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archéologie biblique

Publié le 13/04/2013

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1   PRÉSENTATION

archéologie biblique, étude scientifique des monuments et documents historiques concernant les religions juive et chrétienne, et en particulier la Bible.

Jusqu’aux débuts de l’exploration moderne de la Palestine au XIXe siècle, les récits de pèlerinages chrétiens datant du IVe siècle environ constituaient les seules sources d’information disponibles au sujet des sites bibliques.

2   TRAVAUX EN PALESTINE
2.1   Naissance et développement de la discipline

L’archéologie biblique apparut dans la seconde moitié du XIXe siècle et se développa grâce aux travaux entrepris par des organismes tels que l’Association allemande pour l’exploration de la Palestine (1877), l’École biblique de Jérusalem (1892) transformée en École biblique et archéologique française en 1920, l’Institut évangélique allemand pour l’étude des antiquités de la Terre sainte (1900), l’École biblique pontificale et l’École britannique d’archéologie, ou encore ceux dépendant d’universités américaines (Chicago, Pennsylvanie) et de l’Université hébraïque. Ces travaux favorisèrent l’élaboration de la cartographie de la Terre sainte et l’identification des sites bibliques. Les fouilles systématiques de certains de ces sites, contrairement aux études purement géographiques, ne débutèrent en Palestine que dans les années 1890, lorsque l’égyptologue britannique sir William Petrie mit au point ce qui allait devenir, pour ses successeurs, de nouveaux principes d’études archéologiques : la stratigraphie, ou étude de la succession des couches archéologiques, et la typologie céramique, c’est-à-dire l’étude des variations stylistiques des poteries au cours du temps de manière à établir une chronologie.

Avant la Première Guerre mondiale, les fouilles palestiniennes se concentrèrent sur les principaux sites bibliques, Jérusalem, Gezer (ou Tell Djeser), Megiddo (Tell el-Moutesellim), Jéricho et Samarie.

Une deuxième phase du développement de l’archéologie biblique commença après la Grande Guerre avec des méthodes plus rigoureuses de datation de la céramique, des monuments et des artefacts, offrant ainsi la possibilité de découvrir l’histoire de la Palestine, en complément des récits de la Bible. Dans les années 1920-1930, les fouilles se poursuivirent à Megiddo, Jéricho et Samarie, et de nouveaux chantiers furent ouverts à Tell Beit-Mirsim et à Béthel.

Après la Seconde Guerre mondiale, la discipline se développa encore grâce à l’archéologue britannique Kathleen M. Kenyon : sa méthode, d’abord mise en œuvre sur les sites de Jéricho et de Jérusalem, consistait à creuser par carrés (de 5 m de côté) séparés par des murs de terre (les bermes). La fouille s’effectuait par strates, une couche sédimentaire à la fois, ce qui permettait de préciser la provenance des vestiges recueillis dans la stratigraphie du site. Dès la fin des années 1950 et au cours de la décennie suivante, un groupe d’archéologues américains, dont G. Ernest Wright et David Noel Freedman, en collaboration avec les chercheurs israéliens Yigael Yadin, Moshe Dothan, Benjamin Mazar et Nah-man Avigad, mirent en pratique ces nouveaux procédés sur des sites vierges ou déjà étudiés : Hasor (aujourd’hui, Tell el-Qidah), Ashdod, Gezer et Jérusalem.

Pendant les années 1970, l’archéologie bénéficia de l’apport des sciences naturelles, sociales et environnementales. Les informaticiens, les géologues, les anthropologues, les climatologues, les pédologues et les zoologues s’associèrent aux archéologues pour recueillir les données et les interpréter. Tous ces spécialistes travaillaient au début des années 1980 sur les sites de Tell el-Hesi, Césarée, Apheq, Saint-Jean d’Acre (ou Akko) et la Cité de David à Jérusalem.

2.2   Connaissance actuelle

Les ouvrages comme The Westminster Historical Atlas to the Bible (« l’Atlas historique de la bible de Westminster «, rééd. 1956), écrit par Wright et Floyd V. Filson, et The Macmillan Bible Atlas (« l’Atlas biblique de Macmillan «, réedité en 1977), réalisé par Yohanan Aharoni et Michael Avi-Yonah, représentent l’aboutissement d’un siècle d’explorations et de fouilles intensives. De nouveaux atlas et les résultats de prospections sont continuellement publiés afin d’inclure les dernières découvertes et les théories les plus récentes.

