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Algérie, guerre d'

Publié le 05/04/2013

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1   PRÉSENTATION

Algérie, guerre d', violent conflit qui a opposé l’Algérie à la France pendant huit ans (1954-1962), aboutissant, en juillet 1962, à l’indépendance algérienne et au départ de la quasi-totalité des « pieds-noirs « d’Algérie.

Les Algériens insurgés ont mené une guérilla urbaine et rurale, coordonnée par le Front de libération nationale (FLN). La guerre d’Algérie a constitué la plus longue et la plus douloureuse des guerres d’indépendance auxquelles la France ait été confrontée ; elle a déchaîné les passions et menacé la stabilité de la métropole et des institutions républicaines.

2   ORIGINES DU CONFLIT
2.1   Particularités de l'Algérie française

L’Algérie française a un statut particulier : elle est la seule parmi les colonies établies au XIXe siècle à élire des députés dans ses trois départements et à être gérée par les mêmes institutions qu’en métropole. Quelque 1,5 million de « pieds-noirs « d’origine française y sont installés depuis plusieurs générations. Eux seuls ont accès aux droits civiques nationaux ; ils sont les principaux propriétaires fonciers et occupent l’essentiel des postes de pouvoir.

Ainsi, la présence française en Algérie ne peut pas être réduite à celle de colons minoritaires, concentrés dans les principales villes ou les grandes plantations. Les « pieds-noirs « sont profondément attachés à l’Algérie et comprennent mal la montée de revendications nationalistes dans les milieux arabes et berbères qui, en raison d’une forte explosion démographique, se trouvent dans une situation de paupérisation croissante.

2.2   Affirmation des revendications nationalistes

Au cours des années trente, trois grandes tendances apparaissent dans les milieux arabes en Algérie : la première défend l’idée d’une patrie algérienne musulmane, la deuxième prône la thèse de l’indépendance et de la révolution sociale, tandis que la troisième, celle de l’élite musulmane, soutient une assimilation totale des Algériens et leur droit à obtenir la citoyenneté française. Cette dernière tendance disparaît après la défaite française de 1940 et le débarquement allié en Afrique du Nord, en 1942 ; elle est catégoriquement rejetée par Ferhat Abbas, jusqu’alors l’un de ses plus farouches partisans, qui publie, en février 1943, le Manifeste du peuple algérien, qualifiant l’assimilation de « machinerie dangereuse au service de la colonisation «.

Le gouvernement provisoire du général de Gaulle octroie la citoyenneté française à plusieurs dizaines de milliers de musulmans, le 12 décembre 1943 (discours de Constantine), et promet des réformes. Cependant, rien ne peut stopper la progression dans le pays de l’idée selon laquelle il faut soustraire l’Algérie à la souveraineté française. La participation exemplaire des troupes algériennes à la libération de la France conduit le général de Gaulle, lors de son discours à la conférence de Brazzaville en 1944, à évoquer la possibilité d’accorder une autonomie nouvelle à l’Algérie, suscitant un espoir vite déçu dans les milieux indépendantistes.

2.3   Émeutes de Sétif et radicalisation indépendantiste

Les célébrations de la victoire du 8 mai 1945 tournent à l’émeute armée à Sétif et à Guelma ; plus d’une centaine de colons européens sont tués. La France réplique alors par une répression sanglante, qui provoque la mort de plusieurs milliers de musulmans et radicalise l’approche de nombreux nationalistes algériens, les poussant à demander l’indépendance pure et simple.

Paris ordonne également la dissolution des partis à tendance nationaliste, puis prononce une amnistie en 1946 ; plusieurs mouvements nationalistes réapparaissent alors, et Ferhat Abbas fonde l’Union démocratique du manifeste algérien (UDMA), tandis que Messali Hadj prend la tête du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), qui abrite l’Organisation secrète (OS), tendance dure du mouvement, représentée par Ahmed Ben Bella.

L’année suivante, en septembre, Paris adopte un nouveau statut pour l’Algérie, laquelle, bien que dotée d’une Assemblée, reste totalement dépendante du gouvernement français. L’Assemblée repose sur deux collèges électoraux au sein desquels Français et Algériens possèdent le même nombre de représentants. La tendance dure du MTLD, déterminée à aller jusqu’au conflit armé, prend de l’importance au cours des années qui suivent et finit par créer le Comité révolutionnaire d’unité et d’action (CRUA) au printemps 1954. Au cours d’une réunion secrète à Alger, en octobre 1954, les membres de ce comité se prononcent en faveur du déclenchement immédiat de l’insurrection armée.

