Drancy, camp de

Drancy, camp de, camp de transit, situé à quelques kilomètres de Paris dans la banlieue nord-est, où ont été internés de 1941 à 1944 des milliers de Juifs étrangers et français, avant d'être déportés vers les camps de la mort.

Par le décret du 1^er novembre 1940, un camp est installé à Drancy, placé directement — bien que l'on soit en zone occupée — sous l'administration de la préfecture de police. Jusqu'en juillet 1943, ce camp est mis sous la surveillance exclusive de la gendarmerie française. Il s'agit tout d'abord d'y interner tous les opposants réels ou possibles et les Juifs étrangers qui, le cas échéant, peuvent servir d'otages. Cependant l'accélération de la politique d'extermination des Juifs menée par le III^e Reich transforme Drancy, dès le 20 août 1941, en un camp de rassemblement des Juifs faits prisonniers dans le reste de la zone occupée mais aussi de la zone libre, et de transit, à partir de la gare de Drancy-Le Bourget, vers les camps de concentration et d'extermination nazis. Surtout, avec la prise en charge du camp par les SS à partir de juillet 1943, le rythme des convois vers la déportation s'accroît très fortement, tandis que les nazis ne font plus aucune distinction entre Juifs étrangers et Juifs français, ces derniers étant censés être protégés par le gouvernement de Vichy. Ainsi d'août 1941 à juillet 1942, quatre convois partent, mais quarante de juillet 1942 à juillet 1943, et vingt et un de juillet 1943 au 17 août 1944, date du départ du dernier convoi. 76 000 personnes, hommes, femmes et enfants, y sont internées — comme celles arrêtées lors de la rafle du Vel' d'Hiv' les 16 et 17 juillet 1942 —, dans des conditions de détention telles que beaucoup meurent sur place, comme le poète Max Jacob en 1944. De 1941 à 1944, 73 853 personnes ont été envoyées dans les camps de la mort. À peine 3 000 d'entre elles en sont revenues. Lors de la libération du camp, le 17 août 1944, 1 467 personnes y étaient encore destinées à la déportation.