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grecque, littérature

Publié le 30/01/2013

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1   PRÉSENTATION grecque, littérature, littérature des peuples grecs de la fin du IIe millénaire av. J.-C. jusqu'à nos jours. Voir aussi Grèce ; Grec.
2   D'HOMÈRE À ARISTOTE La période allant du VIIIe au IVe siècle av. J.-C. est particulièrement féconde. À l'écart de toute influence extérieure, les principaux genres — épopée, poésie lyrique, tragédie, comédie, histoire, art oratoire, philosophie — sont créés et atteignent leur apogée. Sont également forgées les principales références qui allaient marquer la culture occidentale jusqu'à nos jours.
La Grèce est d'abord occupée par les civilisations égéenne et mycénienne dont la « littérature « orale se compose essentiellement de chants évoquant les guerres, les récoltes et les rites funéraires. Ces chants sont repris par les Hellènes au IIe millénaire av. J.-C. Bien que nous n'en possédions aucun fragment, il semble que les auteurs des ballades composées à la gloire des héros s'en soient inspirés. À leur tour, les ballades populaires deviennent l'essence même de la poésie épique grecque. L'épopée grecque atteint son apogée avec l'Iliade et l'Odyssée, composées par Homère, qui, loin d'être le premier, serait l'ultime et le plus illustre d'une série d'aèdes itinérants. Ceux-ci récitent et improvisent, en s'accompagnant de la lyre, des poèmes épiques devant un auditoire d'aristocrates. Les deux épopées attribuées à Homère sont donc l'aboutissement d'une longue tradition littéraire orale, vivante depuis le Xe siècle av. J-C. Homère a disposé d'un ensemble de sujets mythiques et d'expressions qu'il a innovés : le texte homérique, où coexistent des formes appartenant à des époques et à des dialectes divers, notamment l'ionien et l'éolien, représente la forme parachevée de cette littérature épique. Son mètre est l'hexamètre dactylique. La fixation du texte homérique a lieu à Athènes, au VIe siècle av. J.-C., à l'initiative de Pisistrate. À côté de l'Iliade et de l'Odyssée existent d'autres poèmes épiques, dont ne subsistent que des fragments et dont nous ne savons, outre leur nom, rien de leurs auteurs. Ces poèmes forment avec les épopées d'Homère un tout cohérent et illustrent la guerre de Troie ou celle des (Sept contre Thèbes). Ainsi, Pisandre de Rhodes (VIe siècle av. J.-C.) est l'auteur d'une Héracléide, chronique des exploits d'Héraclès. Panyassis d'Halicarnasse (Ve siècle av. J.-C.) écrit également une Héracléide, dont seuls subsistent quelques bribes et Antimaque de Colophon, considéré comme le fondateur de l'école érudite de poésie épique, est l'auteur d'une Thébaïde. Le recueil des Hymnes homériques (VIIe ou VIe siècle av. J.-C.), écrits dans le mètre et la langue d'Homère, sont composés à la gloire des dieux. Le rayonnement de l'épopée se manifeste encore dans la parodie du genre épique, notamment illustrée par Batrachomyomachie ou la Guerre des rats et des grenouilles, poème que les Anciens attribuaient à Homère.
Contemporain d'Homère, Hésiode introduit un ton nouveau dans la poésie en substituant au récit d'exploits mythiques l'évocation du monde paysan de la Béotie et en apportant le témoignage de son expérience personnelle (les Travaux et les Jours).
Entre 650 et 450 av. J.-C., une intense production poétique voit le jour. Reflet de l'évolution politique et sociale des cités grecques, cette poésie n'est plus consacrée à l'héroïsation du passé, mais traduit les préoccupations du moment, conflits sociaux ou guerres entre États. Elle s'adresse à un auditoire conscient de ses responsabilités civiques et vise à lui transmettre une certaine forme de sagesse. En Asie Mineure, Callinos d'Éphèse, Mimnerme de Colophon, et à Sparte, Tyrtée, composent des élégies guerrières et politiques, encore proches de l'épopée par leur mètre et leur dialecte ionien mais s'apparentant à la harangue militaire lorsqu'elles exhortent les jeunes gens au combat. Avec Solon, le premier poète athénien, et Theognis de Mégare, l'élégie prend une tonalité politique et morale. Archiloque de Paros, quant à lui, n'évoque plus la victoire guerrière et la gloire des héros, mais se lamente ou récrimine en considérant ses déboires amoureux. Il est considéré comme le créateur de la poésie iambique.
