Ayatollah Khomeyni

 
 « J'ai entendu le message de votre révolution. « Le shah d'Iran
 Un homme à la longue barbe blanche, coiffé d'un turban noir, avance difficilement dans une marée humaine qui clame son nom « Khomeyni ! Khomeyni! «, ponctué de l'invocation « Allah Akbar! « (Dieu est grand). L'ayatollah Khomeyni vient de renverser le shah d'Iran et d'instaurer la première République islamique. Khomeyni incarne désormais le réveil de l'intégrisme religieux à la fin du XXe siècle.
 Né près d'Ispahan dans une famille très pieuse, Khomeyni étudie puis enseigne la théologie à Qom. Devenu le chef de la communauté chiite d'Iran en 1962, il s'oppose violemment au régime monarchique du shah. Expulsé de nombreux pays musulmans, il s'installe en France, à Neauphle-le-Château, en 1978. C'est à partir de ce village paisible que Khomeyni conduit la révolution islamique. Remarquable communicateur, il délivre ses messages révolutionnaires par les ondes ou par cassettes. Il accuse le shah d'être un dictateur corrompu à la solde des États-Unis. Il promet une révolution islamique, mélange de principes religieux et de justice sociale. Ce qui explique la présence côte à côte d'islamistes et de communistes lorsque le guide de la révolution rentre en Iran le 1er février 1979.
 Quelques jours plus tard, Khomeyni s'empare du pouvoir et fonde une République islamiste dont il est jusqu'à sa mort le guide suprême. Il s'appuie sur le clergé chiite et la milice armée (les Gardiens de la Révolution) pour imposer la terreur et se débarrasser de tous les éléments révolutionnaires. Désormais seul maître à bord, Khomeyni décide des grandes options politiques et religieuses du pays, et impose une application stricte de la loi coranique (charia) : obligation du port du voile pour les femmes, loi du talion (main coupée pour les voleurs), lapidation en cas d'adultère... La Révolution est plus religieuse et conservatrice que sociale.
 Fustigeant le Grand Satan américain et soucieux de souder la population derrière lui, Khomeyni encourage l'initiative des étudiants musulmans qui, le 5 novembre 1979, prennent en otages des diplomates de l'ambassade américaine. Il s'entête à poursuivre la guerre contre l'Irak (1980-1988) malgré un énorme coût humain et économique.
 Avant de mourir en 1989, Khomeyni lance une condamnation à mort (fatwa) contre l'écrivain Sal- man Rushdie accusé d'avoir blasphémé l'islam dans son livre les Versets sataniques.