Brissot de Warville

Brissot de Warville (1754-1793), homme politique français.

Abolitionniste et partisan des idées nouvelles, Brissot de Warville compte parmi les figures dominantes de la Révolution française en tant que chef de file des Girondins.

Né à Chartres et fils d’un riche traiteur, Jacques Pierre Brissot choisit d’adjoindre à son patronyme le nom d’un village beauceron où son père possède quelques terres, Ouarville — qu’il change, par anglophilie, en Warville. Greffier d’un procureur à Chartres, Brissot de Warville y étudie le droit et les sciences avant de s’installer à Paris, en 1774. Acquis aux idées nouvelles issues des Lumières, il s’installe comme publiciste et édite plusieurs pamphlets fortement critiqués (sur les gens de justice, sur le droit de propriété, etc.). À partir de 1788, il participe au Courrier de l’Europe dont le siège est à Boulogne-sur-Mer. C’est à cette occasion qu’il rencontre son épouse, Félicité Dupont. Auteur d'un ouvrage considéré comme subversif, la Théorie des lois criminelles (1781), il est embastillé en 1784 pour ses attaques à l'encontre du gouvernement.

Brissot de Warville part ensuite en Angleterre et aux États-Unis, où il participe activement au mouvement abolitionniste. Ce combat l'amène à créer la « Société des amis des Noirs « en 1788, militant pour la suppression de l'esclavage aux colonies.

De retour en France au début de la Révolution, Brissot de Warville ne parvient pas à se faire élire aux États généraux qui doivent se réunir à partir du 5 mai 1789. Aussi, dès le 6 mai, fonde-t-il le journal le Patriote français, dont il obtient l’autorisation royale en juillet. La feuille, qui paraît jusqu’au 2 juin 1793, devient l’âme des révolutionnaires qui partagent ses idées, les « brissotins « (ou Girondins). Membre de la Commune de Paris en 1789, Brissot y réclame la suppression de la traite des Noirs et leur liberté, ce qui amène ses adversaires à le qualifier d’agent de l’Angleterre, cherchant à dépouiller la France de ses richesses coloniales au profit de sa rivale. Partisan de la pétition du Champ-de-Mars après la fuite du roi et son arrestation à Varennes, il demande la déchéance de ce dernier dès juillet 1791. Après le départ des plus modérés pour le club des Feuillants, Brissot de Warville devient l’un des membres les plus influents du club des Jacobins, aux côtés de Maximilien de Robespierre et de Pétion de Villeneuve.

Élu en septembre à l'Assemblée législative, il dirige la commission des Affaires étrangères où, contre l'avis de Robespierre, il met tout son poids en faveur de la déclaration de guerre à l'Autriche (effective en avril 1792). Chef de file des députés Girondins, il considère en effet la guerre comme le plus sûr moyen d'assurer la réussite de la Révolution. Cependant, un discours (26 juillet) et une pétition contre la déposition du roi entament le crédit de Brissot. Après la chute de la monarchie (10 août) et les massacres de septembre qu’il dénonce immédiatement, il est exclu des Jacobins le 12 octobre 1792. Opposé à la politique parisienne des Montagnards, il se fait élire à la Convention comme député d’Eure-et-Loir. Brissot de Warville entame alors une lutte sans merci avec le montagnard Robespierre, combat qui l’amène à sa perte. Lors du procès du roi, il vote pour le sursis (janvier) ; anglophile, il propose de déclarer la guerre à l’Angleterre (février) ; ami du général Dumouriez, il est compromis lors de la trahison de ce dernier (mars-avril).

Discrédité, accusé de fédéralisme par les Montagnards au pouvoir grandissant, Brissot de Warville est arrêté lors de la proscription des Girondins, le 2 juin 1793, mais parvient à s’enfuir. De nouveau arrêté, il est traduit devant le Tribunal révolutionnaire qui le condamne à la peine capitale, le 30 octobre 1793. Il est guillotiné le lendemain, avec plusieurs de ses condisciples.

Les Mémoires de Brissot de Warville ont été publiées en 1830.