La poésie lyrique individuelle, destinée à être chantée en solo avec accompagnement de la lyre, se développe dans l'île de Lésvos (Lesbos) avec Terpandre, qui compose des nomes ou des hymnes liturgiques à la gloire des dieux, et notamment à celle d'Apollon. Alcée aborde des sujets politiques, guerriers et religieux et invente la strophe alcaïque. Sapho, la plus grande poètesse de la Grèce antique, chante l'amour et l'amitié. Enfin, le poète de cour Anacréon de Téos, VIe siècle av. J.-C., se fait le chantre de l'amour, des banquets et du vin. Il a laissé son nom à un genre poétique fondé sur une conception de la vie qui consiste à ne considérer que les choses agréables, même si elles sont éphémères : l'anacréontisme.
Le lyrisme choral grec est une poésie religieuse et civique, en dialecte dorien, où danse et musique (accompagnement de cithare et de l'aulos, sorte de flûte) ont la même importance. Selon les circonstances, le genre des odes varie : les péans, les hymnes et les dithyrambes sont chantés lors de festivités religieuses, les épinicies sont réservées à la célébration des vainqueurs des jeux Olympiques. Le genre aurait d'abord été illustré par Thaletas dont on raconte qu'il serait venu chercher la guérison à Sparte en adressant des péans à Apollon. Alcman compose des Parthénées, en partie de caractère religieux mais de ton plus léger que celui des péans, chantées lors de processions par un chœur de vierges. Arion aurait inventé le dithyrambe et le tragique qu'exploitera la tragédie. Au milieu du VIe siècle, le poète sicilien Stésichore introduit la forme triadique de l'ode chorale. À la fin du VIe et au début du Ve siècle, Ibycos de Rhegion, Simonide de Céos, auteur d'épinicies, d'éloges et de thrènes (chants funèbres), et Bacchylide de Céos contribuent à l'épanouissement du genre, mais c'est avec Pindare, le rival de Bacchylide que l'hymne aux dieux, l'hymne de procession, le chant funèbre et surtout l'épinicie atteignent une valeur inégalée.
Alors qu'apparaissent les premières œuvres en prose avec les « enquêtes sur la nature « que livrent au VIe siècle av. J.-C., Thalès, Anaximandre et Anaximène, le poème philosophique, encore proche de l'épopée, est illustré par Empédocle, Xénophane et Parménide.
2.1   Le théâtre Le théâtre qui s'épanouit à Athènes au cours du Ve siècle av. J.-C. (voir Drame et art dramatique) est un théâtre profondément intégré au culte de Dionysos. Dans sa forme la plus ancienne, il consiste en un chœur d'hommes chantant des odes tout en dansant. Plus tard est ajouté un acteur qui engage le dialogue avec le chœur. Sur plus d'un millier de tragédies représentés à Athènes au cours du Ve siècle av. J.-C., nous n'en connaissons qu'une trentaine, et seuls trois noms parmi des centaines d'auteurs. Le théâtre d'Eschyle, le père de la tragédie, met en scène des héros étroitement liés aux dieux, et gardant leur grandeur jusque dans le crime. Sophocle, le plus homérique des poètes, atteint, grâce à une minutieuse élaboration de l'intrigue, à la forme la plus accomplie du tragique. Son Œdipe roi représente la quintessence de la tragédie. Le dernier des grands tragiques grecs, mais aussi le plus moderne, Euripide rapproche la tragédie du réel en inscrivant ses héros dans un univers contemporain et en montrant le mieux la psychologie des caractères. Contrairement à la tragédie qui puise ses sujets dans le vaste répertoire mythique popularisé par les épopées anciennes, la comédie situe son action dans l'actualité contemporaine, soit la démocratie athénienne. On distingue généralement trois étapes : la comédie ancienne à laquelle appartiennent les neuf premières comédies d'Aristophane, satire de la vie politique, morale et philosophique d'Athènes ; la comédie moyenne représentée par ses deux œuvres tardives, l'Assemblée des femmes et Ploutos ; enfin, la comédie nouvelle de Ménandre, comédie de mœurs à intrigue simple réservant une place importante à l'expression des sentiments.
