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Franjo Tudjman, ou le nationaliste fourvoyé

Publié le 17/01/2022

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11 décembre 1999 Voici donc venu le temps de ressortir l'image la plus célèbre de Franjo Tudjman, celle dont l'iconographie officielle usa à satiété pendant quelques années, celle qui peut-être restera dans les livres d'histoire : beau comme un sou neuf dans son uniforme blanc à galons dorés qui évoque une autre époque ; affichant dans cet apparat sa fascination pour Tito, dont il fut le plus jeune général en 1961, autant que sa fierté de père de l'indépendance croate. Image d'un patriotisme endimanché car tout récemment victorieux, populaire en Croatie. Image facile à brocarder ailleurs, où l'on verra les signes de l'auto-célébration et d'un goût immodéré du pouvoir - l'image d'un président à vie, en somme. Ces photos, on ne les voyait plus guère ces derniers temps. Le "général" avait moins fière allure ; il quitte la place vaincu par une longue maladie qu'il ne voulait pas reconnaître et contre laquelle il se sera battu avec courage, avec acharnement. Il disparaît sans avoir renoncé, alors que s'annonçait pour lui la période des revers, que l'on donnait son parti perdant aux prochaines élections et que plus d'un Croate en était à se demander si le président serait assez respectueux des règles démocratiques pour se plier à un tel désaveu des urnes et accepter jamais de choisir dans l'opposition le futur chef du gouvernement. "J'agirai dans l'intérêt du peuple croate", répondait-il sèchement, il y a quelques semaines, alors qu'un journaliste étranger l'interrogeait sur l'éventualité d'une cohabitation. Ambigu comme toujours : revêche face à l'insinuation désobligeante, sans qu'on puisse vraiment savoir si par orgueil il préférait laisser traîner la suspicion plutôt que s'abaisser à la dissiper, ou s'il était bel et bien en train d'ourdir de sombres plans pour empêcher par tous les moyens l'opposition d'arriver au gouvernement et éviter d'avoir à partager le pouvoir. Le temps des manoeuvres et des ruses, le temps de l'ambiguïté, est fini pour Franjo Tudjman. Le jeune et brillant général de Tito devenu historien de la nation croate n'est plus aux prises, désormais, qu'avec le verdict de l'Histoire. D'autres jugements tomberont, avant celui-là : on va portraiturer l'homme à l'uniforme d'opérette, ses travers manifestes, son autoritarisme ; derrière les condoléances officielles et le respect dû au défunt, on devinera le secret soulagement des démocraties politiquement correctes pour lesquelles la mort de Tudjman est la première bonne nouvelle en provenance d'une région qui depuis près de dix ans empoisonne la diplomatie occidentale, une ombre en moins sur l'horizon du Pacte de stabilité pour les Balkans, la disparition de l'un de ces nationalistes forcenés qui nous ont fait tellement d'ennuis ; on percevra l'espoir qu'une autre disparition (politique) suive bientôt à Belgrade et qu'avec la mort de Tudjman s'ouvre enfin un nouveau chapitre pour cette région d'Europe, celui de la normalité démocratique. Franjo Tudjman l'a cherché : attirant l'opprobre internationale sur son pays au moment même où il le faisait sortir de la dépendance et de l'insignifiance ; aggravant les soupçons qui depuis plus de cinquante ans pèsent sur la Croatie alors qu'il espérait l'en laver ; prêtant le flanc à des critiques qui n'étaient au départ que des a priori mais auxquelles il aura lui-même fourni une justification. Que l'on puisse aujourd'hui le présenter comme le compère de Slobodan Milosevic - son ennemi -, que l'on ait pu si souvent dénoncer entre eux une perfide entente, qu'on continue de les mettre dans le même sac : tel est l'échec majeur de Franjo Tudjman, qui prétendait incarner pour la postérité la résistance et le patriotisme. Il récolte ce qu'il a semé. Mais il conviendrait néanmoins, au moment où effectivement se tourne une page de l'histoire yougoslave, de s'interroger honnêtement, dans certaines démocraties tranquilles et donneuses de leçons, sur les conséquences funestes qu'eurent, au commencement du drame, cette analogie trop succincte, trop facile, entre le maître de Belgrade et celui de Zagreb, la condamnation du second tenu pour seul coupable de la dislocation de la Yougoslavie, les a priori méprisants envers le peuple croate tout entier. En décembre 1991, alors que les forces serbes venaient d'avoir raison de l'héroïque résistance des combattants croates de Vukovar et de réduire la ville en ruine, alors que des centaines de milliers de Croates étaient sur les routes de l'exode, François Mitterrand, livrant le