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Demirel, Süleyman

Publié le 06/04/2013

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1   PRÉSENTATION

Demirel, Süleyman (1924- ), homme d’État turc ayant dominé la scène politique turque des années 1960 aux années 1990, en tant que Premier ministre (1965-1971, 1975–1977, 1979-1980, 1991-1993) puis en tant que président de la République de Turquie (1993-2000).

2   LE « ROI DES BARRAGES «

Né à İslâmköy (province d’Isparta) dans une famille paysanne, Süleyman Demirel obtient un diplôme d’ingénieur en 1949, à l’Université technique d’Istanbul. Une bourse lui permet de poursuivre ses études aux États-Unis et de se spécialiser dans l’hydraulique (1949-1951). De retour en Turquie, il est nommé en 1955 à la direction de l’Administration hydraulique, un secteur crucial du développement turc, et son activité, notamment dans le cadre du Projet du Sud-Est anotalien (GAP), lui vaut le surnom de « roi des barrages «. Proche du Premier ministre Adnan Menderes, il doit quitter son poste lorsque celui-ci est renversé par l’armée le 27 mai 1960, puis exécuté. Il se lance avec succès dans les affaires et, parallèlement, il mène une carrière brillante au sein du Parti de la justice, fondé par d’anciens compagnons d’Adnan Menderes. Inconnu du grand public, mais soutenu par les milieux d’affaires, il en devient le président en 1964. Il mène le Parti de la justice à une victoire écrasante lors des élections législatives de 1965 et devient Premier ministre. Reconduit dans ses fonctions après les élections de 1969, il doit cependant faire face à une agitation sociale croissante au sein des milieux estudiantins et ouvriers, qui alimente les craintes des milieux d’affaires, et à des dissensions au sein de sa majorité. Le 12 mars 1971, l’armée intervient pour rétablir l’ordre et le contraint à démissionner. Süleyman Demirel demeure cependant à la direction du Parti de la justice et revient progressivement sur le devant de la scène.

3   SEPT FOIS PREMIER MINISTRE

Après les élections d’octobre 1973 et la victoire du Parti républicain du peuple de Bülent Ecevit, Süleyman Demirel tente de rassembler les partis de droite au sein d’un Front national. Il conduit le gouvernement à plusieurs reprises entre 1975 et 1980, alors que le pays connaît une grande instabilité gouvernementale et de grandes difficultés économiques. Impuissant à mettre fin au terrorisme et aux violents affrontements opposant extrême droite et extrême gauche, son gouvernement est renversé le 12 septembre 1980 par un coup d’État militaire qui porte au pouvoir le général Kenan Evren. Son parti est dissous par l’armée et, à l’instar des autres dirigeants politiques, Süleyman Demirel est interdit d’activités politiques pendant dix ans, aux termes d’une nouvelle Constitution adoptée en 1982. Dès 1987, toutefois, cette disposition est annulée par un référendum, et il fonde le Parti de la juste voie (DYP). Après sa victoire aux élections législatives d’octobre 1991, il est nommé, pour la septième fois, à la direction du gouvernement, à la tête d’une coalition avec les sociaux-démocrates. À la mort du président de la République Turgut Özal, en mai 1993, il est choisi par le Parlement pour lui succéder.

4   UN PRÉSIDENT AU-DESSUS DES PARTIS

Avec Tansu Ciller au poste de Premier ministre, les premières années de la présidence de Süleyman Demirel, pro-occidental et nationaliste convaincu, sont marquées par la volonté d’ancrer la Turquie dans l’OTAN et l’Union européenne (UE) — un traité d’union douanière est conclu avec l’UE en mars 1995 — tandis qu’il fait montre de fermeté sur le front de la rébellion kurde, brutalement réprimée, et sur la question chypriote. Alors que l’Union soviétique a éclaté en 1991, il se tourne aussi vers les républiques turcophones de l’ex-URSS. Toutefois, à partir du milieu des années 1995, il doit surtout faire face à la montée des islamistes du Parti de la prospérité (RP) de Necmettin Erbakan. Leur percée lors des élections législatives de décembre 1995 inaugure une période de grande instabilité gouvernementale, au cours de laquelle Süleyman Demirel sait user de son autorité présidentielle pour arbitrer et apaiser les tensions entre les partis au pouvoir d’une part et, d’autre part, entre les dirigeants islamistes et l’armée, soucieuse de la défense de la laïcité. Afin de préserver ce rôle, le Premier ministre Bülent Ecevit propose une réforme constitutionnelle lui permettant de briguer un second mandat. À la suite du rejet de cet amendement par le Parlement, Süleyman Demirel se retire de la vie politique turque en mai 2000. En 2001, il siège au sein du Comité Mitchell, une commission internationale d’enquête chargée de faire la lumière sur la reprise des violences au Proche-Orient.

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