Comment expliquer l'abstentionnisme croissant a l'heure actuelle ?
Publié le 22/03/2014
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Introduction: Voter est un droit , c'est aussi un devoir civique tels sont les mots inscrites sur la carte electorale francaise , que tous les citoyens avec pourraient ou devrait en sa possession . Mais aujourd'hui a un phénomène d'une hausse de non participation électorale : le phénomène dit d'abstentionnisme électoral . Comment expliquer l'abstentionnisme croissant a l'heure actuelle ? Cela se traduit-il par un désintérêt politique ?
II-Les caractérisation de cette abstention
a)Les facteurs de l'abstention
Élection Année Taux d’abstention
Présidentielle 1988 17,9 %
1995 20,5 %
2002 24,3 %
Législatives 1993 30,7 %
1997 31,5 %
2002 37,6 %
Régionales 1992 31,2 %
1998 41,9 %
Cantonales 1994 39,6 %
1998 39,5 %
2001 34,4 %
Européennes 1994 46,3 %
1999 52,2 %
La participation électoral des jeunes s'inscrit dans le contexte d’une montée général de l'abstention,s'observe à chaque type de scrutin à partir des années 1980. La lus faible abstention concerne l'élection présidentielle avec, sous la Ve République, un taux moyen au premier tour de 18,3% . Ce taux est de 27% lors des législatives, élection qui ont moins d'importance politique depuis la réduction du mandat présidentiel à 5 ans. L’abstentionnisme systématique peut être divisé en deux faces : l’abstentionnisme de l’indifférence, de la méfiance et l’abstentionnisme contestataire. Autrement dit, l’abstentionnisme « passif « et l’abstentionnisme « actif «, à un niveau d’idées politiques, ou pour adopter encore une fois d’autres termes, on peut parler d’abstentionnistes « par incompétence « et « par conviction «, selon la distinction mise en relief par Dominique Reynie[1]. On pourra par la suite associer cette distinction principale avec des distinctions d’ordre social, le premier abstentionnisme pouvant être mis en relation avec une classe sociale basse, d’exclus, de marginaux, contrairement au second qui est celui d’une classe sociale plutôt élevée, de privilégiés, d’intellectuels, etc. Commençons par tenter de comprendre l’abstentionnisme mû par l’indifférence et la méfiance des Français à l’égard de la politique.
Ce phénomène est-il nouveau ? À quoi est-il dû ?
Suivant diverses enquêtes, nous pouvons constater que l’attitude des Français par rapport à la politique a considérablement évolué tout au long de l’histoire de la V° République. L’abstentionnisme croissant en est le principal indicateur : les Français ont des sentiments partagés face à la sphère politique. On constate une oscillation entre désintérêt croissant et méfiance.
Les symboles du sens des responsabilité parmi les 18-35 ans (en %)
Quels sont les symboles de votre sens des responsabilités? ( 2 réponses possibles) 18-24 ans 25-35 ans Élevé, étudiant Total
Votre carte d'électeur 40 46 50 44
Votre permis de conduire 36 33 33 34
Votre carte de don du sang, de don d'organe 34 29 33 31
Votre carte bancaire 27 19 24 22
Votre carte de membre d'un club, d'une association 10 6 9 8
Votre carte d'adhésion à un parti politique ou un syndicat 2 2 1 2
Aucun de ceux-là 17 24 16 21
Source:sondage Harris interactive pour les scouts et guides de France, mars 2011
Le désintérêt peut être mû par diverses raisons. La première est celle de la résorption progressive du clivage droite gauche en France : les électeurs ont de plus en plus l’impression d’entendre les mêmes discours, d’assister aux mêmes débats assez stériles, année après année, élection après élection. Sans pouvoir parler de désintérêt réel, les citoyens ont seulement de plus en plus de mal à percevoir la pertinence d’une élection, l’intérêt de se motiver pour faire leur propre choix politique. Et cela car les politiciens, à quelques exceptions près, tiennent à peu près tous le même discours. Les politiciens modérés (il faut donc mettre de côté les extrémistes) sont généralement conscients des problèmes de la société et proposent des solutions optimisées, qui peuvent sembler similaires dans leur globalité à l’électeur moyen.