2.2   L'histoire Dans la première moitié du Ve siècle av. J.-C. apparaissent la prose et l'histoire. C'est à Hérodote, « père de l'histoire «, que nous devons une chronique des guerres médiques (500-449 av. J.-C) ainsi qu'une une profusion d'informations sur l'Antiquité grecque contenues dans son Histoire. Mais Thucydide reste le premier grand prosateur de la période attique et son Histoire de la guerre du Péloponnèse le révèle comme le premier historien critique. L'œuvre de Xénophon illustre de nouvelles tendances : évolution vers l'autobiographie avec l'Anabase ou vers le roman historique et philosophique avec la Cyropédie.
2.3   L'éloquence et la philosophie L'art de penser et l'art de dire sont, pour les Grecs, indissociables (logos signifie à la fois « parole « et « raisonnement «) et la philosophie ne se sépare pas de l'éloquence (voir Platon ; Aristote ; Grecque, philosophie). Invité, grâce à l'instauration de la démocratie, à jouer un rôle de plus en plus prépondérant dans la cité, le citoyen, s'il veut persuader son auditoire, doit savoir lui présenter ses arguments d'une manière irréfutable : l'art de la rhétorique s'élabore sous l'influence des sophistes dont les motivations sont l'homme et la morale. L'éloquence révèle son utilité dans les tribunaux, où Antiphon livre avec les Tétralogies un modèle de virtuosité oratoire et où Lysias prononce des discours considérés comme des modèles de la prose attique. L'éloquence politique trouve sa plus haute expression dans les discours d'apparat d'Isocrate, ceux de Démosthène ou encore d'Eschine.
3   L'ÉPOQUE HELLÉNISTIQUE, DE 323 À 31 AV. J.-C. À la suite des conquêtes d'Alexandre le Grand au IVe siècle av. J.-C., la culture grecque se répand dans tout l'Empire. Peu à peu dépossédée de sa prééminence intellectuelle, Athènes demeure néanmoins un foyer de création littéraire (Ménandre y crée la comédie nouvelle) et un lieu où parfaire son éducation (l'Académie platonicienne, le Lycée d'Aristote ou le Jardin d'Épicure sont sur ses collines). Alexandrie avec son musée et sa bibliothèque (voir Alexandrie, bibliothèque d'), mais aussi Pella, Antioche et Pergame sont des centres vivants, où les colons, désireux de préserver et de transmettre les caractéristiques propres de l'hellénisme créent des gymnases, des instituts de recherche et des bibliothèques. L'activité littéraire de la période hellénistique est plus érudite que créatrice : on compile, on fixe les textes, les genres, on établit des canons ; on classe les auteurs, dont on se sent tributaire et on imite tout en cherchant à se démarquer. Les érudits s'adressent à un public non plus d'auditeurs mais de lecteurs, disséminés géographiquement mais disposant d'une langue commune, la koinè, qui supplante peu à peu les dialectes locaux, et un public cultivé, mais plus restreint. Ainsi, la poésie hellénistique est une poésie savante, un art de cour, raffiné et allusif, privilégiant la forme brève, l'épigramme. Pour se différencier de leurs illustres prédécesseurs, les poètes reprennent leurs thèmes ou leurs formes mais les traitent de manière inattendue. L'œuvre poétique de Callimaque, chef de l'école d'Alexandrie (il est chargé de rédiger le catalogue des œuvres conservées à la bibliothèque d'Alexandrie), représente parfaitement le goût du temps par son érudition omniprésente, son goût pour les formes concises et sa recherche de l'inattendu et du rare. Les Argonautiques, poème épique, d'Apollonios de Rhodes, élève puis rival de Callimaque, mettent en question le genre même qu'ils prétendent illustrer, l'épopée, et en explorent les limites : aux éléments propres à l'épopée traditionnelle (combats, exploits) Appolonios intègre des données savantes (détails géographiques, ethnographiques, théories médicales) et une tonalité lyrique : cette contamination des genres est caractéristique de la poésie hellénistique.
