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Comment Jacques Chirac s'est "reconstruit"

Publié le 17/01/2022

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13 juin 1999 L'échec de la dissolution aurait pu l'anéantir. Il a travaillé d'abord, avec succès, à sauver la présidence IL est aimé. Lui, le bad boy de la politique française, il est apprécié par près des deux tiers des Français, qui le jugent "chaleureux", "énergique", "tolérant". Et ça dure, cela fait des mois que ça dure. Son camp perd les élections, ses lieutenants s'entre-déchirent, mais Jacques Chirac est aimé. A chaque incident de cohabitation, à chaque crise à droite, à chaque nouvelle péripétie judiciaire qui pourrait le menacer, le miroir des sondages, aussitôt consulté, répond amoureusement : oui, malgré tout, encore, toujours plus, les Français aiment Jacques Chirac. Cette victoire, il ne veut la partager avec personne. Ou alors avec une seule personne, sa fille Claude. Comme en ces temps pas si lointains de l'Hôtel de Ville de Paris où ces deux- là, seuls contre tous, avaient cru à une victoire présidentielle possible. Le 2 juin 1997, tout était à recommencer. Jamais, sans doute, président de la République n'avait connu une telle épreuve. Au-delà de l'homme, à propos duquel tous les doutes resurgissaient au sein même de ses troupes, c'était la fonction présidentielle qui était touchée par l'échec de la dissolution. Et cette atteinte-là était, de toutes, la plus grave. Elle le dépassait. Il y avait urgence à la circonscrire. C'est dans ce combat que Jacques Chirac a jeté son énergie dès les premières heures de la cohabitation ; dans ce défi qu'il a puisé sa ressource et sa thérapie. A peine le gouvernement de Lionel Jospin était-il constitué que le chef de l'Etat, en déplacement à Lille en juin 1997, définissait son rôle de président de cohabitation. "Cette situation institutionnelle particulière, je l'ai déjà vécue, observait-il . C'était en 1986, j'étais premier ministre. J'avais pu alors apprécier le rôle fondamental du président de la République, garant de nos institutions." Un mois plus tard, à l'occasion de sa traditionnelle intervention télévisée du 14 juillet, il forçait encore le trait. A une question sur la réalité de son pouvoir face à la nouvelle majorité, il répliquait d'une voix sévère, tranchant avec l'attitude détendue qu'il s'était jusqu'alors imposée : "Pourquoi ? Parce que je serais plus faible qu'un autre ?", avant d'affirmer que l'échec de la dissolution "ne modifie en rien la nature de la cohabitation". Ce garrot maintenu bien fort sur les doutes, les états d'âme, les analyses rétrospectives, le chef de l'Etat l'a appliqué aussi à tous ceux, parlementaires battus, anciens ministres, qui ont défilé dans son bureau de l'Elysée dans les premières semaines du mois de juillet. "Les choses étant ce qu'elles sont... On se remet au boulot." : rituelle, la phrase signifiait à ses interlocuteurs qu'il était inutile de s'appesantir sur le pourquoi, le comment et les "et si ?..." de la dissolution. Six mois plus tard, le 31 décembre 1997, un président debout derrière son pupitre adressait ses voeux aux Français. Le pays s'était installé paisiblement dans la cohabitation et, selon les sondages, l'opinion estimait très majoritairement que Jacques Chirac était "dans son rôle" lorsqu'il critiquait l'action gouvernementale. "Jospin a fait de Chirac un président. Avec Juppé, il n'était qu'un super-premier ministre", constate aujourd'hui un de ses fidèles . Cette fonction présidentielle, qu'il avait fallu recoudre à la hâte, le chef de l'Etat ne pouvait pas se permettre d'en abandonner un morceau à l'adversaire. Domaine régalien par excellence, la politique étrangère envahit l'agenda de Jacques Chirac et elle est soigneusement mise en scène. La crise qui oppose l'Irak aux Etats-Unis, dans les premiers mois de 1998, lui offre sa première vraie requalification présidentielle. Au lendemain de son dénouement, grâce à la médiation française, le président retrouve, pour la première fois depuis son élection, la confiance de plus de la moitié des Français. A partir de ce moment-là, il sait qu'il a réussi son premier pari. Celui sans lequel nul avenir ne pouvait être envisagé. Reste l'autre : s'imposer aux siens, faire taire les doutes, tuer les ambitions concurrentes, forcer le mépris de nombre de dirigeants de droite à le céder, sinon à l'enthousiasme, du moins à la résignation. Cela, il est convaincu qu'il peut le faire, encore une fois. Il en a tellement l'habitude ! Les élections cantonales et régionales de mars 1998 s'annoncent désastreuses pour l'opposition ? Qu'à cela ne tienne ! Devant les siens, Jacques Chirac anticipe l'échec, mais se veut serein : "Il faut boire le calice jusqu'à la lie." La défaite de la droite ne sera pas la sienne. Son calendrier à lui commence juste après. Dans une allocution radiotélévisée prononcée le 23 mars, le chef de l'Etat s'impose comme le chef de la droite. C'est à elle, qui vient de subir de plein fouet "l'épreuve" - selon le mot choisi - du Front national, qu'il s'adresse principalement. Il lui livre un horizon - "La droite peut convaincre sans se renier" - et lui fixe des limites en disant sa "désapprobation" de "celles et ceux qui ont préféré les jeux politiques à la voix de leur conscience" et ont accepté les voix d'un "parti de nature raciste et xénophobe". A l'habit présidentiel, il vient d'ajouter l'écharpe de l'autorité morale. Et de deux. "Le prochain président, c'est Jospin ou moi", ose-t-il affirmer, devant ses interlocuteurs, en avril 1998. Une nouvelle étape s'ouvre. Président de la République, Jacques Chirac entend désormais non seulement le rester, mais le redevenir. Et, là, les choses se corsent. D'abord, il y a l'autre, l' "adversaire", comme on a coutume de le désigner à l'Elysée. Ce premier ministre auquel tout semble réussir. De son propre aveu, au début de la cohabitation, il l'a "sous- estimé". Dans les réunions de cabinet à l'Elysée, comme lors des rendez-vous accordés à ses fidèles, le chef de l'Etat