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adoubement

Publié le 07/02/2013

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1   PRÉSENTATION

adoubement, au Moyen Âge, cérémonie par laquelle l’Église arme un nouveau chevalier.

2   CODIFICATION

À ses débuts, au xie siècle, l’adoubement revêt un caractère essentiellement militaire, puisqu’il peut être célébré directement sur le champ de bataille. Mais à son apogée, du XIIe au XIIIe siècle, la cérémonie, qui concerne tous les jeunes hommes issus de lignages nobles, se charge d’une symbolique nettement religieuse. Très rituel, l’adoubement débute par un bain purificateur et une nuit de prière ; suivent une messe, un serment de fidélité aux valeurs de la religion et à l’Église ; puis viennent la remise de l’épée par l’évêque ou son représentant et celle des armes. La cérémonie se clôt par la paumée ou colée, vigoureux coup administré à l’impétrant par son « parrain « et l’imposition, symbolisant l’assujétion du nouveau chevalier à son seigneur.

Ces différentes étapes, fréquemment représentées dans l’iconographie médiévale et même évoquées plus tardivement dans le Don Quichotte de Cervantès, traduisent la nature à la fois familiale, religieuse et militaire de la chevalerie. Familiale, car la cérémonie se déroule devant la famille élargie (parrain, parents, écuyers du nouveau chevalier), impliquant ainsi l’idée de lignage inhérent à la noblesse. Religieuse, puisque l’adoubement correspond souvent, à partir du xiie siècle, à une fête religieuse (Pâques ou la Pentecôte) et il est célébré dans une église ; de plus, toutes les étapes liminaires de prière, de mortification, de purification et de dévotion ancrent le nouveau chevalier dans ce service qu’il doit à l’Église. Militaire enfin, car c’est à la possession, donc à la maîtrise, du lourd armement qui lui est donné lors de l’adoubement, que l’on reconnaît le chevalier : une épée à deux mains, un heaume protégeant le crâne, un haubert — ou longue cotte de mailles — que l’armure supplante au XIIe siècle, une lance, des éperons et l’écu. Dès le XIe siècle dans le Bassin parisien et en Angleterre, chaque chevalier porte sur son armement les emblèmes de la famille qu’il sert. Cette tenue chevaleresque est utilisée à la fois dans l’ost, armée du prince-suzerain, et au cours des tournois auxquels tout chevalier doit participer.

3   ÉVOLUTION ET DÉCLIN

Au-delà des particularismes régionaux, l’adoubement est le dénominateur commun de l’aristocratie féodale dans toute la chrétienté médiévale. Pour la couronne d’Angleterre, le caractère symbolique de l’adoubement prime sur la grandeur de la cérémonie. Au contraire, l’adoubement des rois de France s’effectue dès leur plus jeune âge, et dans le faste : Louis VI est adoubé en 1097 à seize ans tandis que Louis IX l’est à onze ans, la veille de son sacre, en 1229. Au moins dans ces deux pays, la situation des XIe et XIIe siècles hérite d’une double évolution : un amalgame progressif entre chevalerie, noblesse et vassalité (qui nécessite un adoubement préalable), et une christianisation de la cérémonie qui consacre l’éducation militaire du jeune noble.

La création des offices anoblissants dès le XVe siècle et l’usure des valeurs de la chevalerie courtoise portent un coup à l’adoubement et le font tomber en désuétude, puis les guerres de Religion, dans la seconde moitié du XVIe siècle, sonnent le glas de cette cérémonie (dont l’adoubement de François Ier par Bayard a été un vestige).

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