Le poète syracusain Théocrite, qui compose la quasi-totalité de son œuvre à Alexandrie, est le créateur de l'idylle (du grec eidullion, diminutif de eidos « forme «), forme brève, le plus souvent bucolique, que reprendront ses successeurs Bion de Smyrne, auteur de dix-huit poèmes qui nous sont conservés, dont son fameux Chant funèbre en l'honneur d'Adonis, et le poète sicilien Moschos, auteur d'un poème épique, Europe, et de poèmes bucoliques.
L'apport des grammairiens, des philologues et des chercheurs à la période hellénistique est important (voir Hérophile, Érasistrate ; Hipparque ; Ptolémée ; Aristarque de Samos ; Ératosthène). La littérature géographique et historique, essentiellement représentée par la Géographie de Strabon et l'Histoire de Polybe, allie la discussion théorique et la description concrète.
4   LA PÉRIODE GRÉCO-ROMAINE, DU IER SIÈCLE AV. J.-C. AU IVE SIÈCLE APR. J.-C. Après l'annexion de l'Égypte par les Romains (bataille d'Actium, 31 av. J.-C.), le monde hellénistique, soumis au pouvoir de Rome, présente, en dépit de sa dispersion géographique, une très forte homogénéité culturelle grâce à un retour aux « classiques « et à la rhétorique prônée par Denys d'Halicarnasse, qui contribue par ses traités sur les orateurs (Démosthène notamment) à maintenir la tradition de l'atticisme, née pendant la période hellénistique, et qui consiste dans l'imitation du style des orateurs. Cet intérêt pour le passé se retrouve dans les Vies parallèles de Plutarque lorsqu'il associe par paire les biographies d'un Grec et d'un Romain célèbres, dans les œuvres de Lucien et chez les orateurs des deux premiers siècles de l'Empire (Dion de Pruse, Aelius Aristide et Maxime de Tyr) qui, en consacrant leurs discours, écrits dans une langue résolument archaïsante, à la défense et à l'illustration de culture grecque, à la glorification du passé, incarnent ce que l'on a appelé la seconde sophistique. À peu près à la même époque apparaît le roman : les fragments du Roman de Ninos, sur l'amour de Ninos, fondateur légendaire de Ninevoli, semblent dater du Iersiècle av. J.-C. Cinq romans complets écrits après 100 apr. J.-C. et avant 300 apr. J.-C. nous ont été conservés : Chéréas et Callirhoé de Chariton est considéré comme le plus ancien des cinq, les Éthiopiques, ou Théagène et Chariclée (début du IIIe siècle apr. J.-C.), composés par Héliodore d'Émèse, Daphnis et Chloé, de Longus, le plus célèbre et probablement le meilleur parmi ces romanciers, les Éphésiaques, ou Anthia et Habrocomès, de Xénophon d'Éphèse, vraisemblablement, le moins doué d'entre eux, Leucippe et Clitophon (avant 300 apr. J.-C.) d'Achilles Tatius, qui semble être le plus récent. Il s'agit, dans tous les cas, de romans d'amour et d'aventures au cours desquels deux jeunes gens vertueux sont séparés et ne se retrouvent qu'au terme d'une odyssée tourmentée. La philosophie stoïque (voir Stoïcisme) est représentée par les écrits d'Épictète et de Marc Aurèle ; les néoplatoniciens (voir Néoplatonisme) trouvent leur parangon en la personne de Plotin. L'intégration de la foi chrétienne à la culture hellénistique commence au IIe siècle avec les apologistes, Clément d'Alexandrie et Origène. Certains des vers les plus raffinés de cette période sont des épigrammes anonymes consignées dans l'Anthologie grecque, recueil de poésie et de prose grecques couvrant une période de deux mille ans environ. Elle se compose de deux volumes réunis au Xe et XIVe siècles apr. J.-C., intitulés Anthologie palatine et Anthologie planudéenne.
