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Circulaire aux maquis de la Résistance Unie

Publié le 04/04/2013

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En 1943, la Résistance en France est désormais très organisée. La lutte clandestine contre l’occupant requiert une rigoureuse prudence. Elle impose aussi la multiplication d’actions communes aux réseaux, pour renforcer l’action subversive et combattante. En témoigne la création des maquis de la « Résistance Unie «, qui réunissent les hommes de Combat, Libération et Franc-Tireur. À ces combattants de l’ombre, il s’agit de donner, par circulaires interposées, une résolution commune, d’insuffler du courage, le sens de l’abnégation et la haine de l’adversaire, celui de l’extérieur (l’Allemand), comme celui de l’intérieur (le pétainiste).

Circulaire aux maquis de la Résistance Unie

 

MAQUIS (Circulaire n° 2) À lire à tous les hommes des maquis de la Résistance Unie (Combat, Libération, Franc-Tireur) 1° Tout homme qui sollicite son admission dans le maquis de la Résistance Unie est non seulement un réfractaire à la réquisition allemande, mais un franc-tireur volontaire et un auxiliaire de l’Armée secrète des Forces Françaises Combattantes, commandées par le général de Gaulle et le Comité National Français. 2° Il accepte de se soumettre à la discipline très dure des maquis et d’obéir sans discussion à tous les ordres qu’il recevra du chef désigné ou confirmé par les cadres de l’organisation des maquis. 3° Il renonce jusqu’à la fin de la guerre, à communiquer avec sa famille ou ses amis. Il gardera le secret absolu sur la situation des refuges, la personnalité de ses chefs et de ses camarades. Il sait que toute infraction à cette défense sera punie de mort. 4° Il déclare comprendre qu’aucune aide spéciale ne peut être apportée à sa famille, sans la signaler à la jalousie et aux dénonciations des voisins. 5° Il sait qu’aucune promesse de salaire régulier ne peut lui être faite, que sa subsistance et son armement même sont incertains. Il déclare comprendre que la moindre chose qui lui parviendra n’a été obtenue et distribuée que par un effort constant, au prix d’énormes difficultés et de dangers extrêmes pour tous les cadres supérieurs et les organes de liaison. Il respectera la propriété privée, et la vie des citoyens français, alliés ou neutres, non seulement parce que l’existence des maquis dépend de leur bonne entente avec la population, mais parce que les hommes du maquis sont l’élite du pays et qu’ils doivent donner à tous l’exemple et la preuve que la bravoure et l’honnêteté vont de pair chez les vrais Français. 6° Le ravitaillement et l’habillement des maquis peuvent nous obliger à ordonner des opérations de pillage des magasins des forces de police de Vichy, ou même de leurs chantiers, des réserves de vivres ou d’habillement du Secours National ou des prisonniers. Ces coups de mains qui seront limités à l’indispensable pour que soit assurée à tout prix la subsistance des réfractaires, seront exécutés par des hommes d’élite, choisis avec un soin tout particulier pour leur haute valeur morale. Aussitôt que l’armement le permettra, ces opérations se feront exclusivement sur les réserves de l’armée d’occupation. 7° Naturellement, aucune distinction de confession religieuse ou d’opinion politique n’est faite, en ce qui concerne l’adhésion des candidats. Catholiques, protestants, musulmans, juifs ou athées, royalistes, radicaux, socialistes ou communistes, tous les Français qui veulent se battre contre l’ennemi commun sont les bienvenus parmi nous. Le volontaire s’engagera à respecter les opinions ou croyances de ses camarades. La tolérance était une des plus belles vertus françaises. Seuls les valets d’Hitler ont essayé d’inventer le fanatisme en France. Non seulement l’homme du maquis respectera les croyances et les opinions de ses camarades, mais il sera pour eux un ami dévoué, un frère d’armes. Le salut de tous en dépend, et cela peut seul rendre supportable la vie dans les refuges de la Résistance. Chacun devra oublier ses manies, son égoïsme et même ses goûts. Se sacrifier pour un camarade, prendre sa place à la corvée quand il est fatigué, au danger dans tous les cas, sont les moindres vertus qu’on puisse exiger d’hommes placés dans notre situation. Jamais un blessé ne devra être abandonné. Les cadavres devront être emportés et enterrés chaque fois que cela sera possible humainement. 8° Le volontaire du maquis ne sera armé que lorsque son endurance, son entraînement et sa discipline le rendront digne de recevoir une de nos armes, très rares et par conséquent très précieuses. Il devra prendre le plus grand soin de celle-ci, la tenir avec une propreté scrupuleuse, la conserver près de son corps ou dans la main, sauf s’il doit la confier à l’armurier de son camp. Toute perte d’arme sera punie de mort. Cette sanction est dure mais indispensable pour le salut de tous. 9° Le volontaire tiendra ses effets et son corps aussi propres que possible. La santé physique et la santé morale en dépendent et elles sont précieuses pour le salut de la Nation. 10° Tout homme des maquis est un ennemi du maréchal Pétain et des traîtres qui lui obéissent. LA FRANCE VIT ET VIVRA ! Mezeray Le 25 mai 1943.

 

 

Source : in Noguères (Henri), Histoire de la Résistance en France de 1940 à 1945, Paris, Robert Laffont, 1972.

 

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