L’électeur moyen n’a pas toutes les cartes en mains pour pouvoir faire un choix réfléchi et objectif lors d’une élection : le vote est une façon d’exprimer ses idées politiques, via un parti, via un candidat ; or avoir des idées politiques nécessite une certaine maîtrise de la vie de la société, des affaires publiques, de la politique. Et il est vrai que la vie du citoyen lambda n’est pas tournée autour de la vie de la cité comme celle des politiciens ; le vote est donc toujours plus ou moins subjectif, et se dirige vers le meilleurs discours, les meilleures idées, ou l’image la plus attrayante. Les citoyens abstentionnistes sont-ils de mauvais citoyens car ils ne votent pas ? La question est ailleurs. Certains ne votent pas non par désintérêt, comme on le croit souvent, mais parce qu’ils ne s’en sentent pas capables. Ils préfèrent alors s’abstenir plutôt que de se sentir coupables d’avoir fait un choix politique infondé ou inique. Le manque de confiance en soi et en ses choix est la première raison de l’abstentionnisme.
On peut aussi remarquer qu’un éventail trop large d’options proposées au scrutin (trop de candidats, leur tendance, leur personnalité, les tentations contradictoires) apporte son soutien au phénomène abstentionniste. Le nombre de candidats est un problème car il complique le vote et donc n’incite pas le plus grand nombre à se rendre aux urnes. Il faut aussi noter que les électeurs trouvent de plus en plus inutile de voter car les candidats appartiennent quasiment tous à une même tendance, à quelques détails près. Cela revient à dire que la compétition politique est un moteur de la participation électorale.
De plus, le caractère plus ou moins décisif d’une élection pousse le citoyen à voter ou non. C’est pourquoi l’on peut remarquer de fortes disparités de taux d’abstention entre des élections de nature différente : les élections présidentielles restent les plus fédératrices, alors que, par exemple, les élections locales, ou au contraire européennes, de par leur trop faible champ d’action sur le plan politique national, ne sont que faiblement mobilisatrices. Le cas des référendums par exemple montre bien cette abstention provoquée par le manque d’intérêt apparent d’une élection. La portée de l’élection influence la participation électorale. L’électeur sera plus tenté d’aller voter s’il croit l’élection décisive. Cela peut varier selon quelques critères : la fréquence des élections qui réduit l’intérêt de l’électeur ; la portée directe du scrutin qui doit être décisif plutôt qu’indicatif ; l’objet de la consultation qui lui aussi doit être digne d’intérêt.
b)L'âge et la génération
Participation élection présidentielle et au législatives de 2007 selon l'âge (en%)
Tranche d'âge Vote systématique à tous les tours des deux élections présidentielle et législatives Vote systématique à tous les tours des deux élections Vote intermittent Abstention totale aux législatives Abstention à la présidentielle
18-24 ans 30,9 12,3 56,8 51,8 12,9
25-29 ans 29,6 12,7 57,7 50,4 13,4
30-34 ans 37,4 10,4 52,2 42,7 11
35-39 ans 45,9 8,8 45,3 35,5 9
40- 44 ans 57,7 7,9 40,4 29,2 8,3
45- 49 ans 53 6,7 40,3 27,2 7,1
50- 54 ans 57,7 5,5 36,8 23,4 6,2
55-59 ans 60,9 5,3 33,9 21,4 5,9
60- 64 ans 64 4,9 31,1 17,8 5,7
65-69 ans 65,5 5,2 29,3 18,6 5,7
70-74 ans 64,1 7 28,9 20,1 8,4
75-79 ans 60,8 11 28,2 23,2 11,9
80 ans et plus 58,9 17,1 24 29,1 18,2
Champ : électeurs inscrits en France métropolitaine. Source : INSEE, enquête participation électorale 2007
Lecture : sont surlignés les pourcentages maximum et minimum
L'abstention ne peut-être rattachée uniquement à un effet de cycle de vie ou à un poids des structures sociales. Dans un travail récent,le politise Pierre Bréchon a suivi l'intensité de l'abstention de 13 personnes nées entre 1889 et 1989 en examinant le participation tout au long de leur vie, principalement aux scrutin présidentielle et législatif entre 1962 et 2007. Il apparaît notamment que les personnes née entre 1962 et 2007 c'est-à-dire la génération baby-boum dont les plus jeune membre atteignant aujourd'hui la soixantaine, on toujours voté dès la fin de leur période de socialisation, autour de 30 ans. Mais les plus jeunes génération née à partir des années 1960, sont plus fortement distancier par rapport au vote. Il semble donc exister une tendance générationnelle expliquant la montée de l'abstention dans sa forme intermittente.