5   LA PÉRIODE BYZANTINE, DE 324 À 1453 La période byzantine est une période de mutation politique, sociale et religieuse (voir Byzantin, Empire). Héritière de la tradition grecque antique, la littérature de cette période présente une double aspiration, païenne et chrétienne. Grecs de sentiment et de culture, les Byzantins font des œuvres anciennes la base de leur éducation et prolongent la pensée antique par l'histoire, la rhétorique (Julien l'Apostat, Libanios, Thémistios, Himérius) et la philosophie. L'historiographie, notamment illustrée par l'Histoire ecclésiastique d'Eusèbe de Césarée et l'Histoire nouvelle de Zosime, manifeste la présence constante de Dieu et s'apparente de plus en plus à la biographie par sa visée édifiante. L'inspiration chrétienne de la littérature se fait sentir chez les néoplatoniciens dont la quête du divin est devenu l'objet exclusif de leur philosophie, et surtout chez les Pères de Cappadoce Basile de Césarée, Grégoire de Nysse et Grégoire de Nazianze, et ceux de l'école d'Antioche Jean Chrysostome, Théodore de Mopsueste et Théodore de Cyr, qui peu à peu réalisent la synthèse de l'hellénisme et du christianisme. Cette littérature savante, écrite dans une langue littéraire, n'exclut pas la production d'une littérature sentimentale et chrétienne en langue populaire (Cyprien d'Antioche de l'impératrice Athénaïs Eudoxie), profane, et enfin, nationale (voir Syriaque, littérature ; Arménienne, littérature).
L'époque byzantine compte des historiens : Procope se consacre au règne de Justinien, Constantin VII, Porphyrogénète aux coutumes et aux institutions, Anne Comnène fait dans l'Alexiade l'apologie du règne de son père, l'empereur Alexis Ier. Au Xe siècle, le patriarche Photios crée la critique littéraire en résumant deux cent soixante-dix-neuf ouvrages grecs. Au XIIe siècle, Eustache de Thessalonique écrit des commentaires sur les œuvres des auteurs classiques, dont Hésiode, Pindare et les tragédiens grecs. Parmi les philosophes, le plus marquant est Georges Gémiste Pléthon (v. 1355-v. 1450), penseur original qui fonde à Florence l'Académie platonicienne.
Inspiré de chansons populaires du IXe et du Xe siècle célébrant les exploits des akrites (garde-frontière) face à la menace islamique, un poème épique Digénis Akritas donne à son tour naissance à un cycle de chants (chants akritiques) qui vont se répandre sur tout le territoire hellénique : la présence d'éléments orientaux (longues descriptions de paysages, emphase épique) et chrétiens (exaltation des vertus chevaleresques) situent l'œuvre au carrefour de l'Orient et de l'Occident. L'influence de l'Occident se fait sentir dans des romans versifiés datés du XIVe et du XVe siècle, Callimaque et Chrysorrhoé, Livistros et Rhodamné, dont le canevas est emprunté aux romans de chevalerie occidentaux alors que la narration, longue et riche en digressions, est proprement byzantine. La domination franque suscite notamment la Chronique de Morée (XIVe siècle), long récit en vers blancs qui relate les différents épisodes de la conquête du Péloponnèse et inaugure un genre qui jouira, jusqu'au XIXe siècle, d'une grande faveur dans la littérature néohellénique, la chronique rimée, et l'Achilléide, poème en vers non rimés, dont les héros combattent les Francs.
6   LA PÉRIODE MODERNE Depuis la chute de Constantinople (1453), la domination turque s'exerce sur la majeure partie des territoires hellénophones où l'activité littéraire, asservie, reste confinée dans la sauvegarde du patrimoine par le patriarcat de Constantinople dominé par la figure de Cyrille Loucaris. Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, le destin littéraire de l'hellénisme se poursuit à la périphérie du monde grec, dans les îles de Rhodes, de Chio, de Chypre, et surtout de Crète.
6.1   La Renaissance crétoise Sous contrôle vénitien de 1204 à 1669, la Crète devient le centre d'une production littéraire florissante. L'influence vénitienne, parfois française, est nettement perceptible et remarquablement bien assimilée dans la poésie : avec la verve et la truculence d'un Villon, Stéphane Sachlikis (XVe siècle) emmène le lecteur de son Étrange récit dans les maisons closes et les geôles de Candie. Au XVIe siècle, la Séduction de la jouvencelle laisse transparaître un cynique marivaudage tandis que l'Apocopos de Bergadis (premier texte en grec moderne édité à Venise en 1512) est une étrange descente aux Enfers. Mais les véritables chefs-d'œuvre de la Renaissance crétoise appartiennent au théâtre avec Érophile de Georges Chortatzis, et le Sacrifice d'Abraham (1635, publié en 1696-1697), drame religieux de Vincent Kornaros, qui est également l'auteur du poème romantique sans doute rédigé pendant le siège de Candie par les Turcs, Erotokritos, (1645-1669) aujourd'hui considéré comme une épopée nationale. Au cours de cette période, un grand nombre de chansons populaires sont écrites, y compris le poème pastoral la Belle Bergère. En 1669, la prise de l'île par les Turcs met un terme à l'épanouissement de l'école crétoise.
