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britannique, Empire colonial

Publié le 09/02/2013

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1   PRÉSENTATION

britannique, Empire colonial, ensemble de territoires réunis jusqu’en 1931 par leur allégeance à la Couronne britannique.

2   LES DÉBUTS DE LA COLONISATION

Limitées jusqu’ici au contrôle de la mer du Nord et de la Manche, les ambitions territoriales de l’Angleterre commencent à se manifester sous le règne d’Élisabeth Ire (1558). La première véritable tentative de colonisation est, après Terre-Neuve (1583) et jusque avant les Bermudes (1609), l’implantation d’une colonie en Virginie (1585), sur la côte atlantique américaine, par sir Walter Raleigh, favori d’Élisabeth Ire.

La colonisation est aussi l’œuvre de puritains qui quittent l’Angleterre des Stuart pour fonder, sur une terre vierge, des établissements religieux. Les premiers sont les Pilgrim Fathers (Pères pèlerins), qui quittent Plymouth à bord du Mayflower et débarquent à Massachusetts Bay en 1620. Membres d’une Église séparatiste de Leyde, les colons établissent près du cap Cod une communauté puritaine intransigeante, noyau de la Nouvelle-Angleterre. D’autres exemples suivent ; celui de Rhode Island (1636) est fondé sur le principe de la tolérance religieuse, le Connecticut (1639) sur les croyances congrégationalistes, tandis que Baltimore (1634) abrite des catholiques. Ces colonies, qui entretiennent peu de relations entre elles, constituent des bases stratégiques et commerciales de première importance pour l’Angleterre, engagée contre l’Espagne dans la conquête de nouveaux territoires dans les Caraïbes orientales. Saint-Christophe (aujourd’hui Saint-Kitts) est la première île colonisée (1624). La main-d’œuvre se compose alors d’apprentis blancs venus d’Angleterre.

La guerre civile anglaise, durant les années 1640, loin d’inverser ce processus, l’encourage. Oliver Cromwell mène une diplomatie anti-espagnole en 1655 et encourage la conquête de colonies espagnoles : c’est l’époque des grandes expéditions de piraterie qu’a inauguré Francis Drake, lequel a entrepris, de 1577 à 1580, un périple maritime autour du monde. Ainsi, plusieurs îles des Antilles (Bermudes, Barbade, Antigua et Monserrat), Belize, les Bahamas et enfin la Jamaïque sont arrachés aux Espagnols.

L’acte de Navigation de 1651, stipulant que les importations vers les ports anglais et les colonies ne peuvent se faire que sur des navires anglais ou ceux des pays producteurs, constitue un des premiers fondements juridiques de l’Empire britannique. Le traité de Madrid (1670) marque finalement la reconnaissance de l’Espagne sur les possessions anglaises. Les plantations de canne à sucre, qui remplacent le tabac, prennent un bel essor et la Royal Africa Company, fondée en 1672, est chargée d’amener les esclaves africains aux Caraïbes.

En Amérique du Nord, les Anglais poursuivent leur extension le long du littoral. En 1664, New Amsterdam est prise aux Hollandais par la flotte du duc d’York et rebaptisée New York en son honneur. Par une cession royale, William Penn établit la colonie de Pennsylvanie (1681), administrée selon les préceptes des Quakers. Sous Jacques II (1685-1688), les propriétés et privilèges des colonies américaines sont soumis à un contrôle royal plus strict.

De son côté, la Compagnie des Indes orientales, fondée en 1660, crée un comptoir fortifié à côté de Madras sous l’autorité de l’empereur moghol. En 1690, elle bâtit une nouvelle manufacture, plus en amont du fleuve Hughli, sur un site qui devient Calcutta. Bombay devient possession britannique en 1661 à la suite du mariage de Catherine de Bragance et de Charles II. En 1700, la Compagnie étend ses activités commerciales au Bengale. Ainsi, au début du xviiie siècle, la Grande-Bretagne, bien implantée en Inde, est en mesure de contrer les ambitions des autres puissances, françaises essentiellement.

3   LA RIVALITÉ AVEC LA FRANCE

Après la Seconde Révolution d’Angleterre (1688) laquelle profite à la bourgeoisie commerçante, s’ouvre une nouvelle ère d’expansion et de conquête qui vient heurter les intérêts de l’Espagne, maîtresse d’une grande partie du continent américain, et ceux de la France, qui poursuit énergiquement son expansion outre-mer. De cette rivalité résulte la guerre de Succession d’Espagne (1701-1714), qui oppose la France et l’Espagne à une coalition européenne menée par l’Angleterre. Cette dernière en sort renforcée avec la conquête de Gibraltar (1704) et de Minorque (1708), fondement de la présence de la Grande-Bretagne en Méditerranée.

