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Danton, Georges

Publié le 17/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Danton, Georges (1759-1794), homme politique français sous la Révolution.

Issu de la petite bourgeoisie de robe champenoise (Arcis-sur-Aube), Georges Jacques Danton fait ses études à Troyes, puis à Reims. Son mariage avec la fille d’un riche cafetier parisien lui permet d’obtenir la charge d’avocat au Conseil du roi en 1787.

2   UN TRIBUN REMARQUÉ

Rien ne préfigure chez Danton, si proche des sommets de l’Ancien Régime, un engagement révolutionnaire. Pourtant, dès juillet 1789, l’avocat s’engage politiquement et harangue avec talent la foule parisienne. Durant les journées d’Octobre, il appelle son district, celui des Cordeliers, à prendre les armes. Devenu président du club des Cordeliers, qu’il a fondé en mai 1790, il gagne sans cesse en popularité, notamment grâce à ses qualités d’orateur.

Après la fuite du roi à Varennes et la fusillade du Champ-de-Mars (juin-juillet 1791), la répression contre les sociétés fraternelles et la prédilection de Danton pour une monarchie constitutionnelle monocamériste obligent celui-ci à s’exiler en Grande-Bretagne. Rentré en France à l’automne suivant, il accède à la charge d’administrateur du département de la Seine. Après avoir revendu sa charge d’avocat (qui lui assure une belle rente), il s’implique alors de plus en plus en politique. Obtenu fin 1791, le statut de second substitut du procureur de la Commune de Paris est une promotion politique importante pour celui qui s’affirme comme la figure montante des Jacobins — auxquels sont affiliés les Cordeliers.

3   DE LA DIRECTION DE LA RÉVOLUTION À L’ÉCARTEMENT

C’est après la chute de la monarchie, le 10 août 1792, que Danton devient un haut dirigeant politique. Ministre de la Justice et membre du Conseil exécutif provisoire, il est de fait le chef du gouvernement insurrectionnel. Il affirme son autorité en réagissant vivement contre l’invasion prussienne et en engageant la terreur contre tous les suspects contre-révolutionnaires. On le dit également intransigeant parce qu’il n’intervient pas pour faire cesser les massacres de Septembre (dont on l’a longtemps accusé d’être l’instigateur). C’est néanmoins le même homme qui affirme alors son attachement indéfectible à la liberté de pensée et d’expression.

Élu député à la Convention ce même mois de septembre 1792, Danton abandonne sa charge ministérielle. En butte à l’hostilité des Girondins qui dénoncent sa vénalité, il s’oriente vers la gauche montagnarde. Cependant, il n’en partage pas l’extrémisme, sauf sur la question de la Défense nationale. En dépit de sa modération — il vote néanmoins la mort du roi Louis XVI en janvier 1793 —, Danton participe à la création du tribunal révolutionnaire (mars 1793), qu’il préside à partir de juillet, puis entre dans le Comité de salut public, organe exécutif de la Ire République (avril 1793).

Danton jouit alors de la même notoriété que Maximilien de Robespierre. Mais il pâtit du fait qu’il ne sait pas, à la tête du Comité de salut public, établir une politique permettant de museler les contre-révolutionnaires. La Convention le blâme entre autres de n’avoir pas su prévenir la trahison de Dumouriez malgré l’enquête dont on l’a chargé en novembre 1792. Quant à ses coreligionnaires jacobins, ils lui reprochent son image de bon vivant enclin à s’enrichir — un travers contraire à l’idéalisation de la « vertu « révolutionnaire.

Suspect, Danton est déchu de la direction du Comité au profit de Robespierre (10 juillet 1793).

4   POUR LA CONCILIATION ET CONTRE LA TERREUR

Cet écartement tient aussi, fondamentalement, à la crise des Jacobins ; leur aile gauche accuse Danton d’affairisme, car il incarne un courant favorable à la République bourgeoise, voire à une monarchie constitutionnelle — contrairement à l’idéal d’une République égalitaire prônée notamment par Robespierre, Babeuf et Saint-Just. Pour autant, à l’automne 1793, lorsque la rumeur persistante permet de prévoir une mise en accusation de l’ex-avocat, Robespierre lui-même prend la défense de Danton dont la popularité n’en est que renforcée.

Cependant, il est un point sur lequel le heurt entre les deux hommes paraît inévitable : la Terreur. Danton est partisan d’une politique d’intransigeance calculée pour préserver les acquis révolutionnaires. On l’a même entendu, au début de son mandat au Comité de salut public, prononcer ces terribles paroles : « Il faut que tous les jours un aristocrate, un scélérat paye de sa tête ses forfaits. « Néanmoins, il refuse que le sang soit inutilement versé ; et à partir de l’automne 1793, il se consacre à dénoncer les champions de la Terreur, enragés et hébertistes (partisans d’Hébert) et s’élève notamment contre leur politique de déchristianisation. Son combat, relayé par le journaliste Camille Desmoulins au sein des colonnes du Vieux Cordelier, lui vaut alors le nom d’« indulgent «, ce qui l’oppose de fait à Robespierre, principal promoteur de la Terreur.

5   LA DÉCHÉANCE DE L’INDULGENT

La rupture des « dantonistes « avec les Jacobins est consommée à la fin de l’année 1793, période durant laquelle Robespierre tente de maintenir l’équilibre politique de son gouvernement en en écartant les plus radicaux et les modérés. Cette stratégie affaiblit encore les positions de Danton, d’autant qu’il est compromis par l’association de son nom à celui du député Fabre d’Églantine dans l’affaire de la liquidation de la Compagnie des Indes.

Alors la machine bien huilée de la Terreur s’emballe. Le 30 mars 1794, quinze jours après l’exécution des hébertistes, Danton est arrêté avec Desmoulins et Fabre d’Églantine, sous le prétexte d’être un ennemi de la République. Jugé par le tribunal révolutionnaire à partir d’un acte d’accusation préparé par Saint-Just, sans pouvoir présenter sa défense, il est condamné à mort et guillotiné le 5 avril 1794. Ses derniers mots lancés au bourreau sont restés célèbres : « N’oublie pas surtout, n’oublie pas de montrer ma tête au peuple : elle est bonne à voir. «

6   LE PERSONNAGE DANTON

Danton et son apport à la Révolution ont alimenté le débat politique et historiographique. Les thèses les plus tranchées s’affrontant, Danton était présenté par certains en opportuniste vénal, en « idole pourrie «, en traître de la Révolution ; à quoi faisaient écho des analyses le présentant en héros de la bourgeoisie libérale, en patriote pragmatique.

À la lumière des travaux les plus récents sur la Révolution française, Danton, qui a longtemps été opposé à Robespierre, offre le profil d’un homme de conciliation, aussi intéressé par l’argent qu’indéfectiblement attaché aux acquis révolutionnaires. Ainsi, la fin du duel réducteur opposant Robespierre à Danton rend sa juste valeur à l’action politique de l’ex-avocat champenois.

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