6.2   Grec classique contre grec démotique Vers la fin du XVIIIe siècle, les aspirations à l'indépendance commencent à s'affirmer et posent, une nouvelle fois, la question de la langue, qui va entacher la littérature grecque pendant tout le XIXe siècle. Sous la domination turque, l'éducation des Grecs est confiée au patriarcat, puis à l'aristocratie qui s'est formée autour de lui, les Phanariotes, hauts fonctionnaires de l'Empire ottoman. Ces derniers, conservateurs et conformistes, prônent la langue archaïsante ou puriste, à laquelle s'oppose, issue de la koinè des Évangiles et constituée principalement à partir des dialectes méridionaux, le grec démotique, que préconisent les artisans de la renaissance intellectuelle d'une Grèce libre. Parmi eux figurent notamment Katargis (1720-1807) et Adamantios Coraïs (1743-1833). Trois poètes, partisans du démotique, Ferraios (1757-1798), Jean Vilaras (1771-1823) et Christopoulous (1772-1847) dominent cette période, tandis que le célèbre Chant de guerre de Konstantinos Rhigas (1757-1798), devient le symbole de l'insurrection naissante. Avec les chants cleftiques, où sont exaltés les cleftes, héros de la résistance aux Turcs, le chant populaire atteint, avant de disparaître, à sa perfection formelle.
6.3   La littérature de l'indépendance Dans les premières décennies du XIXe siècle, la littérature et, tout particulièrement, la poésie sont patriotiques. En optant pour le retour à la grande tradition du chant populaire et de la littérature crétoise, Dyonisios Solomos (1798-1857), pour qui « le combat pour la langue et pour la patrie ne fait qu'un «, élabore une œuvre dont la teneur spirituelle et la maîtrise technique en font le père de la poésie moderne. La lutte pour l'indépendance lui inspire un Hymne à la liberté (1823), devenu par la suite l'hymne national de la Grèce. Autour de Solomos se rassemblent des poètes (Typaldos, 1814-1883 ; Tertséris, 1800-1874 ; Polylas, 1826-1896) qui constituent l'« école ionienne « (ou « école de l'Heptanèse «) à laquelle s'oppose l'« école d'Athènes « avec Alexandre et Panayotis Soutsos, Alexandre Rizos Rangabé, prônant le retour à l'Antiquité, à la langue la plus pure (catharevoussa), et l'imitation servile du romantisme européen. Étrange et fascinante, l'œuvre d'Andreas Calvos (1792-1867) constitue une impasse poétique.
À la suite de la proclamation d'un État grec indépendant en 1832, un ensemble de facteurs donne à la littérature un nouvel essor. Le renversement du roi Othon (1862) permet l'ascension de la classe bourgeoise libérale favorable à la langue démotique. Les Études sur la vie des Grecs (1871) du fokloriste Nikolaos Politis (1852-1921), démontrant que traditions, proverbes et rites sont le legs de l'Antiquité, constituent pour la génération de 1880 un précieux matériau en faveur du démotique. L'esprit critique d'Emmanuel Roïdis (1836-1904), dont la Papesse Jeanne (1865), tourne en dérision les excès du romantisme phanariote, une seconde génération de poètes et prosateurs de l'« école de l'Heptanèse « tels Andreas Laskaratos (1811-1901) et Aristoteles Valaoritis (1824-1879) ; enfin, les concours poétiques d'Athènes, de 1850 à 1870, révèlent un vaste courant favorable au démoticisme. La publication, en 1888, de Mon voyage du philologue Jean Psichari (1854-1929) scelle la victoire du démoticisme. Kostis Palamas est la figure essentielle la génération de 1880 : son œuvre est ouverte à tous les courants esthétiques et philosophiques de son temps et reflète les espoirs et les contradictions de sa génération à laquelle appartiennent les poètes symbolistes et parnassiens Costas Chatzopoulos (1868-1920) et Jean Gryparis (1870-1942).
