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Bolívar, Simón

Publié le 13/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Bolívar, Simón (1783-1830), général et homme d’État sud-américain, surnommé el Libertador (« le Libérateur «) en raison de sa participation à la lutte pour l’indépendance de l’Amérique latine contre les forces espagnoles.

2   DE L’EUROPE À LA RÉVOLUTION

Né à Caracas (Venezuela), Simón Bolívar est issu d’une famille aristocrate créole fortement influencée par l’esprit anti-despotique et rationaliste des Lumières qui s’indigne du mépris de la communauté « blanche « laquelle, pourtant numériquement minoritaire, s’octroie tous les postes à responsabilité. Il n’est donc pas surprenant que Simón Bolívar est instruit par un précepteur marqué par le rousseauisme et, qu’à 16 ans, il part découvrir l’Europe. En France, en Espagne et en Italie, il s’imprègne de la philosophie des Lumières et de l’esprit révolutionnaire. Après un court retour au pays natal, il repart quatre ans et revient, en 1807, avec un projet téméraire : abattre le despotisme colonial de l’Espagne en Amérique latine.

En 1807, tout en gérant son domaine, il soutient les conspirations contre l’occupant, mais n’y participe pas directement. En 1810, les rebelles étant vaincus par les troupes loyalistes, il est envoyé en Grande-Bretagne au nom de la « junte suprême « (émanation de la Société patriotique révolutionnaire qu’il a rejointe), afin de négocier un soutien anglais. Il rencontre Francisco de Miranda à cette occasion.

3   VICTOIRES ET EXILS DU LIBERTADOR

En 1811, Bolívar rentre au Venezuela et seconde Miranda dans ses efforts pour proclamer l’indépendance du pays (5 juillet 1811), laquelle détermine le début de la guerre civile entre sécessionnistes et loyalistes. L’Espagne défait Miranda, qui est arrêté et déporté en Europe. Bolívar, qui s’en était éloigné, devient le chef de file des révolutionnaires et, en 1812, il lance de nouvelles expéditions militaires à partir de la Nouvelle-Grenade (actuelle Colombie) où il s’est replié.

En 1813, à la suite de sa défense victorieuse de la Nouvelle-Grenade contre les Espagnols, puis de sa victoire à Taguanes, Bolívar rentre au Venezuela et prend Caracas (6 août), quelques semaines après avoir prononcé le discours de Trujillo, dans lequel il décrète « la guerre à mort « contre les royalistes. Mais, quoique auréolé du titre de Libertador, il ne peut résister à la pression militaire espagnole et doit quitter le pays en juillet 1814. Il s’exile en Jamaïque, puis en Haïti, après avoir été désavoué dans les débats qui divisent les patriotes réfugiés en Nouvelle-Grenade (1815).

4   BOLÍVAR, CHAMPION DE L’IDÉAL UNITAIRE

Cet échec renforce Bolívar dans sa détermination. Depuis Haïti où Alexandre Sabès Pétion, président de la République noire, l’accueille et le protège, il expose ses objectifs : union de la Nouvelle-Grenade et du Venezuela dans une république colombienne, marche vers la démocratie par l’institution transitoire d’un régime autoritaire, recherche de soutiens diplomatiques en Angleterre et en Amérique.

Reste la question du retour sur le continent. Mais, en 1816, la révolte de Juncal déstabilise le pouvoir colonial et permet à Bolívar de reprendre pied sur le continent. En 1817, s’appuyant sur un pouvoir dictatorial constitutionnel (il a instauré un gouvernement révolutionnaire dans la ville d’Angostura, actuelle Ciudad Bolívar, et s’est rendu maître de toute la région de l’Orénoque) et sur son union avec les forces rebelles de José Antonio Páez et de volontaires européens, il revient au Venezuela. Il traverse les Andes pour arriver en Nouvelle-Grenade et remporte une victoire décisive contre les Espagnols à Boyacá (7 juillet 1819), mettant ainsi un terme à la présence coloniale dans cette région.

Le 17 décembre 1819, la république de Grande-Colombie — constituée du Venezuela et de la Nouvelle-Grenade — est proclamée. Bolívar en devient le président. Il assure définitivement l’indépendance vénézuélienne en battant les Espagnols à Carabobo, le 24 juin 1821.

Au terme de cette ascension foudroyante, permise entre autres par ses indéniables qualités de stratège militaire, l’envergure de Bolívar est continentale. Fort de ses succès, il envisage une Amérique latine totalement unie. En 1822, secondé par Antonio José de Sucre, il bat les loyalistes de Quito (Équateur actuel) et en obtient l’indépendance et l’intégration à la Grande-Colombie. Puis, en 1824, il parachève la révolution anti-impérialiste péruvienne et devient président du Pérou (février 1825). Enfin, en mai de la même année, après ses victoires et celles de Sucre, il instaure une république dans le sud du Pérou. Elle reçoit le nom de Bolivie en son honneur.

5   LE RÊVE ET SES LIMITES

Bolívar, qui compte alors de nombreuses victoires militaires, tente de convertir celles-ci en succès politique afin de préserver l’unité et l’indépendance de la région. Mais l’idée qui lui est chère d’un grand mouvement panaméricain échoue dès 1826, lors du congrès de Panamá. Il ne parvient ni à fédérer les États qu’il préside ni à imposer à un continent en ébullition sa conception du passage vers l’indépendance et un régime constitutionnel, dictatorial et conservateur, qui doit faire pièce à l’éventuelle prise de pouvoir par des « médiocres tyranneaux de toutes les couleurs et de toutes les races «. Au reste, dès 1825, il a deviné l’impasse dans laquelle il s’engage en déclarant au premier président de l’Équateur, le général Juan José Flores : « l’Amérique est ingouvernable «.

En 1827, il renonce donc au pouvoir au Pérou et en Bolivie. Deux ans plus tard, après avoir échappé à une tentative d’assassinat et avoir été malmené par la contestation politique intérieure, il assiste, sans pouvoir s’y opposer, à l’éclatement de la confédération de la Grande-Colombie en trois républiques indépendantes : Venezuela, Colombie, Équateur. Le 27 avril 1830, il quitte le pouvoir et reprend la route de l’exil, sur laquelle il meurt le 17 décembre, trop tôt vieilli par la lutte et la déception consécutive à l’échec de son grand rêve unitaire.

La mémoire de Simón Bolívar est honorée dans toute l’Amérique latine. Mythe continental — même si le rêve de l’unitarisme a finalement été très fugace — il s’inscrit au-dessus des figures tutélaires nationales, tel Bernardo O’Higgins au Chili, Antonio José de Sucre en Bolivie ou José de San Martín pour l’Argentine. L’anniversaire de sa naissance est d’ailleurs célébré au Venezuela et en Bolivie.

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