fond de sa pensée à un journal allemand, déplorait que de telles tragédies aient jalonné l'histoire de la Croatie et de la Serbie, "en particulier pendant la seconde guerre mondiale où de nombreux Serbes sont morts dans des camps croates". "Comme vous le savez, ajoutait-il, la Croatie faisait partie du bloc nazi, pas la Serbie." Nazie donc, la Croatie ; oustachie ; collectivement responsable, plusieurs générations après, de l'alliance d'Ante Pavelic avec les puissances de l'Axe qui l'avaient fait roi ; coupable, en dépit du martyre de Vukovar, alors-même qu'elle était sauvagement agressée par l'extrémisme serbe... Mieux au fait de l'actualité dans la région, l'Allemagne avait pris le parti inverse. L'Europe, paralysée donc, laissa les forces serbes orchestrées par Milosevic prendre le contrôle de plus d'un tiers du territoire de la Croatie, avant de finalement reconnaître l'indépendance du pays en janvier 1992 et d'obtenir de l'ONU, un mois après, l'envoi de 14 000 "casques bleus" dans les régions occupées. Ce qu'on avait toléré de Belgrade, ce qu'on avait laissé faire en Croatie, allait évidemment se poursuivre quelques semaines plus tard et pendant plus de trois ans en Bosnie. Il faut, pour comprendre sinon Franjo Tudjman, du moins le soutien populaire dont il a joui chez lui les années suivantes, avoir à l'esprit ce moment : ces quelques mois de 1991 durant lesquels les plus pacifistes des Croates - quoi qu'ils pensent de celui qui déjà était leur président - en vinrent à s'enrôler contre une guerre d'agression caractérisée, criminelle dans ses méthodes et dans son objectif de réalisation d'une grande Serbie ethniquement pure ; ces mois pendant lesquels ils résistèrent seuls à l'armée fédérale yougoslave devenue armée de Milosevic, qui leur était massivement supérieure. Franjo Tudjman venait de connaître des moments difficiles : critiqué d'abord par ceux qui lui reprochaient de n'avoir pas su empêcher la guerre, critiqué ensuite par des nationalistes plus durs que lui qui l'accusaient de ne pas la mener assez fermement. Mais en janvier 1992, pour avoir libéré la nation croate du joug de Belgrade, il accédait à l'immortalité aux yeux de ses compatriotes, qui le lui signifièrent peu après, lors de la première élection présidentielle au suffrage universel. Tout ne fut ensuite que gâchis, mise à mal d'une idée nationale croate qui avait forcé la reconnaissance mais allait être très vite ternie. En Bosnie d'abord. Alors que Croates et Musulmans sont victimes à leur tour, à partir du printemps 1992, du "nettoyage ethnique" dans toutes les régions de Bosnie où vivent des Serbes, cette solidarité de victimes est rompue, à la fin de la même année, par les nationalistes croates d'Herzégovine, qui proclament l'indépendance de l' "Herzeg Bosna". Avec le soutien de Zagreb, ils mènent à Mostar et en Bosnie centrale contre les Musulmans une guerre qui n'a rien à envier aux méthodes serbes, comme le rappellent aujourd'hui les poursuites intentées par le tribunal de La Haye. C'est "la guerre dans la guerre", un deuxième front dans le conflit bosniaque que la communauté internationale est déjà impuissante à gérer. LES Croates d'Herzégovine, a-t-on dit, sont pour la Croatie ce que furent un temps les Français d'Algérie pour la France. Ils seront la perdition pour Franjo Tudjman, une pression extrémiste dont ils ne se libérera plus, même après la guerre de Bosnie : son régime, jusqu'à la fin, aura été sous l'emprise d'un lobby herzégovinien sans scrupules, profiteur et corrupteur, au point de pousser à la démission l'année dernière quelques-uns des plus proches membres de l'entourage du président. Quant au sort de la Bosnie, Franjo Tudjman n'a jamais dissimulé le grand cas qu'il en faisait. En mai 1995, invité à Londres à un dîner où il avait pour voisin de table le leader du Parti libéral-démocrate Paddy Ashdown, il dessina schématiquement le plan de partage de la Bosnie qu'il avait en tête : une ligne grossièrement ébauchée sur un menu, nouvelle frontière serbo-croate, avec Banja Luka et Sarajevo du côté de la Croatie, Tuzla du côté de la Serbie. Sans honte ; sincèrement convaincu que le plus simple moyen de régler le problème bosniaque était de faire disparaître la Bosnie de la carte. S'était-il entendu sur ce schéma avec Milosevic ? On l'en soupçonna, comme on l'en avait déjà soupçonné à des stades antérieurs de la crise dans l'ex-Yougoslavie. Certains observateurs ont recensé les contacts entre les deux hommes durant cette crise et sont arrivés à un chiffre dépassant la cinquantaine ; ce qui fait effectivement beaucoup pour des ennemis historiques. Les Occidentaux ne l'entendaient pas