L’étude approfondie de nombreuses villes à travers toute la Palestine et l’interprétation de leurs résultats ont permis d’établir la succession des fondations et des destructions, de préciser l’état des connaissances sur la culture et l’architecture urbaine, enfin de définir le mode d’installation des habitants et les migrations de nouveaux peuples dans la région. Des recherches déjà anciennes menées à Megiddo et à Jéricho, et les récentes études sur Bab edh-Dhra et Numeira illustrent parfaitement l’intérêt historico-sociologique d’une telle discipline, en fournissant des informations inédites sur la civilisation de l’âge du bronze ancien au IIIe millénaire av. J.-C., et sur la période du Bronze moyen ; les sites de Gezer et d’Apheq, enfin, ont révélé l’existence d’une culture urbaine en Palestine vers 2000 av. J.-C. De grandes cités y étaient en effet protégées par des remparts en terre et maçonnerie, interrompus par des portes massives. Le récit biblique de la conquête de Canaan par les Israélites de Josué se trouva contredit par de nouvelles données archéologiques : on trouva des traces de destructions datant du XIIIe siècle av. J.-C. à Megiddo, Hasor, Apheq, Bethel, Ashdod, Gezer et Deir Alla, tandis que l’étude des sites d’Arad, Heshbon, Jéricho, Ai et Gibéon ne permit pas d’aboutir aux mêmes conclusions. Il est évident que des troubles sociopolitiques agitèrent la Palestine à cette époque, mais l’interprétation des fouilles ne s’accorde pas tout à fait avec la description biblique d’une conquête par les Israélites.

D’importantes données sur la vie à la période de la monarchie unitaire ont également été mises au jour. Au cours de fouilles sur le site de la vieille Cité de David en 1980, Yigal Shiloh découvrit un palais du Xe siècle av. J.-C., par conséquent de l’époque de David et de Salomon. Des travaux effectués en 1955 et 1958 sur l’énorme site d’Hasor, au sud de la Galilée, permirent de mieux évaluer l’étendue des constructions de Salomon dans les provinces du royaume. Les édifices étaient alors construits autour de murs à casemates interrompus par quatre portes, disposition également observée à Gezer et à Megiddo. D’autres fouilles, entreprises entre 1963 et 1965 à Massada, sur le rivage occidental de la mer Morte, exhumèrent la forteresse d’Hérode Ier le Grand, roi des Juifs au Ier siècle av. J.-C., abritant les ruines d’un palais raffiné de trois étages.

Parmi les découvertes archéologiques majeures, les documents écrits occupent une place aussi essentielle que les monuments. En 1967, d’importants fragments d’inscriptions furent trouvés dans un temple de l’âge du fer à Deir Alla, en Jordanie. Parmi les plus intéressants figure une évocation des traditions païennes concernant le prophète Balaam, apparemment le même que celui mentionné dans le Livre des Nombres (XXII-XXIV). Ces inscriptions datent du VIIIe siècle, probablement vers 700 av. J.-C. De nombreux ostraca (tessons de poterie portant une inscription), avec des textes en hébreu, furent découverts lors de fouilles à Arad, Beersheba, Quntillet Ajrud et Izbet Sartah (anciennement Ebenezer). Un énorme fragment de poterie porte la description, écrite à l’encre, du système de numération égyptien, sans doute utilisé pour l’enseignement des scribes.

La découverte de manuscrits à Qumran et en d’autres endroits le long du rivage occidental de la mer Morte depuis 1947 révolutionna la compréhension de l’histoire juive tardive et du contexte du Nouveau Testament. Ces documents fournissent de précieuses informations sur l’état du texte biblique avant sa stabilisation au Ier siècle. Ils montrent également que la version grecque du Pentateuque et d’autres livres bibliques est proche du texte hébreu original, qui est différent du texte utilisé comme source pour les traductions modernes de la Bible. Voir Mer Morte, manuscrits de la.