affirmait volontiers que Lionel Jospin ne parviendrait jamais à maintenir la cohésion d'une majorité si "plurielle", que cette équipe gouvernementale allait se fracasser sur la première épreuve venue. Régulièrement, la météo élyséenne constatait que "les nuages s'amoncellent sur Jospin" et attendait l'orage. Espoir déçu. Dans les premiers mois, Jacques Chirac, qui croit bien connaître les communistes, ne cesse de guetter l'incident qui signera la rupture. En vain. "Ce qui l'a le plus impressionné, confie aujourd'hui un de ses visiteurs réguliers, c'est la gymnastique à laquelle les communistes se sont livrés." Face à lui, le chef de l'Etat trouve un bloc gouvernemental soudé. Derrière la décontraction volontiers mise en scène qu'il affiche avec certains ministres, comme Claude Allègre, Dominique Strauss-Kahn ou Pierre Moscovici, il sait qu'il a affaire à une équipe tout entière au service du premier ministre. Son épouse, Bernadette, s'en étonne d'ailleurs, un jour, auprès du ministre délégué aux affaires européennes : "On a l'impression que vous, les ministres, vous aimez bien Jospin et que vous vous entendez bien entre vous. C'est vrai ? Parce que, du temps de Juppé, c'était terrible. Ils se détestaient tous ! " La cohabitation peut être courtoise, chacun sait que l'heure de l'affrontement viendra . A l'Élysée, on y travaille. En respectant à la lettre la maxime : "Si tu veux la paix, prépare la guerre." Dans l'équipe du chef de l'Etat, les conseillers sont, plus ou moins, à la fois guerriers et pacifistes. Par fonction, le secrétaire général de l'Elysée, Dominique de Villepin, qui est l'interlocuteur direct d'Olivier Schrameck, directeur du cabinet de Lionel Jospin, est là pour assurer un fonctionnement régulier et respectueux de la cohabitation. Mais, par tempérament, il est, avec Claude Chirac, le premier des guerriers du président. A elle l'image du président et du candidat. A lui, le suivi de la droite et surtout celui, ultra - sensible, des affaires. Lorsque le dossier des emplois fictifs de la Mairie de Paris menace de mettre en péril le président, c'est Dominique de Villepin qui rédige la réplique sur l'"emploi fictif" occupé par Lionel Jospin au Quai d'Orsay, que le député RPR Patrick Devedjian est chargé de rendre publique à l'Assemblée nationale. C'est lui encore qui fournit à Philippe Séguin, et à quelques autres, un argumentaire prêt à l'emploi sur les affaires de la Ville de Paris, à la veille de leurs prestations dans des émissions politiques. C'est toujours lui qui distribue des notes contre la politique de Lionel Jospin, à charge ensuite aux élus de droite d'en obtenir la publication en tribunes ou de les utiliser dans leurs réunions publiques. C'est lui, enfin, qui appelle les "relais" élyséens - Nicolas Sarkozy est devenu le premier d'entre eux - pour leur annoncer l'intervention du chef de l'Etat sur tel ou tel sujet et leur demander, comme ce fut le cas, lundi 31 mai, au sujet de la famille, d'assurer le service après-vente médiatique de ses propos. Il ne se passe guère de mois sans que le secrétaire général de l'Elysée annonce que, cette fois, le gouvernement a fini de manger son pain blanc et que l'heure de la revanche sonne. A l'automne 1998, après la crise asiatique, il affirme à qui veut l'entendre que la conjoncture est en train de se retourner, que la politique de Dominique Strauss-Kahn est au mieux aveugle, au pis irresponsable. Au début de la guerre du Kosovo, il croit tenir la preuve de l'incohérence et de la fragilité de l'équipe Jospin, lorsque les voix discordantes des communistes et de Jean-Pierre Chevènement se font entendre au conseil des ministres. En pleine affaire corse, il est de ceux qui plaident pour une motion de censure en attendant de "frapper à la tête", contre l'avis d'autres conseillers tels que Maurice Ulrich et Bertrand Landrieu, plus prudents. Régulièrement, Jacques Chirac doit freiner les ardeurs de son secrétaire général. Il observe volontiers que si, pendant deux ans, il s'est, lui, "reconstruit", Lionel Jospin s'est "construit". La gestion de la guerre au Kosovo en offre une démonstration quotidienne. "Chacun des deux est en essai comparatif devant les Français, observe un ancien ministre. Depuis 1997, ils font des régates séparées. Chacun tire ses bords et regarde où en est l'autre, en essayant d'éviter la collision." Le chef de l'Etat confiait récemment à l'un de ses visiteurs : "De toute façon, avec 3 % de croissance, les Français sont heureux." Le constat se voulait réaliste, mais pas le moins du monde défaitiste. A l'Elysée, on guette toujours les premiers signes de l'affaiblissement du premier ministre. On en a répertorié plusieurs . L'affaire corse, "le petit cancer de Matignon", dont Jacques Chirac est convaincu qu'elle n'est pas soldée, en a partiellement révélé un. Dans l'entourage du président, on fait mine en effet de s'étonner de l'extrême sensibilité dont a témoigné le premier ministre aux critiques présidentielles. On veut y voir le témoignage d'un raidissement, donc d'une fragilité. La situation ne manque pas d'ironie : "Pour Chirac, observe aujourd'hui un de ses fidèles, le but est de faire ressortir le côté Juppé de Jospin !" Comme on ne juge bien que ce que l'on connaît bien, un autre angle d'attaque est à l'essai : Lionel Jospin serait atteint du "syndrome Balladur", encore appelé "syndrome Rocard", c'est-à-dire de cette paralysie progressive qui guette tout premier ministre candidat à la présidence de la République. A l'Elysée, on attend que cette vérité soit enfin révélée aux Français, en s'efforçant d'y aider un peu. Pas trop vite, non plus, car il est encore un défi que Jacques Chirac n'est pas parvenu, loin s'en faut, à relever : celui de la réorganisation de la droite. Ce que, à deux semaines des élections européennes, un chiraquien résume d'une formule : "Le seul problème, c'est que toutes les têtes de liste de gauche adhèrent à Lionel Jospin, alors que la quasi- totalité des têtes de liste de droite détestent Chirac. " PASCALE ROBERT-DIARD Le Monde du 2 juin 1999

