Amédée VIII de Savoie

1381-1451

Étrange destin que celui de ce prince, premier duc de Savoie et antipape sous le nom de Félix V, sans avoir jamais revêtu l'habit ecclésiastique. Pour le duché (héréditaire), il l'obtient de l'empereur Sigismond. Pour l'antipapauté, c'est le concile de Bâle qui, mené par le cardinal français Louis Aleman, archevêque d'Arles, dépose le pape Eugène IV et nomme à sa place le Savoyard, — au surplus, pour un pontificat limité, de caractère démocratique, sous le contrôle permanent du concile… Et Félix V eut duré si Charles VII et son fils le Dauphin ne lui avaient pas refusé leur appui. Le duc de Savoie, en 1449, dix ans après son élection, se soumet à Nicolas V, successeur d'Eugène IV. Et il fera bien, car il avait été le véritable créateur de l'État savoyard, rachetant Genève et Annecy, recevant par héritage des Savoie-Achaïe, Turin, qui entre dans le domaine familial, donnant à son pays une constitution, — les “ Statuts de Savoie ”. La lutte sera vive, sous lui, entre Savoyards et Piémontais, auxquels s'ajoutent les sujets du comté de Nice, devenu de provençal savoyard. Amédée VIII la neutralise par une organisation administrative remarquable. À ce dernier antipape de l'histoire de l'Église, on doit la fondation de l'Université de Turin.