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Cartel des gauches

Publié le 19/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Cartel des gauches, alliance électorale, proposée par les radicaux et acceptée par les socialistes de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) en 1923, qui a remporté les élections législatives de mai 1924 en France.

2   UNE ALLIANCE DES RADICAUX ET DES SOCIALISTES

Pour les radicaux, qui se sont peu à peu démarqués du Bloc national à partir de 1921, il s’agit, d’une part, de regagner les positions perdues lors des élections de 1919 qui ont vu triompher la droite nationale (voir Bleu horizon, chambre), et, d’autre part, d’imposer, en matière de politique étrangère, une alternative à la raideur revancharde des partisans exclusifs du slogan « L’Allemagne paiera «. Les radicaux manifestent ainsi leur opposition à l’occupation de la Ruhr par l’armée française en 1923. Sur le plan intérieur cependant, depuis le début du siècle, avec l’adoption de l’impôt sur le revenu et les lois sur la séparation de l’Église et de l’État, la majeure partie des revendications radicales a été satisfaite.

Pour les socialistes, encore assez puissants sur le plan parlementaire mais relativement coupés de leur base militante depuis le congrès de Tours (1920) où celle-ci s’est ralliée à la IIIe Internationale, il s’agit de faire avancer des revendications sociales tout en renforçant leur emprise électorale. Ils approuvent la constitution du Cartel en janvier 1924 au congrès de Marseille.

3   DE LA VICTOIRE À LA DÉCEPTION

La victoire électorale est au rendez-vous (11 mai) : une centaine de socialistes et 137 radicaux assurent une majorité au Cartel. Celui-ci a organisé sa propagande en désignant le « mur de l’argent « comme le responsable de la crise monétaire dans laquelle la France se débat depuis 1919 ; sa victoire fait craindre la mise en place d’un impôt sur le capital et de nombreux transferts de fonds sont organisés immédiatement. Le président de la République qui défend les intérêts de la droite modérée, Alexandre Millerand, est contraint à la démission par la Chambre qui refuse d’investir tous les présidents du Conseil qu’il propose ; le candidat du Cartel, Paul Painlevé, est cependant battu par Gaston Doumergue, président du Sénat et radical modéré (13 juin).

Édouard Herriot, maire inamovible de Lyon et président tout aussi inamovible du Parti radical, est choisi comme président du Conseil le surlendemain. En fait, le cabinet Herriot ne peut tenir longtemps face à une crise monétaire qu’il ne domine pas (le franc perd la moitié de sa valeur face à la livre entre juin 1924 et juillet 1926) et face à l’opposition décidée de la droite modérée emmenée en particulier par Millerand et Raymond Poincaré. De plus, la SFIO a choisi d’apporter un soutien sans participation et les radicaux indépendants, nécessaire appui au gouvernement, restent très circonspects. Autant la peur est grande à droite, autant les résultats de l’expérience du Cartel sont en fin de compte faibles.

Herriot chute en avril 1925 ; Painlevé à deux reprises, puis Aristide Briand à deux reprises, puis Herriot à nouveau se succèdent à Matignon, soutenus par une coalition de plus en plus limitée. En juillet 1926, Doumergue peut enfin désigner un ministre selon son cœur politique en la personne de Raymond Poincaré : une période de retour à la stabilité monétaire et à une relative prospérité s’ouvre alors.

Le Cartel des gauches, dont l’arrivée au pouvoir avait créé un traumatisme à droite, a été la première grande déception de la gauche française. Divisé, incohérent quant aux choix économiques et sociaux, sans réel programme en matière de politique étrangère, malgré quelques tentatives pour rompre avec la politique de force du Bloc national et jeter les bases d’une sécurité collective en Europe ; il n’a en fait pas innové, ni en matière d’idées politiques, ni en matière de personnel. Cette expérience d’alternance manquée témoignait peut-être déjà d’une certaine usure du parlementarisme de la IIIe République.

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