Dans la solitude, tu te dévores toi-même ; lorsque tu es au milieu des gens, tu es dévoré par plusieurs ; choisis ! (Fr. Nietzsche)
Publié le 22/02/2012
Extrait du document

Pour ceux qu'ils l'ont traversée, elle est sournoise, parfois muette ou douloureuse. Elle rode en chacun de nous à différents moments. La solitude, certains la trouve bénéfique et d'autres préfèrent la fuir en se retrouvant avec leurs proches. Afin qu'ils ne s'engouffrent dans les méandres de leurs pensées. Selon Fr. Nietzsche, soit nous nous dévorons nous-mêmes dans la solitude ; soit nous sommes dévorés par les autres en leur compagnie et qu'ainsi, il faut faire un choix. Mais est-il vraiment possible de choisir ? Tout d'abord, la solitude peut-elle nous nuire au point de nous anéantir ? Ensuite, pourquoi serions-nous dévorés par les autres ? Enfin, ne pourrions-nous pas concilier habilement les deux ? Voici des questions qui demandent à être analysées.
Il est vrai qu'une personne touchée par la solitude peut se renfermer sur elle-même et ne plus vouloir être au contact des autres. En effet, une personne âgée venant de perdre son conjoint, se retrouvant seule à la maison peut ainsi se laisser sombrer dans la solitude, parfois même jusqu'à se laisser mourir.
En revanche, dans notre société où nous sommes de plus en plus sous pression, du fait de gérer le travail, les enfants, la maison etc. ; certaines personnes ressentent le besoins de se retrouver seuls afin de reprendre leur souffle. Tel est l'utilité des lieux de retraites où le silence est d'or pour permettre aux personnes de se recentrer le temps d'un week-end, dans le but de revenir en forme.
Cependant, il est impossible de vivre sans contact avec le monde extérieur, avec les bons et les mauvais côtés que cela implique.
Pourquoi serions-nous dévorés par les autres ? Il arrive que pour sortir de sa solitude on côtoie des personnes qui peuvent nous nuire, profitant de notre faiblesse pour s'alimenter en énergie. Il est dès lors important de savoir se protéger et garder son intégrité personnelle. La loi du plus fort étant souvent de mise. Comme le démontre l'exemple des écoliers dans une court d'école où les plus faibles sont bafoués ou ridiculisés par les plus forts, jusqu`à se sentir exclus. Et ce schéma continue parfois dans le monde des adultes
Dès lors, dans quelle mesure ne pouvons nous pas trouver un juste milieu, savoir être seul et ne pas se faire manger par les autres en société?
Pouvons-nous donc concilier habilement les deux ? Certainement, en sachant se protéger, et se faire respecter par son prochain. Ceci implique une certaine assurance personnelle et la capacité de mettre des limites, pour ne pas laisser quiconque outrepasser certaines barrières. On peut s'inspirer des médecins qui mènent une vie sociale et professionnelle chargée, constamment en contact avec des malades, et qui se portent bien car ils savent également s'octroyer des moments à l'écart du monde pour se ressourcer. Ainsi l'alternance judicieuse des deux peut les mener à un équilibre.
En conclusion, on s'aperçoit que le choix radical que demande Nietzche ne peut être aussi tranché. L'hêtre humain ayant autant besoin de se retrouver seul, et savoir être seul, que d'être avec les autres, tout en sachant comment se préserver au sein de la société. Le but étant de savoir ce que l'on veut et d'être conscient de qui l'on est, pour déterminer ses propres besoins. Ainsi on peut dire que « on est jamais mieux servi que par soi-même » mais que « l'union fait la force ».
Liens utiles
- Du pays des anthropophages: Dans la solitude le solitaire se ronge le coeur; dans la multitude c'est la foule qui le lui ronge. Choisis donc! [ Humain, trop humain (1878-1879), 348 ] Nietzsche, Friedrich Wilhelm. Commentez cette citation.
- Du pays des anthropophages: Dans la solitude le solitaire se ronge le coeur; dans la multitude c'est la foule qui le lui ronge. Choisis donc! Humain, trop humain (1878-1879), 348 Nietzsche, Friedrich Wilhelm. Commentez cette citation.
- Commentez cette idée de Robert Mauzi (L'Idée du bonheur dans la littérature et la pensée françaises au XVIIIe siècle, A. Colin, 1960) : «Le bonheur appartient à ceux qui ont inventé un milieu entre la solitude et la socialité, sachant se tenir par rapport au monde à la bonne distance. Il exige surtout qu'on ait résolu le difficile problème de l'unité intérieure et de la liberté, en instituant une vivante dialectique entre le divertissement et la passion. »
- Pour l'éducation: j'ai vu clair peu à peu sur le défaut le plus général de notre façon d'enseigner et d'éduquer. Personne n'apprend, personne n'aspire, personne n'enseigne - à supporter la solitude. Aurore (1881), 443 Nietzsche, Friedrich Wilhelm. Commentez cette citation.
- l'un va auprès de son prochain, parce qu'il se cherche lui-même, et un autre parce qu'il aimerait se perdre. Votre mauvais amour pour vous-même fait pour vous de la solitude une prison. Ainsi parlait Zarathoustra (1883-1885) Nietzsche, Friedrich Wilhelm. Commentez cette citation.