L’expansion régulière de la Nouvelle-Angleterre, ainsi qu’une nouvelle présence commerciale, fondée sur le commerce des fourrures dans la baie d’Hudson, favorisent à partir des années 1690 la montée des tensions avec la Nouvelle-France (nom donné aux possessions françaises au Canada), établie dans la vallée du Saint-Laurent. La guerre de la ligue d’Augsbourg, qui s’achève par le traité de Ryswick (1697), et la guerre de Succession d’Autriche, prenant fin avec le traité d’Utrecht (1713), marquent la fin de la suprématie française en Amérique du Nord ; les Français doivent céder l’Acadie, Terre-Neuve et la baie d’Hudson.

Après que la brève agitation de la « Bulle des mers du Sud «, qui désigne la spéculation entourant les nouveaux privilèges commerciaux avec l’Amérique espagnole, est retombée (1720), l’intérêt du public pour les affaires d’outre-mer s’amenuise. Le Premier ministre sir Robert Walpole (1721-1742) fait preuve de modération. Néanmoins plusieurs lois contribuent à poser les fondements de l’Empire. L’acte de déportation de 1718 organise la déportation des criminels vers l’Amérique du Nord. La Géorgie devient la treizième colonie américaine (1732), tandis que l’expansion de la Nouvelle-Angleterre menace les établissements français. Le sucre produit sur les plantations des Indes occidentales est devenu la première importation de la Grande-Bretagne, tandis que 70 000 esclaves par an traversent l’Atlantique. Désormais, les Caraïbes britanniques entretiennent des liens plus étroits avec la métropole que les colonies américaines.

L’arrivée de William Pitt encourage la reprise des projets expansionnistes. En 1758, le général Braddock s’empare de la forteresse française de Louisbourg, accédant de ce fait à la vallée du Saint-Laurent ; la même année, le général Wolfe prend Québec. Dans les Caraïbes, les forces britanniques s’emparent d’un grand nombre d’îles sucrières françaises. En Inde, les Britanniques accroissent les régions contrôlées par la Compagnie des Indes orientales. Lors de la bataille de Plassey (juin 1757), Robert Clive bat ses rivaux indiens et français et fait de la Compagnie orientale britannique la première puissance du Bengale.

La rivalité franco-britannique culmine avec la guerre de Sept Ans (1756-1763). Par le traité de Paris, la Grande-Bretagne obtient de la France le reste de l’Amérique française au Canada et à l’est du Mississippi, plusieurs îles des Antilles (Grenade, Saint-Vincent, Tobago), et les comptoirs du Sénégal, à l’exception de Gorée. De l’Espagne, elle reçoit la Floride. Ainsi, à la fin des années 1760, la Grande-Bretagne domine une grande partie de l’Amérique (du Labrador à la Guyane) et de l’Inde (dans la plaine du Gange et dans le Deccan).

4   LA FIN DU « PREMIER EMPIRE BRITANNIQUE «, ET L'ESSOR DU LIBÉRALISME

La proclamation de l’indépendance des treize colonies britanniques en 1776, au cours de la guerre de l’Indépendance américaine, sonne le glas du « Premier Empire britannique «. La consolidation et le renforcement du contrôle de Londres sur l’Empire sont désormais les maîtres mots de la politique, d’autant qu’un courant défavorable aux principes de la colonisation se fait entendre. Les grandes fortunes personnelles amassées en Inde par Clive et Warren Hastings (gouverneur général du Bengale de 1772 à 1784), qui leur valent le terme péjoratif de « nabab «, déterminent Londres à réguler les affaires de la Compagnie des Indes orientales. La loi indienne de 1785 soumet l’administration de la Compagnie à l’examen d’un comité de surveillance. Sous l’autorité du gouverneur général (1786-1793) lord Cornwallis, l’Inde est dotée d’une administration, tandis que le rôle de la Compagnie des Indes orientales est limité à un rôle commercial. La loi sur le Canada de 1791 tente de rationaliser la présence britannique au nord du 49e parallèle en séparant le Haut-Canada (Ontario) du Bas-Canada (Québec), à forte majorité française. À la suite des explorations du capitaine Cook dans le Pacifique au cours des années 1770, une flotte est envoyée à Botany Bay, en Australie, sous le commandement du capitaine Philip, lequel établit une colonie dans la baie de Sydney en 1788.

Après la bataille de Trafalgar (1805), la Grande-Bretagne, devenue maîtresse des mers et ayant renforcé sa position en Méditerranée, s’efforce de développer un vaste réseau de comptoirs dans les océans Atlantique et Pacifique. En effet, l’objectif n’est pas tant la conquête de nouveaux territoires que la nécessité de trouver de nouveaux débouchés aux produits manufacturés. L’Inde fait néanmoins figure d’exception. Le mandat de gouverneur général de lord Wellesley (1798-1805) est marqué par une série de nouvelles conquêtes, de sorte qu’en 1805 la Grande-Bretagne contrôle effectivement Delhi et a ôté tout pouvoir à l’empereur moghol.