Cette abstention intermittente témoigne d'une modification dans le rapport des nouvelles génération au vote, moins conçu comme un devoir (autrefois fois accomplie sans même se poser la question)) que comme un droit, exercé au gré des enjeux mobilisateur du moment, de la personnalité des candidats. On peut-être politisé, mais ne pas voté en signe de refus d'un de l'offre politique des partis . Par ailleurs, les jeunes électeurs d'avantage encore que les adultes, se montrent mobiles dans leur choix électoraux , tout en hésitant jusqu’au dernier moment pour décider de leur vote. Lorsqu'ils ne perçoivent pas les enjeux d'une élection , ils préfèrent s'abstenir plutôt que de se mobiliser sans conviction. Et à côté de la participation électorale, prennent place à des forme de participation non institutionnelles, plus individualisées et essentiellement protestataires: participer à une manifestation, signer une pétition...
c) L’appartenance sociales
Les travaux de science politique ont établi que l'insertion politique est facilitée par l'insertion social et culturelle : les personnes les plus désavantagées socialement sont les moins actives politiquement. Inversement, appartenir à une catégorie socioprofessionnelle élevé favorise la participation électorale. Des enquêtes ont insisté sur les causes social de la marginalisation électorale des catégories populaires : chômage, précarisation du travail affaiblissement des liens sociaux. En matière de rapport à la politique, le niveau de diplôme est un facteur particulièrement discriminant, entraînant un clivage nettement plus important chez les jeunes que dans le reste la population.
Il n'en reste pas moins que l'abstentionnisme touche, de manière différenciée, toutes les catégories de population. Les classe sociales aisées dotés de compétences politique , plus diplômés, appartenant davantage à des catégories favorisées, mais qui ne se mobilisent pas à tous les scrutins. Ces derniers sont beaucoup plus nombreux parmi les jeunes, alors qu'il n'y a pas de lien entre l'âge et le fait d'être hors-jeu. Les abstentionnistes les plus diplômés seraient davantage dans une posture critique, tandis que les moins diplômés se caractériseraient par une situation de retrait. A côté d’un abstentionnisme structurel et sociologique existe un abstentionnisme conjoncturel et politique.
Cette distinction introduit un troisième facteur explicatif de l'abstention : les différences liées à l'âge exprime aussi un effet générationnel.
Conclusion
On a pu dégager trois facteurs principaux qui expliquent le phénomène de l’abstentionnisme
électoral. Le premier dépend de circonstances individuelles, la plupart du temps accidentelles,
matérielles : c’est l’abstentionnisme « forcé «. L’individu ne peut pas faire autrement que de
s’abstenir de voter, pour des raisons matérielles qui lui sont propres.
Le deuxième facteur est politique ; suivant les enjeux de telle ou telle élection, suivant le panel
des candidats proposés, suivant la conjoncture politique générale du moment, le citoyen choisit
ou non de voter. Il faut ajouter à cela que l’abstention est alors soit l’expression d’un désintérêt
apparent pour le monde de la politique, soit celle d’une hostilité envers cette sphère, ou l’hostilité
au système représentatif, ou bien encore celle d’une véritable contestation politique, que ce soit
au niveau des programmes, des candidats, des discours proposés, ou au niveau étatique, ceci
étant couplé avec un profond désir de réforme. L’abstention est alors un moyen d’exprimer son
désaccord total avec la politique en vigueur. Le troisième et dernier facteur est social, et peut être
ramené à un facteur principal : l’intégration à la société. La marginalisation de l’individu par
rapport à des groupes sociaux intermédiaires ou de catégories sociales entières par rapport à la
société globale sont des facteurs expliquant l’abstentionnisme électoral de façon générale. Les
plus mal intégrés ne sont d’ailleurs même pas inscrits sur les listes électorales, et ne sont donc
pas tenus en compte dans l’étude des taux d’abstention. Il faut noter aussi que de nombreuses
corrélations existent entre abstentionnisme politique et social : les groupes sociaux
abstentionnistes mal intégrés à la société sont généralement ceux qui expriment un désintérêt
général pour la politique, ou une hostilité au régime représentatif.
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