Groulx, Lionel
Publié le 23/02/2013
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Groulx, Lionel (1878-1967), historien, prêtre et leader nationaliste québécois.
Professeur de littérature et d’histoire au collège de Valleyfield de 1900 à 1915 — période interrompue pendant trois ans pour des études en théologie et en linguistique en Europe —, il devient ensuite titulaire de la première chaire d’histoire de l’université de Montréal. Il cédera son poste en 1948 à l’historien Maurice Séguin, véritable maître à penser d’une nouvelle génération d’intellectuels québécois. Parallèlement à son enseignement, Groulx est un homme d’action. Après avoir créé l’Association catholique de la jeunesse canadienne-française qui diffuse des idéaux religieux et sociaux, il publie, de 1920 à 1928, une revue mensuelle l’Action française dans laquelle il se soucie de la survivance du catholicisme et du français. Sans aller jusqu’à l’idée d’indépendance pour le Québec — peut-être plus tard, dira-t-il —, il rêve toutefois d’autonomie. La crise économique de 1929 l’entraîne dans un mouvement franchement nationaliste, l’Action nationale. Sans répit, il cherche à éveiller ses compatriotes, les engageant à se défendre, à lutter pour leurs droits. Physiquement fragile, mais débordant d’énergie, il multiplie les travaux de recherches malgré le manque de moyens. Écrivain prolifique, il publie de nombreux essais et se lance dans le roman (l’Appel de la race, 1922), avec lequel il veut donner une plus large audience à ses théories sur la nation canadienne-française. Avant d’être historien, Groulx est avant tout écrivain et sait construire une intrigue. Mais pour autant le succès ne lui a pas toujours été garanti, les lecteurs ayant pu parfois se sentir manipulés. Choqué par l’indifférence de la bourgeoisie pour la question nationale, Groulx dérange probablement lui-même par ses romans à thèse. Il a plus de succès avec Notre maître le passé, et surtout avec la deuxième série (1937). « Faire de l’histoire, écrit-il, c’est travailler à l’émergence de la conscience nationale. « Il dérange, mais il est lu. Il publie alternativement des essais et des études. Pour les jeunes, il prépare Une croisade d’adolescents (1912), Orientations (1935), puis Directives (1937). Pour le grand public auquel il veut rappeler le passé, il écrit entre autres Lendemains de conquête (1920), l’Enseignement français au Canada (tome I, 1931, tome II, 1933), la Découverte du Canada (1934) et, surtout, en quatre tomes (1950-1952), Histoire du Canada français depuis la découverte, puis Notre grande aventure (1958) et le Canada français missionnaire (1962).
Si ses ouvrages ont vieilli, Groulx a su du moins en choisir les sujets et les traiter avec toute la maîtrise que lui ont donnée de nombreuses années de réflexion et de travail. À côté de son enseignement, d’innombrables articles et conférences, Groulx a créé en 1946 l’Institut d’histoire de l’Amérique française qui donne naissance l’année suivante à la Revue d’histoire de l’Amérique française. L’influence de Groulx a été considérable. Mais ses disciples les plus convaincus sont rarement des historiens. Ces derniers ont vite pris leurs distances avec une histoire aussi nettement engagée. Les adversaires du nationalisme québécois ont voulu, à tort, voir en Groulx le responsable principal de l’actuel mouvement souverainiste québécois. Aujourd’hui, Groulx reste un historien respecté, mais controversé. Son œuvre est monumentale et son Institut est devenu le lieu de rencontre des professionnels de l’histoire de l’Amérique française.
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