3   HORS DE LA PALESTINE

D’importantes recherches effectuées depuis le XIXe siècle dans tout le Proche-Orient, en Grèce et en Italie permirent de faire revivre le monde évoqué par la Bible. Des expéditions britanniques du milieu du XIXe siècle sur le site de Ninive (à proximité du village moderne de Mossoul en Irak) aboutirent à l’ouverture de la grande bibliothèque d’Assurbanipal, roi assyrien du VIIe siècle av. J.-C. Certaines tablettes de cette bibliothèque comportent les récits babyloniens de la Création et du Déluge, une découverte qui jeta un jour nouveau sur les récits de la Genèse.

Des documents rédigés en écriture cunéiforme de l’antique Mari (site moderne de Tell Hariri), dans l’ouest de la Syrie, éclaircirent certaines prophéties de l’Ancien Testament, permirent d’identifier des lieux et de former le concept de nomadisme tribal. Les tablettes de l’antique Nuzi (site moderne de Yorgham Tepe), dans le nord de l’Irak, fournirent aux chercheurs des informations sur les coutumes du XVe siècle av. J.-C., coutumes qui ont des parallèles dans les textes des Patriarches. Des lettres écrites par les rois de Canaan à leurs suzerains égyptiens et trouvées à Tell el-Amarna, en Égypte, apportent des renseignements précieux sur la situation politique en Palestine un siècle environ avant la conquête israélite. De nombreux codes de lois des grands rois assyriens et babyloniens présentent des analogies avec ceux de l’Ancien Testament.

Les fouilles entreprises par la France de 1929 jusqu’à aujourd’hui à Ougarit (à Ras Shamra), dans l’ouest de la Syrie, mirent à la disposition des chercheurs des milliers de tablettes écrites entre 1400 et 1200 av. J.-C. dans la langue d’Ougarit. (voir Sémitiques, langues). Un grand nombre d’entre elles, de nature littéraire, décrivent les exploits des dieux de la religion cananéenne, dont le dieu de la Tempête Baal (homologue du dieu mésopotamien Adad, ou Hadad), fréquemment mentionné dans la Bible. De plus, le style poétique d’Ougarit a de fortes affinités avec celui des Écritures. Des similitudes furent également relevées dans le vocabulaire, la structure et les procédés littéraires.

En 1945, quelque cinquante manuscrits gnostiques écrits en copte furent découverts sur le site de l’antique Nag Hamadi, en Haute-Égypte. Ils furent datés du IVe siècle, mais l’étude de leurs caractères et de leur contenu révéla qu’il s’agissait de traductions de textes en grec du IIe siècle, ce qui en fait les plus anciennes sources connues du christianisme gnostique. Ils sont très précieux pour la compréhension de l’évolution du christianisme en Égypte, particulièrement dans ses formes hétérodoxes.

Depuis 1964, une expédition italienne placée sous la direction de Paolo Matthiae a mis au jour des palais, une porte monumentale, un rempart, des temples et des maisons privées dans l’antique Ebla (aujourd’hui Tell Mardik) en Syrie centrale. De 1974 à 1976 furent découverts des milliers de tablettes et fragments de tablettes de l’âge du bronze ancien (probablement v. 2500 av. J.-C.). L’écriture cunéiforme des tablettes transcrivait deux langues, le sumérien, pour laquelle fut inventée l’écriture cunéiforme, l’autre sémitique, celle des Éblaïtes et de nombreux autres peuples dans tout le Proche-Orient. Ces textes donnent d’importantes informations sur le commerce et la culture de la Syrie du IIIe millénaire. En 1979, la statue d’un roi syrien fut exhumée à Tell Fakhariye, dans la région d’Habur (Syrie). Elle porte des inscriptions en assyrien (voir Akkadien) et en araméen, et date d’environ 1000 av. J.-C. Elle devrait se révéler d’une grande valeur pour les linguistes, particulièrement les spécialistes de l’araméen, car c’est l’une des plus longues inscriptions connues à une date aussi ancienne dans cette langue. Le texte parallèle en assyrien la rend encore plus précieuse. Voir aussi Archéologie.

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