Devoir de Philosophie

Giscard d'Estaing, Valéry

Publié le 06/04/2013

Extrait du document

1   PRÉSENTATION

Giscard d'Estaing, Valéry (1926- ), homme d’État français, président de la République de 1974 à 1981.

2   JEUNESSE ET CARRIÈRE MINISTÉRIELLE

Né à Coblence (Allemagne), où son père, Edmond Giscard d’Estaing, inspecteur des finances, est en poste, Valéry Giscard d’Estaing voit le jour au sein d’un milieu de haute bourgeoisie. Si on a contesté le rattachement de sa lignée paternelle, d’origine auvergnate, à la famille de l’amiral d’Estaing, dont elle ne porte le nom que depuis 1922, Valéry Giscard d’Estaing est, par sa mère, issu d’une lignée de grands notables orléanistes et républicains.

Après des études secondaires brillantes, il participe, en 1944, aux combats pour la libération de la France dans les rangs de l’arme blindée-cavalerie, puis intègre l’École polytechnique et, enfin, l’École nationale d’administration (ENA), d’où il sort dans le corps de l’Inspection des finances. De son mariage avec Anne-Aymone de Brantes (1952), il a quatre enfants. Remarqué par Edgar Faure, il est nommé en 1954 directeur adjoint du cabinet de ce dernier, alors président du Conseil. Membre du Centre national des indépendants et paysans d’Antoine Pinay, il succède à son grand-père Jacques Bardoux comme député modéré du Puy-de-Dôme en 1956.

Rallié au général de Gaulle, alors que plusieurs des membres de sa formation politique se montrent peu favorables aux nouvelles institutions, il devient secrétaire d’État aux Finances en 1959 dans le gouvernement de Michel Debré, puis ministre de l’Économie et des Finances à partir de janvier 1962. La même année, il se sépare de l’essentiel de sa famille politique restée dans l’opposition, et son nouveau groupe, les Républicains indépendants (RI), assure au pouvoir gaulliste la majorité à l’Assemblée nationale. Il est l’instigateur du plan de stabilisation de 1963 destiné à enrayer l’inflation (restriction des crédits, blocage des prix, contrôle des changes). Cependant, ce programme économique sera la cause d’une brève récession, qui entraînera sa démission et sa mise à l’écart en 1966.

Réélu à l’Assemblée nationale en 1967, il devient le président de la Fédération nationale des républicains indépendants et s’attache dès lors, notamment avec l’aide de Michel d’Ornano et de Michel Poniatowski, à consolider son parti tout en le démarquant quelque peu de la majorité. Il soigne son image de technicien jeune, dynamique et moderne, marque sa différence, en 1967, avec le « oui mais « à de Gaulle et va jusqu’à critiquer, en 1968, « l’exercice solitaire du pouvoir «. Il appelle à voter « non « au référendum de 1969, dont l’échec signe la fin de la carrière politique du général de Gaulle. Se rapprochant alors de la majorité, Valéry Giscard d’Estaing retrouve, en juin de la même année, après l’élection de Georges Pompidou à la présidence de la République, le portefeuille de l’Économie et des Finances qu’il conservera jusqu’en 1974. Après l’éviction de Jacques Chaban-Delmas, qui tente de promouvoir une forme de gaullisme rénovée pendant qu’il est Premier ministre (1969-1972), il s’impose peu à peu comme le vrai leader de la majorité.

3   LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE

Dès l’annonce de la mort de Georges Pompidou en 1974, Valéry Giscard d’Estaing se présente à l’élection présidentielle sous la bannière des Républicains indépendants et fait campagne sur le thème de l’instauration d’une « société libérale avancée «. Opposé à Jacques Chaban-Delmas, il apparaît, à l’inverse de son compétiteur, comme seul capable de fédérer l’ensemble de la droite. Élu de justesse avec 50,81 p. 100 des suffrages contre François Mitterrand, le candidat de l’union de la gauche, il nomme Jacques Chirac au poste de Premier ministre.

Partisan d’un changement maîtrisé, il entreprend un mouvement de réformes, touchant plus aux mœurs qu’aux structures économiques. Faisant appel à de nouveaux venus sur la scène politique comme Jean-Jacques Servan-Schreiber ou Simone Veil, il abaisse la majorité à l’âge de dix-huit ans, fait légaliser l’avortement, autorise le divorce par consentement mutuel et crée un secrétariat d’État à la condition féminine qu’il confie à la journaliste Françoise Giroud. Désireux de simplifier le protocole républicain et de rapprocher la fonction présidentielle de la vie quotidienne des citoyens, il prend quelques initiatives spectaculaires, dont celle de se faire inviter à plusieurs reprises chez des Français « ordinaires «. Mais le mécontentement d’une partie de sa majorité et le renforcement de l’opposition, dont il tente vainement de promouvoir un véritable statut sur le modèle britannique, bloquent vite la « décrispation « de la vie politique et la libéralisation de la société française qu’il appelle de ses vœux, notamment dans Démocratie française (1976). Confronté à une crise économique mondiale sans précédent depuis 1929, ainsi qu’à la montée du chômage, il ralentit rapidement le rythme de ses réformes et se heurte de plus en plus à son Premier ministre. Il impose progressivement un contrôle accru de l’Élysée sur le gouvernement et les médias tout en marginalisant les gaullistes au sein de l’appareil d’État.

