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Félix Lope de Vega Carpio, dit Lope de Vega : LE CHIEN DU JARDINIER - Acte II, monologue Teodoro

Publié le 22/02/2012

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DIANA Je tiens à ce que ton futur maître ait ton agrément. Le marquis a-t-il plus belle tournure que mon cousin ? TEODORO Oui, madame. DIANA Je choisis donc le marquis. Va, et demande-lui les étrennes. La comtesse sort. TEODORO Peut-on imaginer une telle infortune ? Peut-on imaginer une décision aussi rapide ? Peut-on imaginer une volte-face aussi extraordinaire ? C'est donc là le sort réservé à mes projets ? Ô soleil, brûlez les ailes qui m'ont porté si haut, puisque vos rayons consument les plumes coupables d'avoir osé prétendre à la beauté d'un ange ! Diana s'est rendu compte de son erreur. Oh ! que j'ai eu tort de me fier à un mot d'amour ! Hélas ! comme l'amour est difficile entre des êtres qui ne sont pas du même rang ! Mais est-il étonnant que ces yeux-là m'aient induit en erreur, puisqu'ils auraient pu à eux seuls tromper Ulysse en personne ? Je ne peux me plaindre de nul autre que moi, mais enfin, qu'ai-je perdu si je ne puis l'atteindre ? Je considérerai que j'ai eu quelque grave indisposition, et que tant qu'elle a duré j'ai imaginé des sottises. Il suffit, ô mon arrogante pensée ; renoncez à l'idée de devenir comte de Belflor ; tournez la proue vers les anciens rivages. Aimons notre Marcela, que Marcela vous suffise ; que les dames recherchent les seigneurs, car l'amour naît entre personnes du même rang. Et puisque c'est le vent qui vous a engendrée, soyez réduite à du vent, car, lorsque les mérites font défaut, ceux qui croient s'élever s'écroulent. Entre Fabio. FABIO As-tu déjà parlé à ma maîtresse ? TEODORO Je viens, Fabio, de lui parler à l'instant, et je suis très heureux, car la comtesse, ma maîtresse, renonce enfin à son refus du mariage. Des deux que tu as vus, l'un et l'autre l'adorent ; mais elle, dans son exceptionnelle sagesse, a choisi le marquis. FABIO Elle s'est montrée fort avisée. TEODORO Elle m'a demandé de gagner les étrennes de cette bonne nouvelle ; mais moi qui suis ton ami, je veux, Fabio, t'abandonner cet avantage. Va vite, et demande-les à ma place. FABIO La façon dont tu viens de m'obliger montre combien j'ai de raisons de t'aimer. Je pars comme l'éclair et je reviendrai te chercher, satisfait de ton comportement, content de tout cela. Et que le marquis se félicite, car ce fut une fort méritoire entreprise que de pousser la comtesse à rendre les armes.

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