ACONTIOS et CYDIPPÉ
Publié le 07/10/2017
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PHILOSOPHIE
DES SCIENCES
secre ts, en l'utilisation de pratiques «mystérieuses » pour contraindre
la nature à l'obéis sance ...
Il ne s'agit plus comme dans la religion,
d'un appel à des volontés toutes puissantes, que l'on s'eff orce de se
conci lier par des prières, des offrandes, des sacrifices.
Le magicien
est un «initié », qui opère selon des rites non-religieux ...
L'al chimiste
est, à cet égard, proche parent du mag icien.
L'un et l'autre (mais
surtout le second), visant des résultats concrets, sont amenés à étudier
- au moins empiriquement -les végétaux, les minéraux, etc ...
En Grèce, les magiciens sont appelés « phusikoï » (physiciens) parce
que, précisément, ils se penchent sur les secrets de la nature (phusis).
Les spéculations aventureuses, mais surtout les expériences, bien que
dép ourvues de méthode (ce que Claude Bernard appellera, en plai
santant, "pêcher en eau trouble ») produisaient parfois, par hasard ,
de bons résultats, et l'on retenait la "recette "···
De même, d'autres spéculations, non moins irrationn elles, sur les
propriétés magiques des nombres et des figures (encore très en honneur
chez Pythagore et ses disciples), ou bien des observations destinées à
satisfaire des superstitions astrologiques, -autant de matériaux
qui ne furent pas inutiles, assez souvent, à ce qui devait être un jour
la Science proprement dite ...
3· -L es Techniq ues.
Les techniques furent toujours, au début, plus ou moins mêlées
à la magie.
Aujourd'hui encore, dans des peuplades à mentalité
archaïque, on voit les indigènes préluder à des travaux, à des pêches,
à des chasses, par des cérémonies ou rites, tantôt magiques, tantôt
vaguement religieux.
Plus d'une survivance de ces superstitions se
retrouvent, d'ailleurs, chez les civilisés ...
Malgré tout, les techniques ont une tend::.nce bien naturelle à
vivre d'une vie indépendante, car elles répondent à des besoins , à des
nécessités vitales.
Si certaines inventions, par exemple la « fabrication »
du feu, se sont parfois incorporées à des religiorls (culte du feu, rites
du feu joints au culte du Solei l, et décrits dans les hymnes védiques),
ell es n'en naquirent pas moins tantôt du hasard, tantôt de l'ingéniosité,
comme les armes et les outils ...
Ce ne sont ni la magie, ni la religion
qui poussèrent les hommes à découvrir le levier, le croc, la massue,
la hache, la meule, la lance et l'arc, l'usage du plan incliné, le rouleau
et la roue, la rame, le gouvern ail, le four, la for ge, le soufflet, l'art
du potier, etc ...
Il y a donc une grande part de vérité dans cette remarque , souvent
citée, de Gustave BELOT : « La Science est née à la chasse, à la cuisine,
à l'atelier, dans l'exercice libre et profane des activités techniques
et intellectuelles déterminées par les besoins ( ...
) et faisant leur
apprentissage au contact immédiat de la réalité » ...
Oui, la prati que des
métiers fut une école précieuse.
Il ne faudrait toutefois pas pécher
par anach,ronisme en prêtant aux hommes d'un lointain passé telles
ou telles façons de penser qui seraient calquées trop étroitement.
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