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Albatros de Baudelaire

Publié le 21/06/2011

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Commentaire composé « L'Albatros « Charles Baudelaire Publié en1857, « L'Albatros « aurait été écrit lors d'un voyage auquel Baudelaire avait coutume de se livrer pour s'arracher des tentations parisiennes. De retour de l'Ile Maurice, le poète voit des albatros s'abattent sur le sillage du bateau. Les marins amorcent l'animal en lui jetant de longues lignes armées d'un hameçon garni. Cependant, ce poème n'est pas une narration anodine d'un fait divers. Baudelaire souffre d'une difficulté d'adaptation au monde réel ; il ne supporte la condition humaine qu'en plaçant entre elle et lui, l'écran de l'opium. Aussi nous verrons dans quelle mesure « L'Albatros « révèle l'incapacité du poète à .S'intégrer dans la société.
I . Le quotidien d'un oiseau raillé
Baudelaire décrit une scène banale, celle d'un albatros « vastes oiseau de mers « (v2). Présente un animal majestueux et insouciant « indolent « (v3).Le poète utilise un vocabulaire positif lorsqu'il est question du vol « vastes « (v2),« compagnons « (v3), « rois de l'azur « (v6).La première strophe est marqué par l'adverbe « souvent « « prennent « (v2), « qui suivent « (v3). Nous savons également qu'il s'agit d'un amusement « pour s'amuser « (v1) qui aurait pu sembler bon enfant sans les allitérations en [-g] et en [-r], « le navire glissant sur les gouffres amers « (v4) qui par l'accumulation des sonorités agressives annoncent la capture de l'animal. La deuxième strophe met en scène l'effet de l'appontage sur l'albatros, « à peine les ont-ils déposés sur les planches « (v5). Nous noterons la synecdoque qui renvoie au bateau et au théâtre social. Ainsi , le poème de Baudelaire donne de l'oiseau deux visions radicalement opposées : autant l'oiseau en vol est un oiseau majestueux à l'allure souveraine, autant lorsqu'il se pose il paraît ridicule ; ses ailes deviennent « des avirons « (v8), la beauté fait place à la laideur. L'emploi d'un vocabulaire négatif voire péjoratif, 1 Spleen : Rate, en anglais. Relatif à la théorie des humeurs. Sorte de mélancolie permanente souligne la perte de dignité de l'albatros. Ces oppositions sont renforcées par les antithèses : « ces rois de l'azur « / « maladroits et honteux « (v6) « ce voyageur ailé « / ‘gauche et veule « (v9) « naguère si beau « / « comique et laid « (v10) La déchéance de l'oiseau se traduit sur le plan phonétique par une sorte de gradation : l'assonance en [-a] est maintenant associée à des termes dont le sens ou les connotations sont péjoratives « planches « (v5), « piteusement « (v7), « boitant « (v12). Le rythme de la troisième strophe imite la démarche de l'oiseau capturé ; le boitement du palmipède : V9 : 6+6 V10 : 1+5+6 V11 : 6+6 V12 : 3+3+6 On notera au vers 11, la disposition en chiasme des sonorités : L'un agace son bec a b c d Avec un brûle-gueule d c b a C'est le début des sévices corporelles. Pour souligner la sauvagerie de cet équipage, présenté de manière impersonnelle sous la forme d'une gradation « lui, l'un, l'autre « signifiant l'acharnement collectif qui annule finalement toute responsabilité individuelle, le poète recours à l'emploi prosaïque de l'expression « brûle-gueule «. Ce vocabulaire a-poétique, tout comme la cacophonie « comme il est gauche et veule « (v9) [-k], [-g], [-v], insistent sur le vulgarité de cette société de marins. Enfin, ce jeu d'oppositions entre les deux statuts de l'oiseau, est lisible dans le mouvement même des phrases qui prend une valeur descriptive : Strophe 1 : une ample phrase bien balancée pour présenter l'oiseau en vol. Strophe 2 : Une nouvelle très ample phrase, mais cette fois avec une nuance d'ironie pour présenter l'oiseau posé sur les planches. Strophe 3 : Une série de trois phrases exclamatives, au rythme haché, pour traduire les souffrances de l'oiseau. L'opposition se développe de façon très concertée sur les trois premières strophes : Strophe 1 : Souveraineté de l'oiseau en vol Strophe 2 : Déchéance de l'oiseau Nous allons voir à présent que la strophe 4 explicite la dimension symbolique et récapitule les deux versants de l'opposition en opérant un glissement parabolique vers la métamorphose du poète-oiseau.
