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Ateliers nationaux

Publié le 12/02/2013

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Ateliers nationaux, institution de la IIe République destinée à employer les chômeurs. Créés dans le département de la Seine par le décret du 6 mars 1848, les Ateliers nationaux furent définitivement supprimés par celui du 28 juin. La Révolution de 1848 fut en partie l'œuvre des ouvriers parisiens, que la crise économique avait réduits à la misère ; le Gouvernement provisoire décida donc de financer différents travaux de terrassement (liés à la construction de la gare Montparnasse entre autres) pour leur garantir du travail. Les Ateliers nationaux furent contrôlés par des élèves de l'École centrale, sous la direction d'Émile Thomas, qui leur donna une organisation de type militaire. Leur institution résulte d'un compromis entre le socialiste révolutionnaire Louis Blanc et les libéraux du gouvernement tel Marie, le ministre des Travaux publics. Il s'agit de la première intervention de l'État dans l'économie. Le système, qui fut diffusé dans les grandes villes par l'intermédiaire des commissaires de la République, montra pourtant rapidement ses limites : le nombre de places se révéla insuffisant pour répondre à la demande, tandis que certains ouvriers étaient payés à ne rien faire. Le coût fut énorme : un million de francs, votés en juin, furent ainsi absorbés en une semaine. Le gouvernement, alors dominé par la bourgeoisie libérale, vit dans les Ateliers nationaux l'image du communisme honni et des « classes dangereuses « redoutées. Dès le 26 avril, à Rouen, une émeute éclata, et plusieurs dizaines d'ouvriers furent tués par la troupe. Le 21 juin, les ouvriers des Ateliers nationaux parisiens — ils étaient alors 117 000 — furent sommés, pour ceux âgés de 18 à 25 ans, de choisir entre partir sur les chantiers de province ou s'engager dans l'armée.

Une délégation ouvrière informelle, dirigée par un certain Pujol (peut-être agent à la solde de Louis Napoléon Bonaparte) (voir Napoléon III), fut éconduite par le ministre Marie le 22 juin ; du 23 au 26, les « journées de juin « furent marquées par l'édification de nombreuses barricades en particulier au faubourg Saint-Antoine, par la mort de l'archevêque de Paris, monseigneur Affre, tué par les insurgés, et surtout par une répression féroce dirigée par Cavaignac : peut-être 5 000 morts, dont 1 500 exécutions sans jugement ; 17 000 émeutiers furent emprisonnés, et près de 15 000 transportations en Algérie furent prononcées.

Le 28 juin, la dissolution des Ateliers nationaux fut arrêtée définitivement. L'expérience, de courte durée, n'aura atteint aucun de ses objectifs ; elle fournit au contraire aux libéraux un solide argument contre toute intervention de l'État dans l'économie. Louis Napoléon Bonaparte, en jouant sur sa relative neutralité dans l'affaire, parvint à réunir sur son nom une écrasante majorité de suffrages à l'élection présidentielle du 10 décembre 1848. Les journées de juin décapitèrent pour plus de dix ans le mouvement ouvrier en France ; modèle selon Marx et Engels de la lutte de classes, elles constituèrent, avant la Commune, la première tragédie de l'histoire du mouvement social français contemporain.

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