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Austrasie

Publié le 13/04/2013

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1   PRÉSENTATION

Austrasie, royaume franc, issu du partage du royaume de Clovis en 511. L’Austrasie disparaît à la déposition de Childéric III (751) par Pépin le Bref, en même temps que les royaumes de Neustrie et de Burgondie.

2   UN ROYAUME AU CŒUR DE L’ESPACE EUROPÉEN

L’Austrasie est évoquée par Grégoire de Tours comme le pays des Austrasii, les Francs de l’Est. Elle correspond à l’est du domaine conquis par Clovis, comprenant les bassins fluviaux de la Meuse, de la Moselle, et les cours moyen et inférieur du Rhin. Metz fait figure de capitale du royaume. La présence des axes fluviaux et de vastes domaines issus des villae romaines, ajoutés à la puissance des évêchés, expliquent l’influence croissante des grandes aristocraties austrasiennes sur l’ensemble du Regnum francorum. L’Austrasie joue également un rôle primordial lors du transfert de la puissance économique de la Méditerranée vers la mer du Nord dont l’affirmation de la monnaie en argent, au détriment du besant d’or, et l’utilisation du parchemin, préféré dès la fin du VIIe siècle au papyrus, sont deux éléments constitutifs.

D’une manière générale, les aristocraties qui dominent l’Austrasie sont récentes, liées aux services militaire ou administratif du roi, officialisés par des serments de fidélité dans le cadre d’un droit oral : en échange de la jouissance d’une propriété, les vassi assurent au roi l’appui de leurs troupes de compagnons d’armes, véritables armées privées susceptibles d’obliger le roi à partager le pouvoir.

Les grandes familles épiscopales et aristocratiques, issues de peuplades franques depuis peu christianisées, imposent les modèles culturels barbares tandis que la tradition gréco-romaine de l’écrit et de la grande construction disparaissent. Les arts de l’orfèvrerie et du bas-relief délaissent la représentation figurative au profit de motifs sinueux et végétaux très élaborés. Les images religieuses (reliquaires ou fibules) montrent essentiellement un Christ vainqueur. Le monachisme bénédictin connaît une grande expansion, fondé au mont Cassin par saint Benoit de Nursie et diffusé dans tout l’espace franc par les guerriers convertis au christianisme catholique, à la suite de Clovis.

3   LE GOUVERNEMENT DU ROYAUME

Les luttes familiales autour des rois mérovingiens jalonnent toute l’histoire politique de l’Austrasie. Dans un premier temps (561-639), elle est dominée par l’affrontement entre les descendants de Clotaire Ier ; après la réunification des royaumes francs par Clotaire II puis Dagobert Ier, l’influence de la famille pippinide (voir Carolingiens) devient progressivement prépondérante (639-751), jusqu’à l’intégration de l’Austrasie à un royaume franc réunifié par Pépin le Bref puis Charlemagne (751-800).

3.1   Les conflits austro-neustriens

La première période, chroniquée par Grégoire de Tours, connaît une succession de guerres familiales, appelées par certains historiens la faide royale. Réunie momentanément à la Neustrie sous le règne de Clotaire Ier (555-561), l’Austrasie recouvre son autonomie à partir de Sigebert Ier (561-575). Avec la reine Brunehaut, le roi lutte durant son règne contre son frère, Chilpéric Ier de Neustrie, lequel fait assassiner en 570 sa propre épouse Galswinthe, sœur de Brunehaut, au profit de sa concubine Frédégonde. Lorsque Sigebert meurt en 575, Brunehaut assure le gouvernement, durant les minorités de Childebert II et de Théodebert II. Après le règne de Thierry II, Clotaire II de Neustrie tue Brunehaut, réunit les deux royaumes et devient seul roi des Francs. Il publie alors un édit de paix et désigne, en 623, son fils Dagobert Ier roi d’Austrasie. Ce dernier hérite du trône en 629 et règne jusqu’en 639 sur tous les Francs.

3.2   Les maires du palais

L’Austrasie est alors de nouveau séparée de la Neustrie : les maires du palais, chargés de l’administration générale du royaume, jouent un rôle croissant. À la mort de Sigebert III (656), Grimoald, fils de Pépin le Vieux (ou de Landen), tente ainsi de substituer son propre fils Childebert « l’Adopté « à l’héritier légitime Dagobert. Childéric II, roi de Neustrie, le fait assassiner et devient roi unique des Francs (673-675). Les rois suivants perdent, en Austrasie puis en Neustrie, toute réelle capacité d’initiative au profit des maires du palais issus de Pépin Ier. Clovis III (675-676), Dagobert II (676-679), Thierry III (687-691), Clovis IV (691-695), Childebert III (695-711), Clotaire IV (718-719), Thierry IV (721-737) et Childéric III (743-751) assurent la pérennité du titre royal, parfois pour la seule Austrasie, parfois pour l’ensemble des royaumes francs comme Childéric III ; mais la brièveté globale des règnes et les nombreuses vacances du trône prouvent que la politique se joue ailleurs, essentiellement chez les maires du palais : Pépin le jeune ou de Herstal (679-714), son fils Charles Martel (714-741) et son petit-fils Pépin le Bref, devenu seul maire du palais en 747 et proclamé roi en 751 après avoir déposé Childéric III.

En Austrasie, la fonction de maire du palais est donc devenue héréditaire et se transmet chez les Pippinides de père en fils, de Pépin Ier à Pépin III, soit pendant plus d’un siècle. Pépin II, puis Charles Martel, unifient les mairies du palais de Neustrie et d’Austrasie, préparant ainsi l’unité du royaume carolingien.

Le succès pippinide s’explique par sa puissance foncière : la famille possède d’immenses territoires sur les bords de la Meuse ; mais aussi par ses liens avec l’épiscopat — Arnoul, évêque de Metz, en est l’un des fondateurs — et par ses succès militaires à la fois contre les Neustriens (Pépin de Herstal) et contre les envahisseurs du Nord (Frisons) ou du Sud (Arabes).

L’Austrasie, berceau de la dynastie carolingienne, est naturellement appelée à devenir le centre du nouvel État constitué par Pépin III et par son fils Charlemagne : l’Empire carolingien.

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