II. Le glissement parabolique vers la métamorphose
La dernière strophe développe la comparaison entre le poète et l'albatros ; à l'aide d'une métaphore, Baudelaire révèle sa vision du poète : Même souveraineté dans la solitude et l'altitude, même déchéance au niveau de l'humanité vulgaire. Cette chute est annoncée au v12 par l'antithèse oxymorique « l'infirme qui volait «. La souffrance du poète est présentée en quatre vers antithétiques : V13 et 14 : majestueux, puissance, quasi divinité semblable à celle de l'oiseau dans les cieux. Dimension épique. L'albatros représente la dualité de l'homme cloué au sol en espérant à l'infini. V15 et 16 : Le poète est impuissant, infirme « ses ailes de géant l'empêchent de marcher «. Le poète est condamné moralement et physiquement. Nous noterons la rupture syntaxique (une anacoluthe) « Exilé….(v15), Ses ailes… « (v16). La périphrase « prince des nuées « (v13), renvoie à la comparaison avec l'oiseau mais également à une sorte de Satan métamorphosé et exilé qui « hante la tempête « (v14). Le poète fait peur, il est inaccessible dans son art, c'est une sorte de messie incompris qui maîtrise le langage, c'est-à-dire le pouvoir ; il représente un danger. Nous noterons le parallèle entre deux états ; Le beau : la poésie Le laid : le société L'agressivité des hommes qui se manifeste par les « huées « (v15) de la foule, va jusqu'à la volonté de meurtre symbolisée ici par « l'archer « (v14). On n'hésitera pas à mettre le poète à mort, symboliquement, voire physiquement. Nous noterons également la verticalité présente tout au long de ce poète ; la vision du poète, comme celle de l'oiseau est en plongée, ce qui lui confère une vue d'ensemble. Le poète peut ainsi appréhender la vie et ses mystères. Le ciel peut être l'allégorie de l'esprit ; la chute (la capture) représenterait l'impossibilité d'accéder à Dieu. Véritable fatum, le désir de s'élever est impossible. Nous retrouvons cette idée dans le poème « Elévation « : « Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides « (Baudelaire, Spleen et Idéal, III Les Fleurs de Mal). Le poète pour le commun des mortels demeure une attraction. Pour finir, nous évoquerons la projection totale du poète sur l'oiseau ; selon Michel Butor2 nous assisterions à l'achèvement de la métamorphose : le poète est l'oiseau, l'albatros, ce beau de l'air est Baudelaire. 2 Michel Butor XXè siècle Essais critiques « histoires extraordinaires « 1961, consacrées à Baudelaire. Egalement auteur de Nouveau Roman : La Modification et L'Emploi du temps. Conclusion : « l'Albatros « décrit le mal du poète, mal propre au XIXe siècle romantique où le Moi s'exhale en toute liberté, déchiré entre le monde sublime qu'est la poésie et la vulgarité de la dégradante société. La comparaison qui explicite le rapport entre l'oiseau et le poète permet de dégager la signification allégorique du poème : comme l'albatros, le poète est victime de la malignité des hommes ordinaires ; il est incapable de vivre en harmonie avec son temps. Nous pourrions ainsi rapprocher « L'Albatros « du poème « Discours « d'Aragon (XXè ), qui souligne sur le mode de la plainte, le divorce qui s'établit entre le poète et les hommes, divorce encore plus douloureux que le poète partage la même expérience que le commun des mortels « Votre enfer est pourtant le mien «. Décidément, comme le soulignera encore Saint-John Perse (XXe), « le poète marche sur la chaussée des hommes de son temps «.  



