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Allez les filles ! (Christian BAUDELOT et Roger ESTABLET)

Publié le 01/11/2012

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1. Présentation et synthèse du livre « Allez les filles ! « est un livre écrit en 1992 par BAUDELOT et ESTABLET, deux sociologues français qui ont également travaillé sur d’autres livres tels que "l’école capitaliste en France " en 1971, "l’école primaire divise " en 1975, " les étudiants, l’emploi, la crise "en 1981, " le niveau monte "en 1989. A travers « allez les filles « BAUDELOT et ESTABLET évoquent le constat au fil du temps de la progression et de la réussite scolaire des filles dans les études supérieures. Néanmoins les auteurs vont nous montrer à travers leurs différentes enquêtes que : même si les filles excellent dans leurs scolarités par rapport aux garçons, on ne les trouve pas à leur place sur le marché de l’emploi. Baudelot et Establet débutent leurs constats en évoquant qu’au Moyen-Age il y avait une inégalité des sexes et le baccalauréat était «une barrière culturelle et sociale « pour les femmes, qui étaient plutôt reléguées au rang de mère. Au 20ème siècle il y a une progression du nombre de bachelier et notamment de bachelière, d’où la notion de massification des universités. Il faut donc attendre les années 70 pour comprendre que l’ensemble des évolutions sociales et politiques aura beaucoup profité aux filles. En comparant différents pays comme le Japon, l’Allemagne et la Suède Baudelot et Establet en
ont dégagé plusieurs tendances : celle d’une part que plus un pays est riche plus il compte d’étudiants et d’autre part que les pays n’ont pas le même rapport à l’enseignement. Donc les priorités économiques, sociales, et culturelles seront différentes selon qu’elles proviennent d’Argentine, de RFA ou de Tunisie. Il est donc complexe de tirer un bilan car le monde de l’éducation est en perpétuel changement. Quoique que l’on dise la notion de «stéréotype de sexe « a toujours existé et existe toujours dans la scolarité, aussi bien du côté de l’élève que de l’enseignant. Les qualités attribuées aux garçons sur les filles et inversement représentent une nette différence que se soit au collège ou au lycée professionnel. Les mathématiques de tout temps ont toujours été considérées comme le summum du système scolaire, et celui qui faisait des mathématiques possédait donc des capacités intellectuelles et avait une intelligence supérieure. Autre stéréotype ? En famille aussi l’opposition garçon, fille est omniprésente, s’expliquant par l’éducation reçue à la maison ; ainsi ce schéma se reproduira à l’école à travers différents jeux où la fille se contentera d’un espace réduit avec un maximum de règles (l’élastique) et le garçon occupera à l’inverse un maximum d’espace et de partenaires (le football). Constatons que dans les années 90 la mixité des professeurs est mieux appréciée dans le monde de
l’éducation, néanmoins il y a toujours autocensure des élèves filles à choisir une filière scientifique. Le fait de dire que l’un des facteurs de la réussite scolaire serait en rapport avec l’origine sociale est une thèse évoquée par Bourdieu en 1964 dans «les Héritiers «. Néanmoins dans les années 90 il y a une supériorité des femmes dans toutes les classes sociales, d’où la réfutation de cette thèse avec une réelle évolution : ou l’on passe d’une compétition scolaire où les hommes sont privilégiés à une égalité de sexe où chacun dispose d’atouts différents. Le capital scolaire ne prendra de sens que s’il se transforme en capital social c’est-à-dire, où chacun aura une reconnaissance professionnelle. Ainsi Baudelot et Establet nous montrent comment dans l’enseignement professionnel la question de la mixité ne semble pas aller de soi. Il est vrai qu’il y a une séparation inévitable des garçons et des filles au lycée professionnel car évidemment les filières sont différentes : les garçons seront intéressés par la mécanique, l’industrie du bâtiment où la notion de productivité sera essentielle, alors que les filles se dirigeront vers le secteur médico-social, les soins du corps, le secrétariat. Le travail de l’homme et de la femme ne sera pas mis sur le même piédestal car l’homme doit assurer la vie familiale, il doit à la fois être chef de famille et ramener le salaire au foyer, à contrario