ainsi. Sous la forte pression des Américains, un cessez-le-feu est intervenu entre Croates et Musulmans et Franjo Tudjman a accepté, par l'accord de Washington du 1er mars 1994, qu'une fédération croato-musulmane soit constituée en Bosnie. Cette initiative américaine, appuyée par une aide active à l'armée croate, débouchera à l'été 1995 sur la défaite militaire des Serbes en Croatie et en Bosnie. Le 5 août, l'armée croate reprend en deux jours le contrôle de la Krajina aux mains des Serbes sécessionnistes depuis 1991 ; quelques jours plus tard, les forces croato-musulmanes lancent en Bosnie une offensive qui provoquera la déroute serbe et sera suivie, quelques mois plus tard, par l'accord de paix de Dayton. Pour la reconquête de la Krajina, comme pour la conquête de l'indépendance trois ans et demi plus tôt, Franjo Tudjman a mérité de la patrie. Les Croates dans leur ensemble ne lui imputent pas les exactions qui furent commises dans cette région en août 1995, ni l'exode massif des Serbes qui y vivaient. Mais une fois parachevée l'indépendance du pays avec le rétablissement de sa souveraineté sur tout le territoire, ils seront progressivement de plus en plus nombreux à souhaiter sortir de la période de guerre et se réconcilier avec la normalité européenne. Franjo Tudjman, lui, n'en sortira pas : adepte, à la manière d'un ancien communiste, des cérémonies commémoratives qui sont un hommage à lui-même autant qu'aux combattants tombés ; adepte de la même manière d'une forme de pouvoir autoritaire dérivé de l'état d'urgence, qui s'embarrasse assez peu du respect des libertés démocratiques ; flirtant avec la droite extrême dans le recours persistant aux thèmes de guerre, dans sa sollicitude envers les Herzégoviniens dont il finira par devenir l'otage ; trahissant, par le traitement qu'il réserve aux Serbes qui sont restés dans le pays, à ceux surtout qui cherchent en vain à y rentrer, la vraie nature de son nationalisme. Rusant néanmoins avec la communauté internationale qui le surveille, donnant des gages de temps en temps, évitant l'affrontement ouvert, sans que l'on sache encore très bien ce qui dans ce jeu relevait d'une pure duplicité ou d'un réel sentiment d'injustice et d'incompréhension. En 1941, le jeune Franjo Tudjman, âgé de dix-neuf ans, a rejoint les partisans conduits par Tito dans leur lutte contre le régime "indépendant", sanguinaire, que les nazis ont mis en place à Zagreb. Il fera après la guerre un brillant début de carrière militaire, avant d'opter pour l'Histoire - marxiste - dans les années 60. C'est alors qu'il paraît prendre conscience que l'un des thèmes de propagande préférés des Serbes qui dominent l'appareil communiste consiste à accuser les Croates de collaboration avec le nazisme. Il ne cessera, jusqu'à sa mort, de combattre obsessionnellement ce thème de la propagande serbe (promis à une belle carrière), qu'il tient pour une contre-vérité historique infamante. Exclu du parti, brouillé avec le régime de Tito dont il tâte des prisons au début des années 70, il devient militant du nationalisme croate, pourfendeur des inégalités dans une Fédération yougoslave dominée par les Serbes. Il trouvera les soutiens matériels de son combat auprès des Croates de l'étranger, ceux qui ont fui le communisme et leurs descendants, très nationalistes, nostalgiques souvent de l'"indépendance" fantoche de 1941 à 1945, de ces quatre seules années où la Croatie avait existé en tant que telle. Tels sont les ingrédients - disparates, contradictoires - dont fut fait le révisionnisme de Franjo Tudjman. Quelques semaines avant sa mort, il protestait encore de sa bonne foi d'historien dans la querelle sur le nombre des victimes du camp d'extermination de Jasenovac : 40 000, selon lui, contre le chiffre couramment avancé de 700 000 ; "seule la vérité est utile, disait-il ; les exagérations ne font qu'engendrer des malentendus et de nouvelles haines". Sans doute, et le chiffre n'a pas été sans conséquences pour la Croatie. Mais Franjo Tudjman n'aura guère aidé le pays à clarifier son passé en lançant il y a quelques années une initiative dite de "réconciliation" qui consistait en fait à mettre sur le même plan les oustachis et leurs victimes ; ni en dotant l'Etat nouvellement indépendant des mêmes symboles (notamment le drapeau à damier) que ceux du régime d'Ante Pavelic, sous prétexte qu'ils étaient les symboles de la Croatie, pas de tel ou tel régime ; ni non plus en débaptisant la place des "Victimes du fascisme" pour la dédier aux "Héros de la Croatie"... Après Franjo Tudjman, tout reste encore à faire pour les Croates, hormis l'indépendance. CLAIRE TREAN Le Monde du 13 décembre 1999