6.4   La crise des années 1920 La catastrophe d'Asie Mineure (1922) engloutit tous les espoirs d'une génération entière, qui cherche à exprimer son désarroi : certains, comme Kostas Ouranis (1890-1953), tentent de dissiper leur ennui dans le cosmopolitisme, d'autres tels Kostas Varnalis (1884-1974) ou Takis Papatsonis (1895-1976) cherchent une foi dans l'idéal chrétien ou le marxisme. Kostas Caryotakis (1896-1928) laisse, avant de se suicider, des Écrits et Satires (1927) d'un humour et d'une ironie aux accents laforguiens. À l'inverse, Angelos Sikelianos (1884-1951), animé d'une foi profonde en l'unité et la permanence de l'hellénisme, livre une œuvre qui, par sa somptuosité verbale et lyrique, représente le véritable accomplissement de la génération de 1880. Parallèlement, l'œuvre de Constantin Cavafy, où la Grèce hellénistique devient emblématique de la Grèce de 1922, en proie à la faillite et à la dissolution, inaugure l'expression de la modernité poétique grecque. La publication, en 1929, de l'essai de Gheorghios Theotokas (1906-1966), Esprit libre, en fait le porte-parole de la génération de 1930 : les objectifs assignés par Theotokas sont le dépassement du démoticisme, l'ouverture de la Grèce à la modernité poétique et romanesque (représentée par la littérature européenne de Baudelaire à Mallarmé). Cependant, secouée par les circonstances historiques (dictature de Ioannis Metaxas de 1936 à 1941, Seconde Guerre mondiale, guerre civile de 1946 à 1949), cette génération demeure sacrifiée, et ses principaux représentants, Georges Séféris, Elytis et Yannis Ritsos, ne donneront le meilleur de leur œuvre qu'après 1950. Georges Séféris (prix Nobel 1963) est celui qui a le mieux exprimé, grâce à une technique acquise à l'école de la France et de l'Angleterre et grâce à une thématique ancrée dans la tradition, le « chagrin de la grécité «. Andhréas Embirikos (1901-1975), Nikos Engonopoulos (né en 1910), Nikos Gatsos (né en 1915), et Elytis à ses débuts se mettent à l'école du surréalisme français, tandis qu'à leurs côtés Stratis Doukas (1895-1983), Stratis Myrivilis (1890-1969), Cosmas Politis (1893-1974) ou Ilias Venezis (1904-1973) privilégient l'histoire et consacrent leurs romans à l'évocation du drame des réfugiés d'Asie Mineure. Toutefois, c'est la génération de 1950, la « génération de la défaite «, témoin de la guerre civile et de la Seconde Guerre mondiale, qui réalise les objectifs fixés par Theotokas. Directement touchés par les événements, Georges Thémélis (1900-1976), Nikiforos Vrettacos (né en 1911), Sinopoulos (1917-1981), Manolis Anagnostakis, (né en 1925), Titos Patrikios (né en 1928) témoignent dans leur poésie d'une volonté de résistance face à l'oppression politique, et d'une foi dans la dignité humaine et dans la liberté de la parole. L'après-guerre est l'âge d'or du roman : alors que Nikos Kazantzakis, hanté d'incertitudes et de contradictions, écrit les romans qui le rendent aussitôt célèbre, Stratis Tsirkas (1911-1981) avec Cités à la dérive (1960-1965), Costas Taktsis (né en 1927) avec le Troisième Anneau (1962), et Vassilis Vassilikos (né en 1934) avec Z (1966), donnent les romans les plus novateurs de l'après-guerre en empruntant la technique narrative du roman américain et en se consacrant à l'analyse des réalités sociales de leur pays. Né après la guerre, le théâtre grec moderne doit sa création à Karolos Coun (né en 1908), qui fonde le Théâtre d'art d'Athènes et qui, par ses mises en scène d'œuvres classiques et modernes révèle des auteurs aujourd'hui confirmés : I. Cambanellis, G. Skourtis, M. Libéraki.
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