Buthelezi, Gatsha Mangosutu
Publié le 07/04/2013
Extrait du document
1 | PRÉSENTATION |
Buthelezi, Gatsha Mangosutu (1928- ), chef zoulou de la tribu buthelezi et fondateur du parti de la Liberté Inkatha (Inkatha Freedom Party, IFP) en Afrique du Sud.
2 | UN CHEF DE TRIBU |
Né à Mahlabatini, dans l’actuelle province du Kwazulu-Natal, Mangosuthu Buthelezi est apparenté, par sa mère la princesse Magogo, à la famille royale zoulou. En 1948, il commence des études supérieures à l’université de Fort Hare. C’est là que sa conscience politique se développe, au contact notamment des militants de la Ligue de la jeunesse du Congrès national africain (ANC), engagé dans la lutte contre la discrimination raciale. Ses activités politiques lui valent d’être renvoyé de l’université de Fort Hare en 1950, mais il parvient à poursuivre ses études à l’université de Natal (Durban) et obtient en 1951 un diplôme d’histoire et d’administration locale. En 1953, il retourne à Mahlabatini et devient le chef de la tribu buthelezi.
3 | LE FONDATEUR DE L’INKATHA |
En 1970, Mangosuthu Buthelezi est élu à la tête de l’autorité territoriale du Zululand. La création des bantoustans — territoires autonomes peuplés exclusivement de populations noires de langues bantoues et institués par le pouvoir blanc dans le cadre de sa politique d’apartheid — va permettre son émergence sur la scène politique sud-africaine. Devenu Premier ministre du Kwa Zulu en 1972, il s’oppose toutefois à l’indépendance totale des bantoustans, qui vise essentiellement à écarter les Noirs de la nation sud-africaine, estimant qu’elle rend impossible toute action contre la ségrégation raciale.
En 1975, il crée le mouvement Inkatha, fondé sur la tradition zouloue. Ouvert en principe à tous les Bantous, celui-ci est de fait essentiellement constitué de Zoulous. Mangosuthu Buthelezi le transforme en un parti politique, le parti de la Liberté Inkatha (Inkatha Freedom Party, IFP), qui impose rapidement son hégémonie sur le Kwazulu. Accusé d’entretenir le tribalisme, il tente, en vain, de forger une alliance entre Noirs, Métis et Asiatiques.
4 | LE RIVAL DE NELSON MANDELA |
Dans les années 1980, la rivalité politique s’exacerbe entre l’IFP et l’ANC de Nelson Mandela, les deux mouvements visant à rassembler les populations noires pour peser sur le gouvernement blanc et accéder au pouvoir dans une Afrique du Sud multiraciale. Considéré comme l’instrument du pouvoir blanc, Mangosuthu Buthelezi est accusé de mettre en avant les intérêts ethniques en détriment de l’unité nationale, et de contribuer ainsi à la stratégie de division menée par le régime ségrégationniste, qui parvient à réveiller les antagonismes ethniques traditionnels entre Zoulous et Xhosa, qui composent la majorité de l’ANC.
Le conflit entre les partisans de l’IFP et ceux de l’ANC prend la forme d’affrontements meurtriers, notamment dans les townships, les ghettos urbains des grandes villes. La violence, exacerbée par le pouvoir blanc, qui soutient financièrement et militairement l’IFP, atteint son apogée entre 1985 et 1994.
5 | UN LEADER DE PLUS EN PLUS ISOLÉ |
Lors du démantèlement de l’apartheid, l’ANC s’impose comme le principal interlocuteur du Parti national (le parti au pouvoir) pour la refonte du système politique sud-africain. L’IFP et son chef sont toutefois associés au processus d’ouverture. Lors des premières élections multiraciales d’avril 1994, l’IFP, avec 10,4 p. 100 de votes, remporte 43 sièges sur les 400 sièges de l’Assemblée nationale. Mangosutu Buthelezi devient le ministre de l’Intérieur du nouveau gouvernement sud-africain dirigé par le président Nelson Mandela, poste qu’il retrouve en juin 1999 dans le gouvernement de Thabo Mbeki. Il le conserve jusqu’aux élections générales de 2004, qui marquent une défaite cuisante pour l’Inkatha, tant au niveau national que dans son fief historique du Kwazulu-Natal.