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babouvisme

Publié le 12/02/2013

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1   PRÉSENTATION

babouvisme, expression identifiant la pensée égalitaire développée par François Noël Babeuf et par son entourage — pensée considérée comme une matrice du marxisme et du communisme — et usitée à partir de 1794.

2   AUX SOURCES DU BABOUVISME

Plusieurs éléments participent à la construction du babouvisme. De l’esprit des Lumières et de Jean-Jacques Rousseau en particulier (Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, 1755, Du contrat social, 1762), le babouvisme retient comme principe que, puisque la propriété privée est source d’inégalités, d’égoïsme et de conflits, sa suppression fonde toute vraie révolution sociale dont l’objectif est de tendre vers le « bonheur commun «. L’a priori d’une répartition égalitaire de la terre et des biens selon la théorie des besoins constitue donc, pour les babouvistes, une étape capitale vers l’affirmation de la souveraineté du peuple. Le jacobinisme, qui privilégie cette primauté du peuple, y compris dans le droit à la rébellion, participe également à la réflexion babouviste.

Il faut enfin considérer l’expérience du combat de « Gracchus Babeuf « lui-même et les contributions hétérogènes des babouvistes, dont Sylvain Maréchal (1750-1803) et Philippe Buonarroti (1761-1837).

3   UNE THÉORIE POLITIQUE FAROUCHEMENT ÉGALITAIRE

Considéré comme un retour à l’état de nature dans le cadre du contrat social, l’idéal exalté de l’égalité fédère donc la pensée babouviste. Celle-ci juge que l’État doit gérer les biens nationaux : nationaliser au sens propre, plutôt que vendre les biens confisqués (comme il l’a fait avec les biens du clergé). L’État doit, parallèlement, organiser un système de production communautaire apparentable au collectivisme. Ces deux mesures mettraient fin aux inégalités sociales, grâce à la redistribution des richesses ; elles permettraient la saine gestion d’une économie non concurrentielle et, réduisant la pauvreté, détermineraient en définitive la souveraineté et la paix populaires.

Ces conceptions sont développées dans le journal le Tribun du peuple, puis dans le Manifeste des Égaux de Sylvain Maréchal (avril 1796). On y lit : « À la voix de l’égalité, que les éléments de la justice et du bonheur s’organisent ! L’instant est venu de fonder la république des Égaux, ce grand hospice ouvert à tous les hommes. Les jours de la restitution générale sont arrivés. «

4   RADICALISATION ET HÉRITAGE DU BABOUVISME

Dans le Manifeste des Égaux, Maréchal écrit également que « nous prétendons désormais vivre et mourir égaux comme nous sommes nés. […] Nous voulons l’égalité réelle ou la mort […] «.

Ce volontarisme radical explique la préparation de la conjuration des Égaux en 1796. Au nom de la souveraineté du peuple, elle entend renverser le régime bourgeois du Directoire. Même si la conspiration échoue, elle joue un rôle clef dans la diffusion et dans la pérennité de la pensée babouviste. Car certes, comme le souligne l’historien François Furet, « Babeuf occupe une place hors de proportion avec la part qu’il y a prise [à la Révolution] «, mais il n’en demeure pas moins que le babouvisme porte en germe la théorie cardinale du putsch révolutionnaire, de même qu’il participe activement à la définition du marxisme, puis de la souveraineté populaire et du collectivisme dans son acception communiste.

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