.

3.2   Une culture florissante

Avec l’établissement de la dynastie en Irak, la littérature et l’art, encouragés par les califes, sont de plus en plus marqués par l’influence persane (voir aussi art persan ; littérature persane).

Philosophie, médecine et mathématiques se développent, notamment sous le règne d’al-Mamun (813-833), au cours duquel est fondée à Bagdad la Bayt al-Hikma, prestigieuse académie de traductions. En effet, le monde musulman s’approprie, croise et enrichit les connaissances des cultures de la Mésopotamie, de la Grèce antique, de l’Inde et de la Perse. Durant les ixe et xe siècles, de nombreuses œuvres écrites en grec sont traduites dans la langue du Coran, l’arabe, notamment celles d’Aristote, de Platon, d’Euclide et de Galien. Les chrétiens arabophones prennent une part importante dans ce travail de traduction qui permet la diffusion du savoir. À la même époque, le système des chiffres dits arabes (en fait d’origine indienne) est adopté par le monde musulman, qui va le transmettre à l’Occident.

La période des Abbassides correspond également à celle du bouleversement des structures économiques. Les villes, à l’image de Bagdad (la cité des Mille et Une Nuits, fondée en 762) et de Samarra (fondée en 836), se développent avec l’essor économique. Le commerce se développe, tant à l’intérieur des frontières de l’Empire abbasside qu’entre celui-ci et le monde extérieur.

3.3   Un État contesté

L’ambiguïté sur laquelle se construit le pouvoir abbasside va constamment nourrir les forces centrifuges au sein de l’Empire. Les premiers califes, jusqu’au cinquième, Haroun al-Rachid (786-809), sous le règne duquel la puissance abbasside connaît son apogée, doivent lutter contre des soulèvements alimentés par les déceptions de ceux qui ont cru en une révolution sociale. Au Maghreb, les kharijites entretiennent une agitation révolutionnaire et établissent des États pratiquement indépendants. Dès 756, les dirigeants arabes d’al-Andalus (Espagne musulmane) fondent un émirat sunnite omeyyade à Cordoue, concurrent des Abbassides. En 788, un descendant d’Hassan (fils d’Ali) constitue au Maroc un État idrisside chiite.

Les califes abbassides sont constamment confrontés aux revendications chiites. Le deuxième fils d’Haroun al-Rachid, al-Mamun (813-833), tente de rallier les chiites modérés ; en 827, il adopte comme doctrine officielle le mutazilisme, une école théologique cherchant à concilier foi et raison dans l’islam. Cette alliance est vaine et, durant les ixe et xe siècles, l’éclatement de l’empire s’accélère. Entre 836 et 892, les califes abbassides sont ainsi contraints de s’installer à Samarra, dont ils font leur capitale d’exil.

À partir de la première moitié du ixe siècle se créent de petits États autonomes dans la province d’Iran, tandis qu’en Égypte, les Tulunides sont pratiquement indépendants dès 868. L’Irak, cœur même du califat, connaît la révolte des Zenj (esclaves noirs africains) de 869 à 883 puis, à partir de 877, celle des chiites qarmates. En 898 se constitue, au Yémen, la dynastie chiite zaydite (qui se maintient jusqu’en 1962). En 909, un califat chiite ismaélien apparaît au Maghreb, qui va donner naissance au califat fatimide d’Égypte (969-1171). Entre 932 et 945, les Buyides (dynastie de chiites iraniens modérés) s’imposent dans le gouvernement de Bagdad : en leur accordant le titre d’émir suprême, le calife abbasside leur concède de fait le pouvoir temporel.

4   LA CHUTE DES ABBASSIDES

Dès lors, le califat abbasside n’existe plus que comme caution religieuse à la domination politique des princes qui se réclament de lui. En 1055, les Buyides chiites sont renversés par les Turcs seldjoukides ; au nom du sunnisme, leur chef Toghril-Beg prend le pouvoir à Bagdad, sous la protection du calife, avec le titre temporel de sultan. À la fin du xie siècle et durant le xiie siècle, les Abbassides semblent pouvoir affirmer à nouveau leur puissance. Al-Mustazhir (1094-1118) peut exercer une autorité réelle — même si c’est durant son califat que les croisés s’emparent de Jérusalem (1099). En 1171, l’Égypte ayyubide de Saladin (nommé sultan d’Égypte par le calife de Bagdad) reconnaît à nouveau la souveraineté des Abbassides.

Le califat abbasside jette en fait ses derniers feux. En février 1258, les troupes du khan mongol Hulagu mettent Bagdad à sac et tuent le dernier calife, al-Mustasim. Les Mamelouks, qui ont succédé aux Ayyubides en Égypte en 1250, installent au Caire les survivants de la famille abbasside. Un califat fantoche y est instauré, de 1261 à 1517. Les califes y sont le symbole de la reconnaissance théorique de l’unité du monde musulman sunnite, mais ne possèdent plus aucun pouvoir réel. Ils se contentent d’être présents aux intronisations des sultans locaux en guise de caution spirituelle. Finalement, en 1517, le sultan ottoman Selim Ier s’empare de l’Égypte : le dernier calife abbasside du Caire, al-Mutawakkil, est déposé.

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