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Hésiode : THÉOGONIE - Chant V

Publié le 17/03/2010

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C'est à cela qu'il se fie pour être, sur les mortels comme [sur les immortels, maître et seigneur. Quant à Japet, ce fut une Jeune fille, une Océanine aux belles chevilles, l'illustre Clymène, qu'il emmena chez lui. Il montait au même lit et elle, elle lui donna pour fils Atlas, plein d'esprit de puissance. Elle enfantait encore le plus que glorieux Ménoïtios, ainsi [que Prométhée Pense-d'Abord, toujours divers, à l'idée ondoyante, et avec lui, esprit qui [passe à côté de sa cible, Épiméthée, Pense Après. Celui-là, dès le commencement, fut un malheur pour les [hommes mangeurs de pain : c'est lui, aux premiers temps, quand elle fut modelée, qui accepta de Zeus pour femme la vierge que l'on sait. L'insolent Ménoïtios, Zeus au vaste regard l'envoya dans l'Érèbe obscur, d'un trait de sa foudre fumante en raison de sa folle présomption et de son courage plus que redoutable. Atlas, lui, soutient le vaste ciel, pliant sous la puissante contrainte, aux confins de la terre, face aux Nymphes du Soir, les Hespérides aux voix sonores, debout, de sa tête et de ses bras infatigables : c'est le lot que lui a imparti Zeus maître de l'idée. Et il lia d'infrangibles entraves Prométhée au vouloir toujours divers, de liens douloureux (il fit passer une colonne en leur milieu). Et sur lui il lâcha aussi un aigle aux longues ailes ­ et l'aigle mangeait le foie immortel, mais celui-ci s'accroissait d'une quantité en tout point égale, pendant la nuit, à ce que, durant le jour, mangeait l'oiseau aux longues ailes. Celui-là, le vaillant fils d'Alcmène aux belles chevilles, Hèraclès, le tua ­ et, en écartant par sa vaillance cette mauvaise peste du fils de Japet, il le délivra de ce qui tourmentait son cœur : ce ne fut pas contre le gré de Zeus, l'Olympien souverain des hauteurs, c'était pour que la gloire d'Hèraclès né de Thèbes fût encore plus grande qu'avant sur le sol nourricier. Ces honneurs, c'était, on le voit, en témoignage de respect [qu'il les accordait à son fils remarquable : en dépit de sa rage, il mit un terme à la colère qu'il éprouvait jusque-là parce que les vouloirs de Prométhée entraient en lutte avec [les siens ­ ceux du fils de Cronos plus qu'ardent. Il faut dire qu'au jour où se réglaient les différends entre dieux et humains, à Mècônè, ce jour-là, donc, après avoir, d'un grand bœuf, fait de bon cœur les parts, il les disposa devant tous en cherchant à berner l'esprit de Zeus : pour l'un, la viande et les abats riches de graisse ­ mais... il les disposa dans la peau de la bête, enveloppés, cachés dans la panse du bœuf ; pour les autres, les os blancs du bœuf ­ mais...(c'est le savoir-faire rusé) il les disposa de belle façon, enveloppés, cachés dans la graisse luisante. Alors le père des hommes et des dieux lui dit : “ Ô fils de Japet, remarquable entre tous les maîtres et seigneurs, quelle partialité, mon bon, dans ta répartition des lots ! ” Ainsi parlait, d'un ton railleur, Zeus qui ne connaît que desseins impérissables. Mais, de son côté, Prométhée aux pensées retorses répliqua, avec un petit sourire et sans oublier le savoir-faire rusé : “ Ô Zeus très glorieux, le plus grand des dieux éternels, mais choisis donc, de ces deux lots, celui que ton cœur, [dans tes entrailles, te dit de prendre ! ” Voilà ce qu'il disait, n'ayant que ruse en tête. Zeus (qui [ne connaît que desseins impérissables) reconnut ­ il fut loin de la méconnaître ! ­ la ruse ; et il prévoyait en lui-même les [maux qui attendaient les humains mortels : ceux qui, justement, allaient se réaliser. Mais, à deux mains, il souleva et prit pour lui la blanche graisse ­ et la rage lui serra les entrailles, la bile de la colère envahit son cœur, quand il vit les os blancs du bœuf (et le savoir-faire rusé). (C'est depuis lors que, pour les immortels, les tribus des humains de la terre font brûler les os blancs, sur les autels odorants.) Alors, ulcéré, Zeus rassembleur de nuages dit à l'autre : “ Ô fils de Japet, qui plus que tous en connais long en matière de desseins, ce n'était donc pas encore pour aujourd'hui, mon bon, ton oubli du savoir-faire rusé ! ” [...] C'est exactement ainsi que, pour les hommes mortels, les femmes sont un mal ; ainsi Zeus qui gronde dans les hauteurs les a faites et partout les suivent œuvres de douleur. Et une seconde fois il a dispensé un mal en contrepartie d'un bien, pour qui, fuyant le mariage et les œuvres de souci des femmes, refuse de se marier et parvient à la vieillesse pernicieuse sans bâton de vieillesse : s'il ne manque certes pas d'avoir de quoi vivre durant sa vie, une fois qu'il est mort, ce qui le faisait vivre se trouve partagé entre parents éloignés. Et, d'un autre côté, qui a pour lot le mariage, s'il a une noble épouse, bien faite pour son cœur, voit, pour lui, tout au long de son existence, le mal balancer le bien sans trêve ; et celui à qui échoit une descendance malfaisante vit toute sa vie avec, dans sa poitrine, une peine dont ne peuvent se défendre ni son être ni son cœur ­ et c'est là un mal sans remède. Ainsi, impossible de tromper à la dérobée l'esprit de Zeus, ni même de le tourner. Car même le fils de Japet, Prométhée le sans-malice n'a pu échapper au poids de Sa colère, au contraire : il plie sous la contrainte ; malgré tout son savoir, un grand lien le retient.

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