L’Amérique n’est le théâtre d’aucune opération jusqu’à ce qu’un conflit portant sur des droits de neutralité commerciale et des frontières mène à la guerre anglo-américaine, au cours de laquelle les Américains brûlent York dans le Haut-Canada et les Anglais saccagent Washington. La participation des Pays-Bas aux côtés de la France permet à la Grande-Bretagne de s’emparer de possessions comme le cap de Bonne-Espérance, Ceylan et une partie de la Guyane. La majeure partie, sinon l’intégralité, de ces possessions sont conservées par l’accord obtenu au congrès de Vienne en 1815.

À cette date, la Grande-Bretagne est à la tête d’un vaste empire. Aux possessions acquises antérieurement sont adjoints Malte, la Trinité et Sainte-Lucie aux Antilles, l’île Maurice, les Seychelles, la province de Wellesley en Malaisie, et d’importants territoires en Inde et en Australie. D’autres territoires sont conquis par la suite dans le but de faire échec aux ambitions des autres puissances impériales. C’est le cas de Singapour et Malacca (1819, 1824), la Côte-de-l’Or (1821), les Falklands (1833), Aden (1839), la Nouvelle-Zélande (1840) et Hong Kong (1842).

En Inde, où la colonisation est devenue systématique, la révolte des cipayes (1857) amène Londres à considérer différemment sa présence. La Compagnie des Indes orientales est liquidée en 1858 et l’administration passe directement sous le contrôle du gouvernement britannique, avec un vice-roi et un secrétaire d’État propre qui siège au Conseil des ministres à Londres. La volonté de réforme affichée par la Couronne britannique se manifeste également, sous l’effet conjugué d’une surabondance de sucre sur le marché (l’exploitation de la canne à sucre utilisant une main-d’œuvre servile) et d’une campagne anti-esclavagiste, avec une loi interdisant la traite des esclaves en 1807 puis, en 1834, une autre sur l’abolition de l’esclavage (l’émancipation a lieu en 1838). L’abandon de l’ancien système colonial est étroitement lié à l’avènement du libre-échange. En 1851, l’acte de Navigation est abrogé. Progressivement, le principe de « gouvernement responsable « s’impose au détriment d’un contrôle impérial coûteux.

Ce principe est tout d’abord appliqué au Canada en 1840, ce qui permet aux Britanniques de retirer leurs garnisons tout en conservant la mainmise sur les relations internationales et la défense extérieure. En 1867, le Canada obtient le statut de dominion (État politiquement indépendant au sein de l’Empire). Les colonies australiennes se voient octroyer un gouvernement responsable dans les années 1850 (le statut de dominion est octroyé en 1901).

5   L’EXPANSIONNISME EFFRÉNÉ

L’ouverture du canal de Suez, en 1869, modifie en ouvrant de nouvelles routes commerciales les données des politiques impériales britanniques et françaises — mais également allemandes — engagées dès lors dans une course expansionniste effrénée. Le gouvernement conservateur de Benjamin Disraeli (1874-1880) donne l’élan à une politique résolument offensive. La Grande-Bretagne prend ainsi une part active au partage de l’Afrique.

La colonisation est parfois le fait d’individualités comme Cecil Rhodes, qui dépasse même les intentions de Londres en suscitant l’instauration du protectorat du Bechuanaland (aujourd’hui Botswana) en 1885 et la création de la Rhodésie en 1894. Les opposants les plus farouches à l’expansion britannique sont les Boers du Transvaal et de l’État libre d’Orange. En Afrique orientale, les explorateurs britanniques se montrent actifs dès les années 1850 dans la recherche des sources du Nil ; en 1864, sir Samuel Baker découvre le lac Albert (aujourd’hui Mobutu). L’acquisition de l’Ouganda (1894) assure définitivement la prédominance politique de la Grande-Bretagne dans la région. Au même moment, l’implantation des Britanniques au Kenya suit son cours, mais reste hésitante jusqu’en 1914.

En Inde, la reine Victoria prend le titre d’impératrice des Indes en 1876. Le gouvernement libéral élu en 1906 tente de revenir à un style impérial moins spectaculaire. Dans un « geste magnanime « il accorde l’autonomie au Transvaal et à l’État libre d’Orange, ouvrant ainsi la voie à une Union sud-africaine en 1910, suite à un accord entre les communautés blanches. La conférence coloniale de 1907, la première de ce type, pose les fondements des futures institutions du Commonwealth.