« déjà était leur président - en vinrent à s'enrôler contre une guerre d'agression caractérisée, criminelle dans ses méthodes et dansson objectif de réalisation d'une grande Serbie ethniquement pure ; ces mois pendant lesquels ils résistèrent seuls à l'arméefédérale yougoslave devenue armée de Milosevic, qui leur était massivement supérieure.

Franjo Tudjman venait de connaître desmoments difficiles : critiqué d'abord par ceux qui lui reprochaient de n'avoir pas su empêcher la guerre, critiqué ensuite par desnationalistes plus durs que lui qui l'accusaient de ne pas la mener assez fermement.

Mais en janvier 1992, pour avoir libéré lanation croate du joug de Belgrade, il accédait à l'immortalité aux yeux de ses compatriotes, qui le lui signifièrent peu après, lors dela première élection présidentielle au suffrage universel. Tout ne fut ensuite que gâchis, mise à mal d'une idée nationale croate qui avait forcé la reconnaissance mais allait être très viteternie. En Bosnie d'abord.

Alors que Croates et Musulmans sont victimes à leur tour, à partir du printemps 1992, du "nettoyageethnique" dans toutes les régions de Bosnie où vivent des Serbes, cette solidarité de victimes est rompue, à la fin de la mêmeannée, par les nationalistes croates d'Herzégovine, qui proclament l'indépendance de l' "Herzeg Bosna".

Avec le soutien deZagreb, ils mènent à Mostar et en Bosnie centrale contre les Musulmans une guerre qui n'a rien à envier aux méthodes serbes,comme le rappellent aujourd'hui les poursuites intentées par le tribunal de La Haye.

C'est "la guerre dans la guerre", un deuxièmefront dans le conflit bosniaque que la communauté internationale est déjà impuissante à gérer. LES Croates d'Herzégovine, a-t-on dit, sont pour la Croatie ce que furent un temps les Français d'Algérie pour la France.