3   PREMIÈRES PHASES DE LA GUERRE
3.1   Du terrorisme à la guerre

Les divers mouvements nationalistes algériens se rallient dans leur majorité à la bannière du Front de libération nationale (FLN), fondé au Caire par Ahmed Ben Bella afin de coordonner l’action armée sur le territoire algérien. Dans ce but, sous le commandement du FLN, le pays est divisé en six zones ou wilayas, chacune dirigée par un colonel. Les actions de guérilla menées par Messali Hadj commencent le 1er novembre 1954 dans les Aurès (« Toussaint rouge «) pour s’étendre, dans les villes aussi bien que dans les campagnes ; elles prennent pour cibles les réseaux de communication, les bâtiments publics, l’armée et les fonctionnaires algériens travaillant pour la France.

Le gouvernement français, dirigé par Pierre Mendès France et dont le ministre de l’Intérieur est François Mitterrand, mène une politique de fermeté et augmente les forces de sécurité dans toute l’Algérie, appelant ses troupes à une mission de « pacification « et de « maintien de l’ordre «. Néanmoins, les représailles contre les villages algériens, menées à la fois par les régiments parachutistes français et par les colons, se font souvent sans discrimination. Le FLN répond en créant un climat de terreur pour forcer les Algériens à le rejoindre. Jacques Soustelle, nouveau gouverneur général (janvier 1955), est envoyé pour négocier des réformes avec les modérés algériens.

Le 20 août 1955, des insurgés de la wilaya II, dans le Constantinois, tuent 123 colons (dont des femmes et des enfants) dans un faubourg de Philippeville (aujourd’hui Skikda). En réponse à ces massacres, les Français tuent près de 12 000 Algériens dans la région de la wilaya II. Les réformateurs algériens, et Jacques Soustelle lui-même, rallié à la cause des partisans de l’Algérie française, renoncent alors aux négociations. En avril 1955, l’état d’urgence est proclamé.

À la fin de l’année 1955, les effectifs des forces françaises stationnées en Algérie augmentent ; renforcées à la suite du retrait français d’Indochine (accords de Genève, 1954) et grâce à l’appel des réservistes et du contingent, elles atteignent 400 000 hommes. Les « événements d’Algérie « ont désormais pris le caractère d’une véritable guerre ; pour la première fois depuis 1944, le contingent est appelé à participer au combat.

3.2   Congrès de la Soummam et bataille d'Alger

Le FLN cherche bientôt des soutiens internationaux et utilise les territoires du Maroc et de la Tunisie, qui viennent d’accéder à l’indépendance, comme bases pour ses attaques contre les positions françaises. Son développement rapide rend cependant la coordination des offensives difficile. Le 20 août 1956, un congrès secret rassemblant vingt dirigeants du FLN est donc réuni dans la Soummam (Kabylie). Il est décidé, à cette occasion, de réorganiser les forces armées en créant une Armée de libération nationale (ALN), dotée d’un état-major unique, qui est confié à Krim Belkacem.

En septembre 1956, l’ALN intensifie la guérilla en zone urbaine et dans Alger même ; des bombes sont posées dans les cafés et les lieux publics, augmentant fortement le nombre de victimes françaises civiles. Face à la multiplication des attentats, le général Massu se voit confier la totalité des pouvoirs de police à Alger. Ainsi commence la « bataille d’Alger «.

Les autorités françaises arrêtent et torturent un grand nombre de suspects ; certains meurent pendant leur interrogatoire (la France a été mise en accusation sur le sujet devant l’Organisation des Nations unies (ONU) en 1955). Le 22 octobre 1956, la France détourne sur Alger un avion intercepté au-dessus du nord du pays et les cinq dirigeants nationalistes se trouvant à bord, dont Ben Bella, sont arrêtés et incarcérés jusqu’à la fin du conflit. En outre, le gouvernement français est persuadé que les nationalistes algériens sont soutenus par l’Égypte de Nasser qui vient de nationaliser le canal de Suez (26 juillet 1956). Les troupes françaises, aidées des Britanniques et des Israéliens, mènent alors une expédition dans la zone du canal. Voir Suez, crise de.

En Algérie, les troupes parachutistes du général Massu parviennent à mettre un terme à la bataille d’Alger au cours de l’été 1957. Les principaux dirigeants du FLN se réfugient à Tunis, et l’établissement par les Français de la « ligne Morice «, qui boucle la frontière algéro-tunisienne en septembre 1957 par des barrages électrifiés protégés par l’artillerie, isole les forces de l’ALN à l’intérieur du pays. Sur le plan stratégique et militaire, l’ALN semble très affaiblie.

4   DE LA « GUERRE SANS NOM « AUX ACCORDS D’ÉVIAN
4.1   1958 : l'année du tournant

Le 6 février 1956, Guy Mollet, alors président du Conseil français, se rend à Alger, où il reçoit un accueil hostile de la part des partisans de l’Algérie française. Le socialiste Robert Lacoste est nommé ministre résident en Algérie ; la France poursuit sa politique de répression malgré la désapprobation de la communauté internationale. La résistance de l’ALN continue en effet dans tout le pays, épuisant la patience de l’opinion publique métropolitaine qui voit des milliers d’appelés aller au combat. Le camp des partisans de l’indépendance se renforce peu à peu.

