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Bakounine, Mikhaïl Aleksandrovitch

Publié le 17/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Bakounine, Mikhaïl Aleksandrovitch (1814-1876), militant et théoricien anarchiste russe qui, après avoir pris ses distances avec le mouvement socialiste dominé par Karl Marx, a contribué à organiser les courants anarchistes du sud de l’Europe.

2   UN MILITANT RÉVOLUTIONNAIRE

Né à Priamoukhino dans une famille aristocratique, Mikhaïl Alexandrovitch Bakounine fait ses études à l’école de Saint-Pétersbourg avant de devenir officier d’artillerie en 1835. Critique vis-à-vis du despotisme militaire, il démissionne de l’armée et se consacre à l’étude de la philosophie. En 1840, il se rend à Berlin où il entre en relation avec la formation hégélienne et apprend la pensée de Friedrich Hegel. Dans un essai rédigé à cette époque, la Réaction en Allemagne (1842), il conclut sa pensée par l’idée que « la joie de la destruction est en même temps une joie créatrice «.

Privé de ses droits civiques pour avoir refusé de rentrer en Russie, Bakounine s’installe à Paris en 1844. Il y fait la connaissance d’émigrés, notamment de Karl Marx et d’Aleksandr Herzen, et se lie avec Joseph Proudhon qui l’influence profondément. Durant le « Printemps des peuples «, il participe avec enthousiasme à la révolution parisienne (1848), au congrès slave de Prague (1848), puis à l’insurrection de Dresde (1849). Arrêté la même année et livré à la police russe en 1851, Bakounine est déporté en Sibérie (1857), d’où il parvient à s’évader, en 1861, en passant par le Japon et les États-Unis, avant de se réfugier à Londres. Depuis la Suisse, il s’engage dans toutes les luttes ouvrières d’Europe — Pologne en 1863, Italie en 1864 — et lie étroitement activité doctrinale et action politique — en 1865, il fonde la Fraternité internationale.

3   UN THÉORICIEN DE L’ANARCHISME

Athée, Bakounine nie l’existence de Dieu, incompatible selon lui avec la liberté de l’homme : « Si Dieu est, l’homme est esclave, or l’homme peut et doit être libre donc Dieu n’existe pas. « De même, à la différence des théoriciens socialistes, il récuse toute forme d’État et ses institutions (armée, police, justice) qui sont une exploitation de l’homme par l’homme : l’État est « une institution historique, transitoire, une forme passagère de la société. « En cela, Bakounine se démarque de Marx qui prône la dictature du prolétariat.

Antimilitariste et anticlérical, Bakounine préconise également l’abolition de la propriété privée et l’expropriation violente de tous les propriétaires. Pour détruire l’ordre ancien, il croit en une révolution qui commencerait par la révolte spontanée de tous les opprimés, et d’abord celle des paysans. Dans le même temps, il croit également nécessaire l’action de sociétés secrètes sapant le vieux monde et approuve le recours aux attentats terroristes recommandé par le révolutionnaire russe Sergueï Guennadievitch Netchaïev — avec lequel il rédige un manuel d’action révolutionnaire (Les règles dont doivent s’inspirer les révolutionnaires, 1869).

En 1868, Bakounine fonde une Alliance internationale de la démocratie socialiste qui regroupe des militants anarchistes de toute l’Europe. Mais, après son adhésion en juillet de la même année à l’Association internationale des travailleurs (AIT) de Karl Marx (voir Ire Internationale), il dissout son organisation par souci d’union et fait entrer ses membres dans l’AIT.

Après la chute du Second Empire, Bakounine est à Lyon, où il incite les ouvriers à se soulever. Le 28 septembre 1870, il parvient à s’emparer de l’hôtel de ville, mais se perd dans des débats théoriques sur le rôle de l’État sans parvenir à organiser cette première forme de commune. Arrêté, expulsé, Bakounine gagne à nouveau la Suisse d’où il approuve, sans pour autant y participer, le soulèvement parisien de 1871.

4   LA RUPTURE AVEC MARX

La Commune de Paris met au jour le clivage entre les membres de l’Internationale : les partisans de Marx voient en elle une première forme de gouvernement prolétarien, tandis que les anarchistes de Proudhon et de Bakounine se retrouvent dans les mesures prises par les maîtres de Paris durant la première moitié de 1871 : suppression de l’armée permanente, élection des hauts fonctionnaires, gestion collective, fédération.

Après l’écrasement du mouvement ouvrier, Marx recommande la constitution du prolétariat en un parti politique. Bakounine et ses partisans s’y opposent et sont exclus de l’AIT lors du congrès de La Haye (1872). Bakounine fonde alors une internationale antiautoritaire. Ses partisans, regroupés en une fédération jurassienne, sont influents dans toute l’Europe du Sud. Face aux socialistes qui tentent alors de se regrouper en un mouvement structuré, les courants anarchistes proposent, fidèles à Bakounine, un autre visage de la révolte ouvrière fondée sur la rébellion individuelle et l’action violente contre l’État bourgeois.

Entre action politique et œuvre théoricienne, Mikhaïl Bakounine reste l’une des principales figures de l’anarchisme international. Ses nombreux ouvrages sont aujourd’hui légion dans la culture anarchiste : Dieu et l’État (1871), la Commune de Paris et la notion de l’État (1871), l’État et l’Anarchie (1873), etc.

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