Ilsseront la perdition pour Franjo Tudjman, une pression extrémiste dont ils ne se libérera plus, même après la guerre de Bosnie :son régime, jusqu'à la fin, aura été sous l'emprise d'un lobby herzégovinien sans scrupules, profiteur et corrupteur, au point depousser à la démission l'année dernière quelques-uns des plus proches membres de l'entourage du président. Quant au sort de la Bosnie, Franjo Tudjman n'a jamais dissimulé le grand cas qu'il en faisait.

En mai 1995, invité à Londres à undîner où il avait pour voisin de table le leader du Parti libéral-démocrate Paddy Ashdown, il dessina schématiquement le plan departage de la Bosnie qu'il avait en tête : une ligne grossièrement ébauchée sur un menu, nouvelle frontière serbo-croate, avecBanja Luka et Sarajevo du côté de la Croatie, Tuzla du côté de la Serbie.

Sans honte ; sincèrement convaincu que le plus simplemoyen de régler le problème bosniaque était de faire disparaître la Bosnie de la carte.

S'était-il entendu sur ce schéma avecMilosevic ? On l'en soupçonna, comme on l'en avait déjà soupçonné à des stades antérieurs de la crise dans l'ex-Yougoslavie.Certains observateurs ont recensé les contacts entre les deux hommes durant cette crise et sont arrivés à un chiffre dépassant lacinquantaine ; ce qui fait effectivement beaucoup pour des ennemis historiques. Les Occidentaux ne l'entendaient pas ainsi.

Sous la forte pression des Américains, un cessez-le-feu est intervenu entre Croateset Musulmans et Franjo Tudjman a accepté, par l'accord de Washington du 1er mars 1994, qu'une fédération croato-musulmanesoit constituée en Bosnie.

Cette initiative américaine, appuyée par une aide active à l'armée croate, débouchera à l'été 1995 sur ladéfaite militaire des Serbes en Croatie et en Bosnie.

Le 5 août, l'armée croate reprend en deux jours le contrôle de la Krajina auxmains des Serbes sécessionnistes depuis 1991 ; quelques jours plus tard, les forces croato-musulmanes lancent en Bosnie uneoffensive qui provoquera la déroute serbe et sera suivie, quelques mois plus tard, par l'accord de paix de Dayton. Pour la reconquête de la Krajina, comme pour la conquête de l'indépendance trois ans et demi plus tôt, Franjo Tudjman amérité de la patrie.

Les Croates dans leur ensemble ne lui imputent pas les exactions qui furent commises dans cette région enaoût 1995, ni l'exode massif des Serbes qui y vivaient.

Mais une fois parachevée l'indépendance du pays avec le rétablissementde sa souveraineté sur tout le territoire, ils seront progressivement de plus en plus nombreux à souhaiter sortir de la période deguerre et se réconcilier avec la normalité européenne. Franjo Tudjman, lui, n'en sortira pas : adepte, à la manière d'un ancien communiste, des cérémonies commémoratives qui sontun hommage à lui-même autant qu'aux combattants tombés ; adepte de la même manière d'une forme de pouvoir autoritairedérivé de l'état d'urgence, qui s'embarrasse assez peu du respect des libertés démocratiques ; flirtant avec la droite extrême dansle recours persistant aux thèmes de guerre, dans sa sollicitude envers les Herzégoviniens dont il finira par devenir l'otage ;trahissant, par le traitement qu'il réserve aux Serbes qui sont restés dans le pays, à ceux surtout qui cherchent en vain à y rentrer,la vraie nature de son nationalisme.

Rusant néanmoins avec la communauté internationale qui le surveille, donnant des gages detemps en temps, évitant l'affrontement ouvert, sans que l'on sache encore très bien ce qui dans ce jeu relevait d'une pure duplicitéou d'un réel sentiment d'injustice et d'incompréhension. En 1941, le jeune Franjo Tudjman, âgé de dix-neuf ans, a rejoint les partisans conduits par Tito dans leur lutte contre le régime"indépendant", sanguinaire, que les nazis ont mis en place à Zagreb.

Il fera après la guerre un brillant début de carrière militaire,avant d'opter pour l'Histoire - marxiste - dans les années 60.

C'est alors qu'il paraît prendre conscience que l'un des thèmes de. »

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