Castro, Cipriano

Castro, Cipriano (1859-1924), chef militaire et homme d’État vénézuélien, président du Venezuela (1899-1908).

Né à Capacho dans une famille d’agriculteurs de la région andine du Táchira, Cipriano Castro est très jeune influencé par le libéralisme colombien. Gardien de bétail de son état, il entre en politique, se distingue comme caudillo militaire et participe à la tête d’armées improvisées aux conflits civils qui agitent sa région (1886-1892). En 1888, il devient gouverneur du Táchira, puis en est élu député.

Nommé général par le président Raimondo Andueza Palacio en 1892, il est chassé du pays par la « Révolution légaliste « (1893-1898). De son exil colombien, il attaque par voie de presse la nouvelle politique officielle. Puis en 1899, à la tête d’une armée privée, il mène la campagne de la « Revolución Liberal Restauradora « (« Révolution libérale restauratrice «) contre le gouvernement affaibli d’Ignacio Andrade ; s’étant emparé de Caracas en octobre, il devient de facto président de la République vénézuélienne.

Dès son arrivée au pouvoir, Cipriano Castro doit faire face à une guerre civile qui déchire le Venezuela ; ayant vaincu les caudillos régionaux responsables de la fragmentation politique du pays, il les intègre dans l’appareil administratif du nouvel État autoritaire. Libre d’ennemis, le régime se stabilise autour d’un puissant « cercle valencien « originaire des Andes, qui octroie monopoles et prébendes aux patrons locaux, tandis que le pays végète économiquement. Sur le plan social, seuls un code des mines et le divorce sont établis.

Sur le plan international, le régime de Cipriano Castro est marqué par le blocus anglo-italo-allemand du pays à la suite d’un défaut de remboursement de la dette (décembre 1902-février 1903). C’est à cette occasion que le ministre argentin des Affaires étrangères, Luis María Drago, énonce un principe selon lequel toute dette publique présentée sous forme de titres et contractée par un État souverain du continent américain ne peut être la cause d’une intervention militaire européenne en territoire américain (doctrine Drago, pendant latino-américain de la doctrine de Monroe). En définitive, le tribunal de La Haye adopte la doctrine après modification mais règle le conflit en faveur des Européens (1904), et le Venezuela s’acquitte de ses obligations trois ans plus tard.

Au terme de son mandat, Cipriano Castro a unifié le Venezuela et a préparé la longue dictature de son vice-président, Juan Vicente Gómez, qui profite d’une opération chirurgicale du « petit caporal « en Allemagne pour le renverser, en 1908. Déclaré persona non grata dans chacun de ses pays d’exil, Cipriano Castro s’installe finalement à Puerto Rico où il meurt.