6   DE L’EMPIRE AU COMMONWEALTH

L’Empire britannique reste solidement uni lors de la Première Guerre mondiale. Tous les dominions prennent part sans réserve à l’effort de guerre allié. Les troupes australiennes et néo-zélandaises (Gallipoli, en 1915) et canadiennes (sur la crête de Vimy, en avril 1917) jouent un rôle essentiel. Des troupes indiennes se battent à de nombreuses reprises en France, en Afrique orientale et au Moyen-Orient. Mais lorsque le tribut payé à la guerre augmente après 1916, la loyauté impériale s’amenuise. La conscription est rejetée en Australie en 1917, et fortement combattue au Québec français. En Inde, Mohandas Gandhi, après son retour d’Afrique du Sud en 1915, lance de vigoureuses campagnes antibritanniques.

Le traité de Versailles (1919) accorde à la Grande-Bretagne l’essentiel des territoires de l’Empire allemand d’Afrique (Sud-Ouest africain, Tanganyika, parties du Togo, du Cameroun), tandis qu’un nouvel impérialisme s’ouvre dans le monde arabe, avec l’attribution par la SDN de mandats sur la Transjordanie, l’Irak et la Palestine. Cependant, en 1919, la Grande-Bretagne ne peut plus faire face aux besoins d’un empire largement surdimensionné. Dans les années vingt et trente, les différents gouvernements s’attachent à élaborer des politiques maintenant l’Empire à peu de frais tout en évitant sa désintégration.

L’Égypte (1922) et l’Irak (1932) obtiennent leur indépendance. Les revendications des dominions en faveur d’une pleine autonomie constitutionnelle sont satisfaites en 1931 avec l’adoption du statut de Westminster qui, bien que la Couronne reste le symbole de l’unité, consacre la fin de l’Empire et la naissance du Commonwealth, réunissant librement les États souverains sous l’allégeance de la Couronne britannique. L’Irlande du Sud se voit offrir le statut de dominion sous le nom d’État libre d’Irlande le 6 décembre 1921 (en 1937, elle abandonne ce statut pour devenir une république). Le souvenir du massacre d’Amritsar (1919), au cours duquel l’armée britannique ouvre le feu sans distinction sur des manifestants, nuit aux affaires indiennes durant toute cette période. Des réformes constitutionnelles (1919, 1935) sont adoptées mais la lutte contre le parti du Congrès demeure sans issue. Dans ses colonies africaines, la Grande-Bretagne s’efforce d’appliquer le principe d’Indirect Rule, une administration des populations indirecte et peu onéreuse, par le biais d’institutions locales fondées sur l’autorité des chefs indigènes.

La Seconde Guerre mondiale achève de briser l’Empire britannique. Les dominions entrent dans la guerre aux côtés de la Grande-Bretagne en 1939, mais se montrent plus circonspects (l’Eire demeure neutre durant tout le conflit). Le gouvernement britannique s’attache à donner une image plus progressiste. Des lois sur le développement colonial et la santé sont votées en 1940 et en 1945 et le Premier ministre Churchill signe avec le président Roosevelt la charte de l’Atlantique en 1941, laquelle proclame le droit universel à l’autodétermination. Pour obtenir le soutien de ses colonies, Londres doit se résoudre à faire des promesses.

En Asie du Sud, les effets sont immédiats : l’Inde (1947), Ceylan (1948) et la Birmanie (1948) accèdent à l’indépendance. Seule cette dernière quitte le Commonwealth. En 1948, les Britanniques abandonnent leur mandat sur la Palestine. En Afrique, seules de modestes avancées vers l’autonomie sont envisagées au début, mais des émeutes à Accra, en février 1948, incitent le gouvernement à la conciliation. La Côte-de-l’Or (le futur Ghana) est, en 1957, la première colonie britannique africaine à accéder à l’indépendance au sud du Sahara (le Soudan, au nord, est devenu indépendant en 1956). En Afrique orientale et centrale, la présence de colons blancs rend l’évolution plus complexe et souvent (comme dans le cas de la révolte des Mau-Mau au Kenya après 1952) plus conflictuelle. L’attitude du gouvernement conservateur de Harold Macmillan après 1959 favorise l’accession à l’indépendance du Nigeria (1960), de la Sierra Leone (1961), du Tanganyika (1961), de l’Ouganda (1962), du Kenya (1963), de la Zambie (1964), du Malawi (1964), de la Gambie (1965), du Botswana (1966) et du Swaziland (1968).

Dans l’ensemble, la décolonisation se fait sans trop de heurts, à l’exception de la Rhodésie, où une révolte des Blancs provoque plusieurs années de guérilla avant que l’indépendance du Zimbabwe ne soit officiellement proclamée en 1980.

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