Au contraire, les partisans de l’Algérie française radicalisent leurs positions : le 13 mai 1958, les colons français et certains chefs militaires, redoutant que le gouvernement à Paris n’entre en négociation avec le FLN, organisent un putsch contre le gouvernement français, créant à Alger un Comité de salut public, dirigé par le général Massu.

En France, ces événements ont de lourdes conséquences, à la fois dans le domaine économique, car la guerre coûte cher, et sur le plan moral, l’opinion publique étant très divisée à ce sujet : certains dénoncent les méthodes employées (torture et exécutions sommaires) ; d’autres, en revanche, se rapprochent des courants d’extrême droite, qui entendent que l’Algérie reste française. Cette situation tendue aboutit à la crise du 13 mai 1958 : la IVe République chute, et le général de Gaulle est appelé par le président René Coty pour former un nouveau gouvernement susceptible de résoudre la crise en évitant la guerre civile. De Gaulle est investi par l’Assemblée nationale le 1er juin 1958.

En juin 1958, à Alger, de Gaulle tente de rassurer les Français d’Algérie avec son fameux discours « Je vous ai compris… «. Néanmoins, en septembre 1958, ses propositions visant à formaliser une plus grande intégration de l’Algérie à la France, ne réussissent pas à calmer l’inquiétude des « pieds-noirs «. Au même moment, le FLN crée son propre Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), avec Ferhat Abbas comme président (19 septembre 1958).

Dès 1959, de Gaulle acquiert la conviction qu’une solution militaire n’est pas viable. Il parle du « droit des Algériens à l’autodétermination «, puis entame, l’année suivante, les premières négociations avec le GPRA.

4.2   1960-1962 : de la crise politique aux accords d’Évian

Des divisions commencent à apparaître chez les dirigeants du FLN : certains, comme Ferhat Abbas, sont disposés à accepter les négociations proposées par de Gaulle, qui évoque la « paix des braves « (23 octobre 1958) accordant un statut d’autonomie limitée à l’Algérie. Des pourparlers infructueux se déroulent alors à Paris, suivis par des manifestations et des barricades installées à Alger entre le 24 janvier et le 2 février 1960, obligeant de Gaulle à affirmer clairement, en novembre 1960, son intention d’émanciper l’Algérie.

Mais certains membres de l’institution militaire française ne tolèrent pas cette politique d’ouverture. Le 21 avril 1961, les généraux Jouhaud, Salan, Zeller et Challe tentent sans succès un second putsch, le « putsch des généraux «. Le général Salan, déterminé à ce que l’Algérie reste française, entre dans la clandestinité et fonde l’Organisation armée secrète (OAS) pour continuer la lutte en multipliant les attentats aveugles sur les territoires algérien et français. Le terrorisme de l’OAS, tant en Algérie qu’en métropole, encourage les partisans de l’indépendance algérienne à accentuer leur pression.

Le 8 janvier 1961, un premier référendum accorde le principe d’autodétermination à l’Algérie. Malgré l’opposition des Français d’Algérie et les dissensions internes au FLN, des négociations secrètes entre les Français et les Algériens se déroulent, fin 1961, à Évian-les-Bains. Malgré la pression politique croissante liée aux actions sanglantes de l’OAS, et en dépit du drame au métro Charonne où neuf personnes manifestant contre l’OAS sont tuées à Paris (7 février 1962), les accords d’Évian sont signés par de Gaulle et le GPRA le 18 mars 1962.

Les accords d’Évian établissent la reconnaissance française de la souveraineté algérienne sur les territoires de l’Algérie et du Sahara et aboutissent à un cessez-le-feu. Ces accords sont ratifiés en métropole par le référendum du 8 avril 1962. Lors du référendum organisé le 1er juillet 1962, les Algériens votent à une majorité écrasante pour l’indépendance ; deux jours plus tard, la France reconnaît officiellement l’indépendance de son ancienne colonie, avec Ahmed Ben Bella à sa tête, qui sera porté à la présidence de la République le 15 septembre 1963.

La guerre d’Algérie est certainement l’une des pages les plus noires et les plus controversées de l’histoire de France : elle soulève encore aujourd’hui de nombreux débats. Plus de 1,5 million de Français d’Algérie, redoutant d’avoir à subir des représailles dans le nouvel État algérien, ont choisi l’exode vers la France, dans des conditions difficiles. Par ailleurs, les notables algériens et les harkis ayant pris le parti de la France au cours du conflit ont été victimes de sévices et de massacres. Selon les estimations, la guerre d’Algérie aurait fait près de 1 million de morts. Jusqu’en 1999, cet épisode de l’histoire de France ne fut officiellement qu’une « opération de maintien de l’ordre «. Une loi votée par le Parlement a alors reconnu que ces événements constituaient désormais la « Guerre d’Algérie «.

Voir aussi Français, empire colonial.

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