« premier ministre auquel tout semble réussir.

De son propre aveu, au début de la cohabitation, il l'a "sous- estimé".

Dans lesréunions de cabinet à l'Elysée, comme lors des rendez-vous accordés à ses fidèles, le chef de l'Etat affirmait volontiers que LionelJospin ne parviendrait jamais à maintenir la cohésion d'une majorité si "plurielle", que cette équipe gouvernementale allait sefracasser sur la première épreuve venue.

Régulièrement, la météo élyséenne constatait que "les nuages s'amoncellent sur Jospin"et attendait l'orage.

Espoir déçu.

Dans les premiers mois, Jacques Chirac, qui croit bien connaître les communistes, ne cesse deguetter l'incident qui signera la rupture.

En vain.

"Ce qui l'a le plus impressionné, confie aujourd'hui un de ses visiteurs réguliers,c'est la gymnastique à laquelle les communistes se sont livrés." Face à lui, le chef de l'Etat trouve un bloc gouvernemental soudé.

Derrière la décontraction volontiers mise en scène qu'il afficheavec certains ministres, comme Claude Allègre, Dominique Strauss-Kahn ou Pierre Moscovici, il sait qu'il a affaire à une équipetout entière au service du premier ministre.

Son épouse, Bernadette, s'en étonne d'ailleurs, un jour, auprès du ministre délégué auxaffaires européennes : "On a l'impression que vous, les ministres, vous aimez bien Jospin et que vous vous entendez bien entrevous.

C'est vrai ? Parce que, du temps de Juppé, c'était terrible.

Ils se détestaient tous ! " La cohabitation peut être courtoise,chacun sait que l'heure de l'affrontement viendra . A l'Élysée, on y travaille.

En respectant à la lettre la maxime : "Si tu veux la paix, prépare la guerre." Dans l'équipe du chef del'Etat, les conseillers sont, plus ou moins, à la fois guerriers et pacifistes.

