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Djenné-Jéno

Publié le 03/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Djenné-Jéno, ancienne cité du delta intérieur du Niger qui s’est épanouie entre le IIe siècle av. J.-C. et le XIVe siècle environ.

La civilisation de Djenné-Jéno, fondée sur les échanges commerciaux entre le Sahel, la savane et la forêt, est remarquable par ses statuettes en terre cuite. Située à 3 km au sud-est de la ville actuelle de Djenné (Mali), Djenné-Jéno (« Djenné l’ancienne « en songhaï) se présente sous l’aspect d’un tell archéologique de 7 m de hauteur (toggéré en langue locale). Elle a fait l’objet de plusieurs campagnes de fouilles entreprises en 1977, 1981, 1996 et 1997 par Susan Keech et Roderick J. McIntosh (professeurs d’anthropologie à Rice University à Houston (Texas).

2   UNE CIVILISATION DES ÉCHANGES

L’intérêt de Djenné-Jéno réside dans le processus d’émergence des cités à partir d’un environnement économique favorable. Les archéologues n’ont pas seulement fouillé les vestiges les plus spectaculaires. Ils se sont également penchés sur les sites périphériques et les campagnes environnantes habités par des artisans et des populations de condition modeste.

Au IIe siècle av. J.-C., Djenné-Jéno devait se procurer à l’extérieur les objets en pierre indispensables à la vie quotidienne comme des meules et des pilons pour écraser les céréales. Ceux-ci étaient échangés contre les céréales produites dans les environs (mil, sorgho, riz local), du poisson séché ou fumé (perche, silure ou poisson-chat), des produits laitiers et du bétail. On a trouvé à Djenné-Jéno une céramique abondante, généralement de couleur rouge avec des décors blancs, et très diversifiée (marmites, bols, plats évasés ou profonds). La métallurgie du fer s’y pratiquait également, à partir d’une matière première extraite du sol de latérite à une soixantaine de kilomètres. Vers 400, cet artisanat s’est étendu au cuivre, puis à l’or, autour de 600-800.

3   NAISSANCE D’UN URBANISME SOUDANAIS

À cette époque, la cité bénéficie de l’ouverture du commerce transsaharien qui aboutit à des comptoirs situés à la lisière méridionale du Sahel. Elle tient alors le rôle de grand marché intermédiaire entre la forêt et le désert, hors du contrôle direct des commerçants musulmans, tout en continuant d’irriguer le commerce d’ouest en est, le long du fleuve. Au VIIIe siècle, sa superficie atteint 33 ha et elle peut abriter quelque 10 000 habitants. Protégée naturellement par sa situation insulaire, Djenné-Jéno est néanmoins entourée d’une enceinte de 2 km de circonférence avec des murs construits en briques cylindriques atteignant 4 m de hauteur pour plus de 3 m d’épaisseur.

L’urbanisme est déjà parfaitement établi, avec des cases rondes en terre séchée (aux fondations non plus en mortier, mais en briques cylindriques) et surmontées d’un toit végétal, agencées en fonction d’axes de circulation permettant le passage des habitants et la vente des produits.

4   LE PILLAGE DE DJENNÉ-JÉNO

L’essor de la cité est tel qu’au XIVe siècle (fin de l’empire du Mali et émergence de l’Empire songhaï), elle est transférée au nord-ouest, sur une île plus grande, où s’élève la ville actuelle de Djenné. La raison en était peut-être la conversion à l’islam de la classe des marchands qui cherchait à s’isoler de la population animiste.

Djenné-Jéno est célèbre par les nombreuses statuettes en terre cuite trouvées dans les habitations et datant des derniers siècles de son existence. Malheureusement, on ne connaît pas grand chose sur la fonction de ces statuettes et sur leur âge exact. Ces terres cuites ont en effet suscité un fort appel du commerce international de l’art et le site a été retourné par des fouilleurs clandestins. La datation selon la technique dite de thermoluminescence des deux seules statuettes (sur la centaine en circulation chez les collectionneurs) à avoir été exhumées par les archéologues dans des conditions scientifiques in situ, a donné la date approximative de 1150 apr. J.-C., avec une marge d’erreur de 140 ans. Le site de Djenné-Jéno a été inscrit par l’Unesco sur la liste du Patrimoine mondial.

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