Encyclopédie: Le nouveau roman

• Définition: L'expression nouveau roman désigne un type de roman apparu aux environs des années 1950. En réaction contre le roman traditionnel hérité du )(De siècle, le nouveau roman n'est pas à proprement parler une école littéraire. Ce sont les circonstances - le refus des principaux éditeurs - qui réunirent plusieurs écrivains autour de Jérôme Lindon qui, lui, accepta de publier leurs ouvrages aux Éditons de Minuit. Le nouveau roman s'est également défini en réaction contre l'existentialisme, c'est-à-dire contre toute subordination de l'écriture à la délivrance d'un message. Les nouveaux romanciers ont tiré de la guerre d'Algérie une leçon : la littérature ne peut que médiocrement influencer l'histoire. Aussi choisissent-ils d'écrire une «littérature objective«, selon l'expression du critique Roland Barthes (1915-1980). Pour faire une «littérature littérale«, ils privilégient l'aspect formel de l'écriture en accordant aux descriptions une place prépondérante telle qu'on a pu parler de «l'école du regard«.  

Exemples: Nathalie Sarraute (née en 1902) récuse les conventions du genre romanesque et s'attache à décrire des états psychologiques fugaces dans Tropisme (1938), Portrait d'un inconnu (1944), Le Planétarium (1959). Alain Robbe-Grillet' (né en 1922) fait figure de chef de file et de théoricien du groupe après la parution de Pour un nouveau roman (1964). L'oeuvre de Marguerite Duras (née en 1914), de Michel Butor (né en 1926), de Robert Pinget (né en 1920) et de Claude Simon (né en 1913, prix Nobel en 1985) marque la seconde moitié du XXe siècle.

▪ Remarques: Par-delà leur diversité, ces écrivains ont des préoccupations communes qui aident à définir le nouveau roman. Celui-ci opère une dilatation du temps qui ignore la chronologie et vise à livrer au lecteur les états de conscience, les désirs et les pensées les plus ténus, avec des retours en arrière et des projections dans l'avenir, avec des intrusions du rêve dans la réalité. C'est la subjectivité qui commande le texte et qui fait subir à l'espace des traitements analogues à ceux qui sont subis par le temps. Le lecteur est ainsi conduit à abandonner la passivité qui peut être la sienne face à un roman traditionnel; en place de «recevoir tout fait un monde achevé, plein, clos sur lui-même, il se doit de participer à une création, d'inventer à son tour l'oeuvre« (Michel Butor, Essai sur le roman, 1960).