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harkis

Publié le 05/04/2013

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1   PRÉSENTATION

harkis, soldats indigènes d'Algérie qui ont servi dans une milice supplétive (une harka) aux côtés de l'armée française durant la guerre d'Algérie.

2   LE CHOIX DE LA FRANCE

Enrôlés dans l'armée française, principalement à partir de 1958 — contre l'avis du général de Gaulle, mais sous l'impulsion des militaires et du Premier ministre, Michel Debré, qui voient là un moyen d'engager la population musulmane contre le Front de libération nationale (FLN) — les harkis sont environ 250 000 à la veille de l'indépendance. Toutefois le terme de harkis recouvre plusieurs réalités différentes. En effet, aux côtés des harkis proprement dits, supplétifs de l'armée française, essentiellement employés dans les campagnes pour la défense des villages, on dénombre également des musulmans appartenant aux moghazanis (police locale) ou aux GMS (police mobile) voire même au contingent ou aux cadres de l'armée. Certains d'entre eux, hostiles au FLN, se sont engagés par conviction, mais la plupart, d'origine paysanne et très pauvres, ont rejoint l'armée française attirés par la solde ou sous la pression de l'enrôlement. La signature des accords d'Évian et l'accession à l'indépendance de l'Algérie au printemps 1962 les livrent à la vindicte de l'Armée de libération nationale (ALN), la branche militaire du FLN, alors que l'armée française les a désarmés à la fin du conflit. Entre 30 000 et 150 000 d'entre eux, selon les différentes estimations, sont assassinés pendant l'été 1962.

3   UNE INTÉGRATION PROBLÉMATIQUE

Les harkis qui échappent aux représailles tentent de gagner la France, malgré les efforts du ministre des Affaires algériennes, Louis Joxe, pour tenter de limiter au maximum les départs. Accompagnés de leurs familles, 20 000 d'entre eux, soit environ 55 000 personnes au total, parviennent à fuir vers la métropole. Ils sont installés à leur arrivée dans d'anciens camps militaires, comme à Saint-Maurice-l'Ardoise, à Bias, à Rivesaltes ou sur le Larzac, puis, plus tard, dans des hameaux forestiers et dans des banlieues.

Mais l'intégration se fait mal, faute sans doute d'une réelle volonté politique et de moyens financiers. Marginalisés, les harkis sont particulièrement touchés par la pauvreté, le chômage et l'échec scolaire. Un rapport officiel publié en 1991 dénombre ainsi 80 p. 100 de sans-emploi et un taux d'échec à l'école atteignant les 40 p. 100, y compris parmi les jeunes des deuxième et troisième générations.

4   LA LUTTE POUR UNE CERTAINE RECONNAISSANCE

Au milieu des années quatre-vingt, les fils de harkis commencent à exprimer leur révolte, comme en témoignent notamment les troubles survenus dans plusieurs banlieues de villes du sud de la France. En 1997, sept fils de harkis entreprennent une grève de la faim devant les Invalides et réclament « la reconnaissance de la Nation envers ceux qui l'ont fidèlement servie «, le « droit à une vie décente et dans la sécurité «, « un emploi pour tous « et « une juste et équitable indemnisation pour les biens spoliés en Algérie «. Mais rejetés par les Algériens, incompris par l'opinion publique française qui les assimile à la population maghrébine, les harkis et leurs enfants demeurent en quête d'une reconnaissance de la part de la France.

Dans cette optique, neuf particuliers et le Comité national de liaison des harkis se constituent partie civile et déposent en août 2001, auprès du tribunal de grande instance de Paris, une plainte contre X pour « crimes contre l'humanité « et « complicité de crimes contre l’humanité «. Les plaignants accusent la France de les avoir abandonnés sciemment aux représailles du FLN au lendemain des accords d’Évian. Par cette démarche, ils espèrent que leur histoire sera dite et que des réparations pour ce qu’ils ont subi pourront être annoncées. Mais leur plainte se heurte à deux éléments : d’une part une loi d’amnistie générale de 1968 pour tous les crimes commis pendant la guerre d’Algérie et d’autre part la jurisprudence de la Cour de cassation selon laquelle la notion de crime contre l’humanité ne s’applique que pour des faits postérieurs à 1994 ou pour ceux commis pendant la Seconde Guerre mondiale par les puissances de l’Axe.

Toutefois, le 25 septembre 2001, une première et unique « Journée d’hommage national aux harkis « est organisée dans toute la France. Elle marque la reconnaissance officielle de l’histoire des harkis. Le président de la République inaugure ainsi une plaque dans la cour d’honneur des Invalides qui proclame : « La République française témoigne de sa reconnaissance envers les rapatriés anciens membres des formations supplétives et assimilés ou victimes de la captivité en Algérie pour les sacrifices qu’ils ont consentis «. (art. 1 de la loi du 11 juin 1994).

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