les femmes se doivent à la fois «bonne mère « pour ses enfants et «bonne femme « pour leur mari. Le statut des hommes et des femmes tient aux conditions de travail qui souvent sont plus pénibles pour les hommes d’où une obligation pour la femme de préparer le repas de son mari usé par travail : les auteurs évoquent le terme de «ménage jouant un rôle réparateur «. Dans les années 80 on constate que le mariage reste la base de la famille, ainsi la femme tient le budget de la famille, a un travail à temps partiel et peut dès lors concilier ménage et travail. En ce sens Pierre Naville revendique l’égalité des sexes et des salaires dans le monde du travail   « à travail égal, salaire égal « sera sa devise. Malgré l’évolution des sociétés modernes qui profite à la scolarité et au travail des femmes, il reste quelques obstacles à l’égalisation des statuts professionnels d’une part en matière de structures des emplois : c’est-à-dire que les femmes n’auront pas un rôle prépondérant dans les branches de l’économie nationale. D’autre part un allégement des tâches ménagères dans la famille à permis aux femmes de s’orienter vers l’école (acquérir une formation) et vers un emploi, néanmoins doit-on préciser que ces tâches restent inégalement réparties. Enfin la fixation des salaires qui restent depuis longtemps inégalement répartie avec un écart important au fur et à mesure que l’on monte dans les hautes
qualifications : peut-être évoluerait-on vers une culture unisexe ? Car il est certain que les femmes hésitent de plus en plus à s’engager dans les carrières dites «compétitives «. La rupture interviendra dans les années 70 à 90 où il y a une augmentation des femmes dans filières commerciales et médicales alors que les hommes attacheraient une importance aux soins, à l’apparence, à l’alimentation toujours en rapport avec des métiers de relation et de communication. En effet, dans le cercle familial le père sera de plus en plus impliqué dans la garde et l’éducation des enfants, le changement sera de courte durée car inévitablement hommes et femmes restent chacun attachés à certaines valeurs de la vie sociale. Pour qu’un changement se produise, il faut agir au niveau de la famille, de l’école et de l’entreprise. En somme, le fait de dire que les femmes seraient cantonnées à des filières de relations et les hommes à des carrières de hautes pointes, ne pourrai peut-être pas tenir lieu de débat car de toute façon cette situation arrange tout le monde. Baudelot et Establet appelleraient ceci   «l’effet pervers de l’individualisme « ou la femme aurait le dilemme à choisir sa famille au détriment de son travail ou l’emploi au détriment de son ménage. Pour construire donc un avenir objectif, les femmes se heurteraient à la fois à l’organisation traditionnelle de la famille et à la division moderne
de travail : alors qu’attendons-nous, ALLEZ LES FILLES ! 2. Etude et critique du livre On remarque ici qu’il y a remise en cause de la mixité : depuis la loi Haby de 1975 la mixité est obligatoire dans les établissements publics permettant aux deux sexes de se connaître et d’être traités pareillement. Néanmoins la mixité peut se révéler défavorable à la réussite des filles, ainsi l’échec scolaire des garçons risque de mettre à mal la cohabitation des deux sexes au sein de l’école et aussi dans la société. Le rapport dominant-dominés ne se fera plus au niveau des classes sociales comme le prônait Marx (célèbre philosophe et économiste du 19ème) mais se localisera au niveau des sexes garçon, fille. En effet dans «la domination masculine en 1998« Pierre Bourdieu (sociologue français 1930-2002) nous montre que le rapport de domination entre êtres humains est tellement incorporé dans nos «schèmes « qu’il est difficile de se rendre compte quand celui-ci prend des proportions extrêmes. Il fit pour cela une étude ethnographique des berbères de Kabylie et met en avant la manière dont est structuré l’inconscient des hommes propre à cette société. C’est un peu près le processus que l’on retrouve dans notre société, à savoir que la famille et l’école perpétuent de façon inconsciente l’éducation des garçons et celles des filles. Nul doute selon Nicole Mosconi (professeur en sciences de l’éducation
