Hollande, guerre de

Hollande, guerre de, conflit opposant principalement la France, finalement victorieuse, à la Hollande entre 1672 et 1679.

Les causes de ce conflit furent politiques, économiques et religieuses. D'une part, Louis XIV se trouvait confronté, dans sa politique d'expansion vers les Pays-Bas autrichiens, à l'opposition déterminée de la Hollande en particulier, et des Provinces-Unies en général. D'autre part, les négociants hollandais se trouvaient très hostiles à la politique mercantiliste menée par Colbert et aux tarifs douaniers que celui-ci avait instaurés en 1664 et 1667 ; de plus, des rivalités coloniales nombreuses séparaient les deux États. Enfin, la Hollande faisait figure d'épouvantail à la fois républicain et huguenot pour le monarque français. Celui-ci prépara d'abord, entre 1670 et 1671, l'isolation diplomatique de la Hollande dont se détachèrent, grâce aux efforts d'Hugues de Lionne, l'Angleterre, le Saint Empire et de nombreux princes allemands, à l'exception de l'Électeur du Brandebourg, la Suède.

Lancée au printemps 1672, l'offensive de Condé avec Turenne en couverture fut d'abord brillante ; Louvois fut chargé des négociations. Mais, à La Haye, une révolution massacra le Grand Pensionnaire Jan de Witt (août 1672) et son frère, et rétablit Guillaume d'Orange comme Stathouder ; par ailleurs, l'amiral Ruyter avait empêché le débarquement des Anglais qui se retirèrent du conflit. Guillaume renoua des alliances avec l'Autriche, l'Espagne, confirma celle du Brandebourg en 1673.

A cette époque, Louis XIV se trouva confronté à l'alliance des Habsbourg d'Espagne et d'Autriche soutenus par de nombreux princes allemands et la puissance financière de la Hollande. Il fit jouer des alliances de revers (Pologne, Suède, Hongrie) pour dégager la frontière orientale du royaume menacée par les alliés : entre 1674 et 1677, il fallut les campagnes dramatiques du Palatinat entièrement ravagé et d'Alsace (Turenne, qui remporta la victoire de Turckheim en 1675, puis Condé y maintinrent une certaine suprématie française) pour éviter l'invasion. Philippe de France, frère du roi, contint aussi les alliés au nord du pays (victoire de Cassel, 11 avril 1677). Enfin, sur mer, les Français vainquirent Ruyter à Messine (la Sicile était alliée au royaume de France).

En fait, dès 1676, les pourparlers de paix avaient commencé ; la paix fut signée à Nimègue en août 1678, puis à Saint-Germain et Fontainebleau en novembre 1679, entérinant la victoire française : Louis XIV restituait les villes prises aux Provinces-Unies, mais la frontière du Nord-Est était sérieusement rectifiée, rendant possible l'édification par Vauban de la « ceinture de fer « ; l'annexion des Trois-Évêchés était confirmée « avec toutes leurs dépendances «, ce qui permit ensuite la politique des réunions ; enfin et surtout, la Franche-Comté était définitivement réunie au royaume. Celui-ci, au nord et à l'est, se trouvait enfin débarrassé des enclaves étrangères en France comme des enclaves françaises à l'étranger. La guerre de Hollande, second grand conflit du règne de Louis XIV, valut à celui-ci le titre de « Louis le Grand « décerné par la Ville de Paris.