Par fonction, le secrétaire général de l'Elysée, Dominiquede Villepin, qui est l'interlocuteur direct d'Olivier Schrameck, directeur du cabinet de Lionel Jospin, est là pour assurer unfonctionnement régulier et respectueux de la cohabitation.

Mais, par tempérament, il est, avec Claude Chirac, le premier desguerriers du président.

A elle l'image du président et du candidat.

A lui, le suivi de la droite et surtout celui, ultra - sensible, desaffaires. Lorsque le dossier des emplois fictifs de la Mairie de Paris menace de mettre en péril le président, c'est Dominique de Villepinqui rédige la réplique sur l'"emploi fictif" occupé par Lionel Jospin au Quai d'Orsay, que le député RPR Patrick Devedjian estchargé de rendre publique à l'Assemblée nationale.

C'est lui encore qui fournit à Philippe Séguin, et à quelques autres, unargumentaire prêt à l'emploi sur les affaires de la Ville de Paris, à la veille de leurs prestations dans des émissions politiques.

C'esttoujours lui qui distribue des notes contre la politique de Lionel Jospin, à charge ensuite aux élus de droite d'en obtenir lapublication en tribunes ou de les utiliser dans leurs réunions publiques.

C'est lui, enfin, qui appelle les "relais" élyséens - NicolasSarkozy est devenu le premier d'entre eux - pour leur annoncer l'intervention du chef de l'Etat sur tel ou tel sujet et leurdemander, comme ce fut le cas, lundi 31 mai, au sujet de la famille, d'assurer le service après-vente médiatique de ses propos. Il ne se passe guère de mois sans que le secrétaire général de l'Elysée annonce que, cette fois, le gouvernement a fini de mangerson pain blanc et que l'heure de la revanche sonne.

A l'automne 1998, après la crise asiatique, il affirme à qui veut l'entendre quela conjoncture est en train de se retourner, que la politique de Dominique Strauss-Kahn est au mieux aveugle, au pisirresponsable.

Au début de la guerre du Kosovo, il croit tenir la preuve de l'incohérence et de la fragilité de l'équipe Jospin,lorsque les voix discordantes des communistes et de Jean-Pierre Chevènement se font entendre au conseil des ministres.

Enpleine affaire corse, il est de ceux qui plaident pour une motion de censure en attendant de "frapper à la tête", contre l'avisd'autres conseillers tels que Maurice Ulrich et Bertrand Landrieu, plus prudents.

Régulièrement, Jacques Chirac doit freiner lesardeurs de son secrétaire général. Il observe volontiers que si, pendant deux ans, il s'est, lui, "reconstruit", Lionel Jospin s'est "construit".

La gestion de la guerreau Kosovo en offre une démonstration quotidienne.

"Chacun des deux est en essai comparatif devant les Français, observe unancien ministre.

Depuis 1997, ils font des régates séparées.

Chacun tire ses bords et regarde où en est l'autre, en essayantd'éviter la collision." Le chef de l'Etat confiait récemment à l'un de ses visiteurs : "De toute façon, avec 3 % de croissance, lesFrançais sont heureux." Le constat se voulait réaliste, mais pas le moins du monde défaitiste.

A l'Elysée, on guette toujours lespremiers signes de l'affaiblissement du premier ministre.

On en a répertorié plusieurs .

L'affaire corse, "le petit cancer deMatignon", dont Jacques Chirac est convaincu qu'elle n'est pas soldée, en a partiellement révélé un.

Dans l'entourage duprésident, on fait mine en effet de s'étonner de l'extrême sensibilité dont a témoigné le premier ministre aux critiquesprésidentielles.

On veut y voir le témoignage d'un raidissement, donc d'une fragilité.

La situation ne manque pas d'ironie : "PourChirac, observe aujourd'hui un de ses fidèles, le but est de faire ressortir le côté Juppé de Jospin !" Comme on ne juge bien quece que l'on connaît bien, un autre angle d'attaque est à l'essai : Lionel Jospin serait atteint du "syndrome Balladur", encore appelé"syndrome Rocard", c'est-à-dire de cette paralysie progressive qui guette tout premier ministre candidat à la présidence de laRépublique.

A l'Elysée, on attend que cette vérité soit enfin révélée aux Français, en s'efforçant d'y aider un peu.

Pas trop vite,non plus, car il est encore un défi que Jacques Chirac n'est pas parvenu, loin s'en faut, à relever : celui de la réorganisation de ladroite.

Ce que, à deux semaines des élections européennes, un chiraquien résume d'une formule : "Le seul problème, c'est quetoutes les têtes de liste de gauche adhèrent à Lionel Jospin, alors que la quasi- totalité des têtes de liste de droite détestent. »

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