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« traduire les souffrances de l'oiseau.L'opposition se développe de façon très concertée sur les trois premières strophes :Strophe 1 : Souveraineté de l'oiseau en volStrophe 2 : Déchéance de l'oiseauNous allons voir à présent que la strophe 4 explicite la dimension symbolique etrécapitule les deux versants de l'opposition en opérant un glissement paraboliquevers la métamorphose du poète-oiseau. II.

Le glissement parabolique vers la métamorphose La dernière strophe développe la comparaison entre le poète et l'albatros ; àl'aide d'une métaphore, Baudelaire révèle sa vision du poète : Même souverainetédans la solitude et l'altitude, même déchéance au niveau de l'humanité vulgaire.Cette chute est annoncée au v12 par l'antithèse oxymorique « l'infirme qui volait ».La souffrance du poète est présentée en quatre vers antithétiques :V13 et 14 : majestueux, puissance, quasi divinité semblable à celle de l'oiseaudans les cieux.

Dimension épique.

L'albatros représente la dualité de l'homme clouéau sol en espérant à l'infini.V15 et 16 : Le poète est impuissant, infirme « ses ailes de géant l'empêchentde marcher ».

Le poète est condamné moralement et physiquement.

Nous noteronsla rupture syntaxique (une anacoluthe) « Exilé….(v15), Ses ailes… » (v16).La périphrase « prince des nuées » (v13), renvoie à la comparaison avec l'oiseaumais également à une sorte de Satan métamorphosé et exilé qui « hante latempête » (v14).

Le poète fait peur, il est inaccessible dans son art, c'est une sortede messie incompris qui maîtrise le langage, c'est-à-dire le pouvoir ; il représente undanger.

Nous noterons le parallèle entre deux états ;Le beau : la poésieLe laid : le sociétéL'agressivité des hommes qui se manifeste par les « huées » (v15) de la foule, vajusqu'à la volonté de meurtre symbolisée ici par « l'archer » (v14).

On n'hésitera pasà mettre le poète à mort, symboliquement, voire physiquement.Nous noterons également la verticalité présente tout au long de ce poète ; la visiondu poète, comme celle de l'oiseau est en plongée, ce qui lui confère une vued'ensemble.

Le poète peut ainsi appréhender la vie et ses mystères.

Le ciel peut êtrel'allégorie de l'esprit ; la chute (la capture) représenterait l'impossibilité d'accéder àDieu.

Véritable fatum, le désir de s'élever est impossible.

Nous retrouvons cette idéedans le poème « Elévation » : « Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides »(Baudelaire, Spleen et Idéal, III Les Fleurs de Mal).Le poète pour le commun des mortels demeure une attraction.Pour finir, nous évoquerons la projection totale du poète sur l'oiseau ; selon MichelButor2 nous assisterions à l'achèvement de la métamorphose : le poète est l'oiseau,l'albatros, ce beau de l'air est Baudelaire.2 Michel Butor XXè siècle Essais critiques « histoires extraordinaires » 1961, consacrées à Baudelaire.Egalement auteur de Nouveau Roman : La Modification et L'Emploi du temps.Conclusion :« l'Albatros » décrit le mal du poète, mal propre au XIXe siècle romantique oùle Moi s'exhale en toute liberté, déchiré entre le monde sublime qu'est la poésie et lavulgarité de la dégradante société.

La comparaison qui explicite le rapport entrel'oiseau et le poète permet de dégager la signification allégorique du poème : commel'albatros, le poète est victime de la malignité des hommes ordinaires ; il estincapable de vivre en harmonie avec son temps.Nous pourrions ainsi rapprocher « L'Albatros » du poème « Discours »d'Aragon (XXè ), qui souligne sur le mode de la plainte, le divorce qui s'établit entrele poète et les hommes, divorce encore plus douloureux que le poète partage lamême expérience que le commun des mortels « Votre enfer est pourtant le mien ».Décidément, comme le soulignera encore Saint-John Perse (XXe), « le poète marchesur la chaussée des hommes de son temps ». \Sujet désiré en échange : commentaire 5eme promenade de \"de toutes les habitations\" à \" désir d\'un autre état \". »

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