Cette phase de tension culmine durant l’été 1976 au cours duquel Jacques Chirac démissionne. Il est remplacé par un économiste peu marqué politiquement, Raymond Barre, qui met en œuvre un vaste programme de rigueur destiné à assainir et à libéraliser l’économie française. En proie à l’hostilité croissante des gaullistes du RPR récemment créé par Jacques Chirac, Valéry Giscard d’Estaing est l’artisan de l’unification des centristes et des Républicains indépendants au sein de l’Union pour la démocratie française (UDF), qu’il contribue à mettre sur pied en 1978. Il mène alors la majorité à la bataille des législatives de 1978, qu’il remporte en partie grâce à la désunion de la gauche. Il ne peut, cependant, endiguer la détérioration de la situation économique (hausse du chômage et de l’inflation) et le malaise social croissant, provoqués par la récession mondiale.

En politique étrangère, il fait progresser la construction de l’Europe en compagnie du chancelier allemand Helmut Schmidt et mène une politique proarabe destinée à assurer les approvisionnements de la France en pétrole. Il poursuit également la politique africaine de ses prédécesseurs et établit de nombreux contacts personnels avec de multiples chefs d’État, dont — et ce fait lui sera très vivement reproché — le dictateur Bokassa. Candidat à sa réélection, il est nettement battu par François Mitterrand à l’élection présidentielle de 1981, ne rassemblant que 48,24 p. 100 des suffrages au second tour.

4   L’AVOCAT DE LA CONSTRUCTION EUROPÉENNE

Déclinant le siège au Conseil constitutionnel qui lui revient de droit, Valéry Giscard d’Estaing ne se retire pas pour autant de la vie politique. Lançant un appel aux « déçus du socialisme «, il formule le vœu de réunir Deux Français sur trois, selon le titre du livre qu’il publie en 1984. Redevenu député du Puy-de-Dôme cette même année, il prend part à la campagne des législatives de 1986 et, s’il ne participe pas aux gouvernements de cohabitation, il conserve une position éminente dans le paysage politique français. Élu président de l’UDF en 1988, il se montre très favorable à l’union économique et politique de l’Europe et dirige la liste commune UDF-RPR lors des élections européennes de 1989, qui remportera 28,87 p. 100 des voix. Il échoue cependant dans sa tentative de conquête de la mairie de Clermont-Ferrand en 1995, et se retire de la présidence de l’UDF en 1996. Président du conseil régional d’Auvergne (1986-2004) et député au Parlement européen, Valéry Giscard d’Estaing fait régulièrement part de ses réflexions sur l’actualité internationale et garde une certaine influence au sein du débat politique comme en témoignent ses prises de position sur le quinquennat et sur l’inversion du calendrier électoral de l’année 2001.

Spécialiste des problèmes économiques et de politique étrangère, brillant technocrate, mais orateur au ton parfois professoral, Valéry Giscard d’Estaing a adopté un style qui l’a progressivement éloigné des Français durant son mandat présidentiel. Après sa défaite dont il tire leçon dans le Pouvoir et la Vie (1988-1991), il continue à vanter les mérites du consensus et d’un libéralisme intégrant des préoccupations sociales. Il s’essaie également au roman sentimental avec le Passage, publié en 1994. En décembre 2001, il revient sur le devant de la scène politique européenne en étant désigné président de la Convention sur l’avenir de l’Europe lors du sommet européen de Laeken. Réunie à partir de mars 2002, cette Convention prépare les pistes de réflexion pour la conférence intergouvernementale (CIG) consacrée à l’élargissement de l’Union européenne et élabore un projet de Constitution pour l’Union européenne qui peine à rencontrer un consensus. En 2003, Valéry Giscard d’Estaing est élu à l’Académie française. En mars 2004, battu par le candidat du PS, il n’est pas réélu à la présidence du conseil régional d’Auvergne. Il choisit alors de rejoindre le Conseil constitutionnel, institution dont il est membre de plein droit en sa qualité d’ancien président de la République.

Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

Liens utiles