à Nanterre en 2000) que les interactions dès le primaire entre professeur et élèves diffèrent selon le sexe « on ne sollicite pas de la même façon les garçons et les filles. Avec ces dernières, on évalue, on vérifie les savoirs acquis ; les garçons sont plus sollicités pour l’acquisition de nouvelles connaissances «. Certains psychologues américains disent qu’il y a une socialisation du garçon à l’indépendance, et une socialisation de la fille à la dépendance. On apprend à l’école que les femmes n’ont pas ou peu de place dans l’histoire, les lettres, les arts… et tiennent donc un rôle secondaire. Précisons que ce phénomène serait un comportement inconscient et ne remettrait pas en cause le principe de laïcité qui impose que les individus soient traités de la même façon, quelle que soit leur religion, leur race, et leur sexe. Bien que la mixité ait profité aux filles au niveau de l’école, le mélange des genres a encore du chemin à faire. Dans les cours de récréation, comme dans les cités la confrontation garçons filles s’est renforcée en ce sens que les violences sexuelles sont de plus en plus nombreuses(tournantes) : les adolescents ne voient plus les filles comme objet de désir mais comme objet sexuel Le futur projet de loi du gouvernement Raffarin sur le port du voile, pose la question, entre autre,   de la place de la femme dans la société. En effet on a l’impression que ces femmes
ont une obligation, une soumission à porter le voile face à des pères omniprésents. Elles ne sont plus maîtres de leurs actes ni de leur destins, comme nous le prouve certaines attitudes : à savoir la demande d’un «certificat de virginité « (délivrés par un médecin, mais qui en théorie n’a aucune valeur), demandée par la famille le plus souvent pour un mariage forcé C’est en effet ce genre de situation qui amène les éducateurs à s’interroger sur les solutions à mettre en place pour que cette violence aussi bien physique que morale ne devient un mode de relation et de différenciation entre adolescent. Un article de Luc Cedelle dans «le monde de l’éducation «, nous montre l’extrême surveillance des garçons envers les filles dans un lycée professionnel. Sous prétexte qu’il faut se soumettre à une forme de tradition et de respect, les adolescents de ce lycée sont en permanence l’objet de surveillance et de jugement des garçons. Luc Cedelle nous explique comment les filles ont livré une part de leur intimité et de leur quotidien alors que les garçons restent sur leur garde et montrent une certaine hostilité à l’égard d’un visiteur. On pourrait définir la «mixité sociale « en sociologie comme le partage d’activités, l’échange de savoir propre à chaque communauté dans une société donnée. Dans ce lycée, il n’existe pas de mixité sociale ; elle se réduit aux différences ethniques, et aux rivalités entre
communautés africaine et maghrébine. La mixité est également propice à une guerre entre sexe : en effet il y a trois fois plus de garçons que de filles, ce qui provoque une séparation inévitable. Les dialogues et les regards   entre eux se font très rare, ainsi chacun reste à sa place   afin d’éviter tout conflit. Les garçons assurent leur rôle de surveillance en appliquant les bonnes moralités inculquées par la famille, à savoir que les filles doivent préserver leur virginité jusqu’au mariage. Celles qui seront en deçà des règles, se fera insulter, aura mauvaise réputation, et déclenchera harcèlement et remontrances de la part des garçons. Ajoutons que ceci vaut également pour l’habillement qui est au centre des contrôles et qui ne fait que renforcer l’hostilité des garçons à l’égard des filles. En somme, on peut remarquer que le thème de la mixité a toujours été et reste encore un problème d’actualité faisant l’objet de nombreuses controverses. En ce sens la mixité a connu depuis les années 70 une importante évolution avec entre autre de nombreux mouvements féministes, participant à l’essor du travail féminin, néanmoins la mixité est un sujet délicat rendant de plus en plus hostiles certaines communautés religieuses intégristes.

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