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Canuts, révolte des

Publié le 12/02/2013

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Canuts, révolte des, insurrections des ouvriers de la soierie lyonnaise, en 1831 et 1834. Les deux révoltes des Canuts furent le signal des premiers conflits sanglants entre la monarchie de Juillet et une population ouvrière qui l'avait installée au pouvoir lors des Trois Glorieuses (voir Révolution de juillet 1830). La première fut purement un conflit de classes, au cours duquel le pouvoir central, après avoir hésité, prit fait et cause pour les patrons défenseurs de la liberté des salaires. La seconde associa à la colère sociale une revendication politique : celle de la République.
Le début des années 1830 fut marqué par une crise économique grave liée, en particulier, à l'épidémie de choléra. Bien que relativement protégés, les ouvriers de la soie de Lyon, les canuts, réclamèrent, par l'intermédiaire de leurs sociétés de secours mutuelles, un prix de façon fixe aux autorités municipales et parallèlement au préfet du Rhône, Bouvier-Dumolart. Le 25 octobre 1831, une commission mixte acceptait le tarif revendiqué tandis que 6 000 chefs d'ateliers défilaient pour montrer leur détermination ; de nombreux fabricants signèrent, le lendemain, un accord avec les autorités compétentes.
Toutefois, une centaine de récalcitrants s'y refusèrent ; un appel à boycotter leurs commandes fut placardé. La troupe voulut alors intervenir pour rétablir l'ordre et, le 21 novembre, dirigés par un ancien des Cent-Jours, Lacombe, les canuts édifièrent quelques barricades sur la colline de la Croix-Rousse. Les affrontements firent des morts ; aussi, le lendemain, l'insurrection était-elle étendue à tous les quartiers ouvriers de Lyon et de nombreux gardes nationaux et fantassins pactisèrent avec les canuts. Le 23, l'hôtel de ville était évacué et le général Roguet reprenait l'offensive, alors que Bouvier-Dumoulard négociait avec Lacombe. Malgré leurs tentatives, les républicains n'étaient pas parvenus à donner un contenu politique au mouvement. Le 24, un comité associant des canuts modérés à l'adjoint au maire Roisset reprit place à l'hôtel de ville et des troupes venues des départements environnants reprirent la ville. Le préfet fut destitué, le tarif aboli et le maréchal Soult assura une dictature transitoire avec 10 000 hommes. L'échec d'une insurrection aux revendications sociales et la sévérité de la répression permirent aux républicains de s'implanter beaucoup mieux dans le milieu ouvrier lyonnais.
La seconde révolte fut effectivement beaucoup plus républicaine et radicale, bien que née d'une colère sociale — la réduction, décidée en février 1834, du salaire de certains ouvriers. Lyon avait connu, depuis 1831, une floraison de journaux républicains et de clubs plus ou moins clandestins. Une première grève s'acheva à la demande des républicains eux-mêmes, le 22 février ; le mécontentement restait latent et, le 5 avril, des troubles entraînèrent mort d'homme lorsque les mutuellistes organisateurs du mouvement passèrent en jugement. Le 6, 8 000 ouvriers assistèrent à l'enterrement. Ceci n'empêcha pas la reprise du procès. La révolte éclata alors, du 9 au 12 avril, encadrée par des militants de la charbonnerie, des républicains, des mutuellistes comme Charles Lagrange. Ils tentèrent d'enflammer le pays entier — en vain. Ils parvinrent cependant à récupérer les fusils des gardes nationaux et des troubles étaient enregistrés à Saint-Étienne, Arbois, Marseille entre autres. La répression, sur les ordres d'Adolphe Thiers, attendit que l'émeute se soit stabilisée et fut terrible : le général de Fleury la mena le 12 avril. Il perdit 129 hommes et eut 300 blessés, tandis que les insurgés et les civils eurent 192 tués et 500 blessés. Le lien entre mouvement ouvrier et mouvement républicain était provisoirement rompu et Lyon était désormais, pour le pouvoir central, une ville sous surveillance.
Les révoltes des Canuts, par leur violence, par le caractère à la fois très réactionnaire du corporatisme des ouvriers et très moderne des revendications sociales, par la mémoire toujours vivante qu'elles montrèrent de la Révolution française (on data des circulaires de l'an XLII de la République), par l'impitoyable inflexibilité du patronat des fabriques et du gouvernement, furent le premier modèle des grandes turbulences politiques et sociales du XIXe siècle.
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